Infanticide : un docu-fiction sur les minutes du procès Courjault
"Parcours meurtrier d’une mère ordinaire : l’affaire Courjault".
_ Le docu-fiction est diffusé ce soir à 20h35 sur France 3, et suivi d’un débat. La ressemblance physique des acteurs (Alix Poisson et Gaëtan Vassart incarnent les époux Courjault), frappante, contribue à faire entrer le téléspectateur dans le procès tel qu’il s’est déroulé. Minute par minute. Si, au final, le mystère reste entier sur les actes et leurs motivations profondes, le docu-fiction permet d’entendre les explications, les interrogations et le grand désarroi de Véronique Courjault, condamnée à huit ans de prison en juin dernier (lire ci-dessous).
La démarche du réalisateur est motivée par la "complexité humaine" de l’accusée : "Véronique n’avait pas un destin de criminelle. C’est donc plus intéressant que de se pencher sur un criminel qui a été tabassé et violé pendant toute son enfance", explique Jean-Xavier de Lestrade, qui avait reçu un Oscar en 2002 pour un documentaire sur une erreur judiciaire aux Etats-Unis. "Il y a une fascination et une répulsion à la fois. Fascination parce qu'elle est comme nous, mais répulsion parce que l'acte commis est inimaginable", ajoute-t-il.
"Je veux essayer de montrer qu'une femme peut accoucher sans que personne le voie. Que cette femme, même si elle a commis ces actes horribles, est d'abord une femme en souffrance. Cette douleur, elle était perceptible au procès. Le public doit avoir accès à cette part de vérité", expliquait le réalisateur au début du tournage, dans la région de Tours, début octobre.
Préserver la sérénité et la dignité des débats
Ce docu-fiction pose aussi le problème de l’interdiction de filmer les audiences. "C'est une manière de dire au ministère de la Justice qu’on est obligé de prendre des comédiens pour relater ce qui s'est passé dans une Cour d'Assises en France en 2009", souligne le réalisateur.
L’interdiction des enregistrements à l’intérieur des salles d’audience, datant de 1954, tient essentiellement à la volonté de préserver la sérénité et la dignité des débats judiciaires. Mais la question revient souvent sur la table, au nom de la transparence. Un rapport remis en 2005 à la Chancellerie préconise de légaliser la captation et la diffusion des débats.
_ En 2008, le Conseil supérieur de la magistrature avait envisagé que les médias audiovisuels puissent accéder aux salles d’audience afin notamment de rétablir la confiance des Français envers la justice. Pour l’heure, aucune suite n’a été donnée.
Gilles Halais, avec agences
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