A son procès, Stéphane Plaza se présente en "lâche", "jamais violent", le parquet dénonce un "continuum" de comportements agressifs
L'animateur Stéphane Plaza, jugé pour violences sur deux ex-compagnes, se lève du banc des prévenus et rejoint la barre, jeudi 9 janvier. "Parlez bien dans le micro, on vous entend mal." Une consigne que le président n'aura pas à répéter. Tout au long de son procès, le médiatique agent immobilier s'exprime clairement, d'une "voix forte", comme le relève l'une des magistrates.
Une habitude d'antenne peut-être, ou une volonté de séduire le public. Mais dans le prétoire, ses mots ne sont plus destinés à vendre un bien immobilier ou à capter une audience. Il s'agit, cette fois, de se défendre. L'animateur télé star de M6 est accusé par deux anciennes compagnes de violences conjugales. Il encourt une peine maximale de dix ans d'emprisonnement et jusqu'à 150 000 euros d'amende, selon le parquet de Paris.
Les faits, qui s'étalent de 2018 à 2022, incluent des insultes, des gestes brusques et, selon une des deux plaignantes, une altercation durant laquelle Stéphane Plaza lui a volontairement tordu un doigt. Silencieux depuis les révélations de Mediapart, absent à son premier procès en août 2024, Stéphane Plaza s'est finalement montré volubile pour rejeter en bloc les accusations, jeudi après-midi.
Des propos "humiliants" tenus lors d'un voyage au Maroc
Les débats ont débuté par les accusations de Jade*, rencontrée en 2017. Selon Stéphane Plaza, leur relation a commencé après une rencontre dans sa loge de théâtre, où elle s'est présentée, avec sa mère, pour lui remettre un CV. "On a discuté, je lui ai offert une coupe de champagne, elle a fait un selfie." Ce cliché, envoyé peu après, aurait marqué le début de leurs échanges. Déjà en couple à l'époque, il décrit ces rapports comme "une autre relation". L'animateur embauche également Jade dans une de ses agences en 2019.
Les premiers faits dénoncés remontent à l'été 2018, selon le dossier. Jade affirme qu'après un appel avec sa mère, il lui a asséné un coup de poing à l'épaule qui l'a projetée à terre. "Arrête ton cinéma", lui aurait-il lancé. Le quinquagénaire réfute en bloc : "Je vous le répète droit dans les yeux, il n'y a pas eu de violence." Il assure qu'il dormait au moment des faits.
Jade raconte un deuxième épisode, pendant un voyage au Maroc, au cours duquel elle assure avoir été publiquement humiliée. L'animateur reconnaît une plaisanterie déplacée – "Combien de chameaux m'offrez-vous pour Jade ?" – qu'il qualifie aujourd'hui de "lourde" et "inappropriée". Cependant, il conteste la présence de certains témoins évoqués par Jade.
Le troisième épisode concerne cette fois un colis lancé au visage de Jade en 2020, après une dispute durant laquelle elle dit lui avoir annoncé vouloir mettre fin à leur relation. Stéphane Plaza explique que la tension venait plutôt de sa décision de passer le confinement avec une autre compagne. Il affirme aussi n'avoir jamais jeté le colis.
"Je ne contrôle pas toujours ma force"
L'épisode final, au printemps 2022, est plus complexe. Stéphane Plaza admet un "accident" après avoir confronté Jade à propos du fait que la jeune femme a confirmé sur Instagram sa relation avec l'agent immobilier. Jade accuse son ex-compagnon d'avoir exercé une pression sur sa gorge, au point de l'étouffer. Un geste qu'il aurait accompagné de menaces.
"Elle a mis ses mains en l'air, je les ai écartées", raconte-t-il, en niant l'avoir plaquée contre un mur. "Je ne contrôle pas toujours ma force, je suis dyspraxique", explique l'animateur. Il mime la scène et argue qu'il voulait simplement quitter l'appartement, mais qu'elle se trouvait sur son passage.
"J'avais l'espoir que ça passerait, mais non. J'étais corvéable à merci, je faisais tout pour lui", déclare Jade, qui dit s'être d'abord tue par peur et par attachement à son travail auprès de l'animateur. "Je ne me suis jamais remise des violences physiques", conclut la jeune femme, dont la voix se brise. A la barre, Stéphane Plaza se défend avec force : "Je n'ai jamais été violent. Je suis un pétochard, je suis une flippette, je me cache partout : je suis un lâche !"
Un échange enregistré à l'insu de l'animateur au cœur des débats
Le tribunal se penche ensuite sur les faits rapportés par Eva*, une relation décrite par Stéphane Plaza comme "beaucoup plus courte" que celle entretenue avec Jade. "On s'est peut-être vus dix fois en un an", explique l'animateur, qui évoque une "relation de travail au départ", initiée lors du tournage d'une émission. Peu à peu, l'intimité s'installe : "On était amants, mais il n'y avait pas de vie de couple dans cette relation."
Eva dénonce principalement des violences psychologiques. Le président d'audience revient sur un enregistrement audio, réalisé à l'insu de Stéphane Plaza. Le juge récite les propos tenus : "C'est toi qui as de la chance d'être avec moi, pas l'inverse" ou "Ce n'est pas digne d'une blonde de se foutre des nibards comme ça." Stéphane Plaza conteste la légitimité de cet enregistrement : "On dirait un mauvais Vaudeville !"
Eva décrit un lien qui s'apparentait à "une relation de couple", mentionnant des projets évoqués par Stéphane Plaza, tels que l'adoption de ses enfants ou l'achat d'une maison. Elle affirme l'avoir vu "une trentaine de fois", et non une dizaine. Son avocate évoque des messages dans lesquels elle confie son mal-être : perte d'appétit, isolement, larmes fréquentes. Stéphane Plaza assure ne rien avoir vu de tel : "C'est une fille qui pense plus aux vacances qu'à autre chose, alors que je travaille trop." Il admet avoir dit "Je t'aime", mais ajoute : "J'ai le 'je t'aime' très facile". Je dis ça aussi à ma petite chatte Topaze et à mon chien."
Des réquisitions de dix-huit mois de prison avec sursis et de 10 000 euros d'amende
Le procès de l'animateur s'est achevé à minuit passé dans une ambiance tendue. L'avocat de Jade a qualifié la ligne de défense de l'animateur d'"indécente", disant se sentir "poisseux" face à la stratégie déployée. Pendant sa plaidoirie, assis sur le banc des prévenus, Stéphane Plaza n'hésite pas à manger une salade. "Bon appétit !", lui lance l'avocat de Jade, stupéfait.
"On aurait voulu une audience plus simple, plus sobre et plus digne", a de son côté regretté l'une des avocates d'Eva. Le conseil du prévenu, Carlo Alberto Brusa, a fustigé un dossier sans fondement : "On fait de quelques petits faits quelque chose de monstrueux. Et sans preuves."
Le parquet a requis dix-huit mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende. "On ne dit pas qu'il y a eu des violences tous les jours", a relevé la procureure, mais que Stéphane Plaza a "institué un continuum de violences". "Il faut rappeler aujourd'hui qui est la victime et qui est l'agresseur, ne pas faire du couple une zone de non-droit. Monsieur Plaza a fait un choix : celui de la violence pour imposer sa volonté au sein du couple", a-t-elle insisté. A la fin du procès, Stéphane Plaza a dit vouloir "reprendre sa vie". Le jugement sera rendu le 18 février.
* A la demande de leurs avocats, franceinfo a choisi de préserver l'anonymat des plaignantes.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.