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Isolé depuis trois mois, La Grave espère beaucoup de Manuel Valls

Le village de La Grave dans les Hautes Alpes déprime. Coupé de sa principale route d'accès à Grenoble depuis trois mois, il attend la visite de Manuel Valls vendredi soir avec beaucoup d'espoir.
Article rédigé par Marie Viennot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Les glaciers de la Meije face au village de La Grave © MaxPPP)

Depuis le 10 avril, le village de La Grave dans les Hautes Alpes est quasiment coupé du monde. Sa principale voix d'accès, la départementale 1091 est fermée car la montagne qui surplombe le tunel d'accès menace de s'effondrer. Les habitants peuvent aller vers Briançon mais l'axe vers Grenoble est inaccessible, or c'est le principal accès pour les milliers de touristes qui d'ordinaire passent par cette route chaque jour. 

Face aux glaciers de la Meije, bien connu des snowboarders et des adeptes du hors piste, les 500 habitants craignent pour l'avenir de leur village : les rues sont désertes, les terrasses vides, les restaurateurs et commerçants déprimés. 

Un système de navettes fluviales avaient été mis en place pour aider les habitants à se rendre sur leur lieu de travail, mais l'imminence de l'éboulement l'a interrompu. Même le sentier qui longe le lac et permettait aux habitants de rejoindre l'autre rive en 40 minutes de marche a été interdit. Du coup, un service d'hélicoptère l'a remplacé. 

La rupture de la montagne est amorcée...

... mais se fait attendre. Le pan de montagne a commencé à glisser mais pas de façon brutale expliquait le préfet de l'Isère Jean-Paul Bonnetain lors d'un point presse le 5 juillet. "Les modèles confirment que la rupture est engagée depuis samedi 17 Heures. Sous le hameau des Aymes, le décrochage est de 2 mètres par jour, c'est extrêmement actif. Au-delà de ce qu'on constate visuellement, la rupture est activée ".

Le pan de terre qui se détache de la montagne mesure environ 280 mètres de long, 100 mètres de large et 25 mètres d'épaisseur, soit au total 800.000 mètres cubes de schistes, une roche noire assez friable. Deux millions de tonnes de terre vont se déverser dans le lac de Chambon en contre bas, mais les autorités locales estiment que la vague provoquée par cet effondrement ne devrait pas affecter la structure du barrage EDF en aval. 

Tout le village est dans l'attente. Roland Jacob, adjoint au maire de la Grave témoigne de sa détresse, le son des hélicoptères en fond sonore.

"La situation est dramatique, on n'a pas beaucoup de perspective pour le moment" reconnaît Roland Jacob
"Nous avons installé à grand frais un pont aérien qui transporte cinq personnes et fait des rotations toutes les cinq minutes pour nos travailleurs" dit-il. "C'est horriblement cher, les financements ne sont pas du tout assurés, on se bat avec le département, la région, l'Etat, à coup de 4.000 euros par jour" continue l'élu Les habitants sont "prostrés ", décrit Roland Jacob, "l'époque de la colère est passée, c'est un phénomène géologique, les gens sont fatalistes ". Sa demande à Manuel Valls est précise. 

"On revendique l'intervention de l'armée pour hâter le glissement de terrain et ne pas attendre dame Montagne, qui interviendra d'ici un an, deux ans, cinq ans ". 

Manuel Valls attendu de pied ferme

Les habitants réunis en collectif réclamaient un geste fort de l'Etat, la venue de Manuel Valls les réjouit. 

"On se réjouit de sa venue mais j'ose espérer qu'il ne vient pas les mains vides " prévient Sonia Chamoux qui représente le collectif du Chambon. 

"Manuel Valls connait le dossier, on attend des solutions" commente Sonia Chamoux
Les Grenoblois pour qui La Grave était un lieu de tourisme idéal, s'impatientent également, comme l'illustre ce tweet. 

 

 

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