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Fillette retrouvée morte dans les Vosges : ce que l'on sait de l'enquête après la mise en examen du suspect, un adolescent de 15 ans

Placé en détention provisoire jeudi, le mis-en-examen était déjà poursuivi depuis un an pour "viol sur mineurs" dans une autre affaire.
Article rédigé par Violaine Jaussent - avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
L'entrée de l'immeuble dans lequel le corps inanimé d'une petite fille de 5 ans a été retrouvé, le 25 avril 2023, à Rambervillers (Vosges). (JEROME HUMBRECHT / MAXPPP)

C'est un fait divers qui provoque la sidération à Rambervillers, une petite ville de 5 000 habitants au cœur des Vosges. Le corps "sans vie" d'une fillette de 5 ans a été retrouvé mardi, "dans un sac plastique", a annoncé le procureur d'Epinal (Vosges), Frédéric Nahon, dans un communiqué de presse publié mercredi 26 avril. Le magistrat a également confirmé qu'un adolescent de 15 ans avait été interpellé à son domicile et placé en garde à vue pour meurtre sur mineur.

Le suspect a choisi de garder le silence, a affirmé le procureur lors d'une conférence de presse, jeudi. La mise en examen de l'adolescent a été annoncée dans la soirée, et il a été placé en détention provisoire. Franceinfo résume ce que l'on sait des circonstances de ce drame.

Une disparition signalée mardi en début d'après-midi

Les parents ont fait état de la disparition de leur fille mardi en début d'après-midi. Dans son communiqué, le procureur précise que la mère de la fillette a constaté sa disparition à 14 heures et l'a signalée aux policiers municipaux de Rambervillers vers 15h10. "Ma fille est sortie pour jouer. Elle est allée d'abord au parc, il n'y avait personne, elle est revenue ici, a pris la balle", a expliqué mercredi matin la mère de la petite fille, interrogée devant son domicile par plusieurs médias, dont France 3 Grand Est. "Elle jouait ici dehors et moi j'étais à l'intérieur, j'étais avec [mon autre] petite fille. Après vingt minutes, une demi-heure, je lui ai dit : 'Va voir où est ta sœur'. Elle m'a dit : 'Elle n'est plus là'", a-t-elle relaté, en pleurs. "Ils m'ont enlevé ma vie, je suis détruite", a ajouté cette mère de famille.

"Peu de temps après ce signalement", un adolescent de 15 ans a pris "attache avec les policiers", en leur déclarant "être en présence de la fillette", poursuit le procureur de la République d'Epinal dans son communiqué. Des gendarmes sollicités se sont alors rendus au domicile du jeune homme, situé tout près du domicile familial de l'enfant, selon Frédéric Avy, colonel de gendarmerie. C'est là que les gendarmes ont découvert "le corps sans vie de la fillette dans un sac plastique", précise le procureur. "Les secours sont venus, ils ont essayé de faire des massages cardiaques, mais il n'y avait rien à faire, il était trop tard malheureusement", a par ailleurs expliqué à l'AFP le maire de Rambervillers. "L'autopsie de l'enfant sera réalisée" vendredi matin "à l'institut médico-légal de Nancy", a fait savoir jeudi le procureur d'Epinal.

Un premier contact avec les policiers pour "brouiller les pistes"

Avant de découvrir le corps sans vie de la petite fille, les policiers municipaux et les gendarmes ont procédé à des recherches. A ce moment-là, "un jeune homme s'est approché [d'eux] pour donner des informations, mais qui étaient de fausses informations. Il disait avoir effectivement aperçu une jeune fille à un endroit, à l'opposé de l'endroit où elle a été retrouvée. C'était sans doute pour brouiller les pistes", a relaté le maire de Rambervillers auprès de France Bleu.

Le système de vidéosurveillance de la commune a permis de retracer le parcours de ce jeune homme, qui a finalement été interpellé mardi après-midi. "L'exploitation des caméras" permet de constater que le suspect "a effectivement approché l'enfant" au niveau de l'endroit où elle jouait, a précisé Frédéric Nahon jeudi. Il a "dirigé vers son domicile avec elle sans user de violences physiques sur la voie publique".

Une mise en examen après deux jours de silence

Cet adolescent de 15 ans a été placé en garde à vue pour "meurtre sur un mineur de 15 ans" (comme le prévoit la loi même si la victime est plus jeune). Lors de cette garde à vue, "il a usé de son droit au silence", a précisé jeudi le procureur.

Ce dernier a annoncé dans la soirée la mise en examen du suspect par un juge d'instructions et son placement en détention provisoire, conformément aux demandes du parquet. Agé de moins de 16 ans, l'adolescent est passible de 20 ans de réclusion criminelle et non de la perpétuité en raison de son âge.

Déjà poursuivi dans une autre affaire

Le mineur est déjà mis en examen dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour séquestration, viol et agression sexuelle sur mineur, "pour des faits commis en février 2022", a annoncé le procureur d'Epinal. "Il était âgé de 14 ans au moment de ces premiers faits pour lesquels il est toujours présumé innocent", a-t-il poursuivi. Les faits de viols "ont été commis sur deux garçons" alors âgés d'une dizaine d'années, et "se seraient déroulés dans une forêt à proximité de Rambervillers", a-t-il ajouté.

Frédéric Nahon avait rapporté mercredi que l'adolescent avait été placé sous contrôle judiciaire dans un centre éducatif fermé, "hors du département", jusqu'en février. A cette date, son placement a été levé. C'est la raison pour laquelle "il était revenu au domicile familial avec un suivi par la protection judiciaire de la jeunesse", précise le procureur. "Il était astreint à une activité de jour quotidienne, à une obligation de formation, et de soin (...) pour une problématique sexuelle", a détaillé jeudi le procureur. 

"Il n'y a que quelques semaines qu'il était réapparu sur le territoire de Rambervillers, ce qui inquiétait un peu la police municipale, qui était attentive", a déclaré à l'AFP le maire de Rambervillers. "Il aurait attiré des jeunes enfants pour avoir des gestes sexuels déplacés", a affirmé Jean-Pierre Michel.

Mercredi, la mère de la victime a dénoncé auprès des médias le fait qu'il ait pu se trouver en liberté. La révélation de ce passé judiciaire a aussi fait basculer l'affaire dans le débat politique. Sur BFMTV et RMC, jeudi, le président du RN Jordan Bardella a dénoncé une "faillite de l'État" et une "justice trop laxiste". "Juridiquement, il n'y a pas de défaillance", a assuré la secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance, Charlotte Caubel, qui a parlé à la famille de la victime. "En fonction de l'enquête il faudra en tirer toutes les conséquences", a assuré la Première ministre Elisabeth Borne sur France 2.

Une expertise psychiatrique provisoire conclut à "une altération du discernement"

Contrairement à ce que la mère de la fillette avait sous-entendu mercredi matin face à des journalistes, le suspect n'était pas "enfermé dans un hôpital psychiatrique". Dans le cadre de sa première mise en examen, l'expertise psychiatrique "relevait l'absence de troubles mentaux, mais soulignait l'existence d'une déficience mentale légère", a rappelé jeudi Frédéric Nahon.

Une nouvelle expertise a été réalisée dans le cadre de sa garde à vue mercredi. Le rapport provisoire "conclut à une altération du discernement et à sa dangerosité sur les autres", a expliqué le procureur, selon qui "le mineur n'a toutefois pas tenu de propos délirants".

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