Accident mortel du TGV Est : "C'est dur mais à la fois nécessaire" : les images de la cabine au moment de l'accident projetées lors du procès

Au deuxième jour du procès de l'accident d'Eckwersheim, le tribunal correctionnel de Paris a visionné une vidéo tournée dans la cabine du TGV d’essai lors de la catastrophe.
Article rédigé par franceinfo
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Les secours interviennent sur la rame qui a déraillé près de Strasbourg, le 14 novembre 2015. (FREDERICK FLORIN / AFP)

En cette deuxième journée du procès du plus grave accident de TGV en France, celui d’Eckwersheim, en Alsace, une vidéo tournée dans la cabine du train qui a déraillé le 14 novembre 2015 est projetée devant le tribunal correctionnel de Paris. La SNCF est jugée, aux côtés de deux de ses filiales, et de trois cheminots pour homicides et blessures involontaires. Le bilan de cet accident lors d'un essai de la nouvelle ligne grande vitesse a fait 11 morts et 42 blessés.

La présidente s'adresse d'abord aux victimes et à leurs proches. "Les prochaines minutes, dit-elle, vont être difficiles". Elle conseille à ceux qui le souhaitent de sortir. Les lumières s'éteignent. La salle est plongée dans le huis clos du train lancé à pleine vitesse. Le paysage défile à toute allure. La caméra GoPro fixe l'avant du TGV. On ne voit aucun visage. On entend des voix au loin, alors que domine le bruit sourd d'un TGV lancé à 360 km/h. Et puis ces mots : "On roule trop vite, freine, freine !" L'ordre est donné trop tard. On voit la rame verser, basculer, franchir le talus et se fracasser en plein champ. La caméra fixe toujours l'avant du train. La vitre est brisée.

Et puis des voix paniquées s'élèvent : "Tout le monde est là ? Libère-moi, libère-moi !" et des cris de douleur. Les sept personnes présentes en cabine sont les unes sur les autres. Elles n'arrivent pas à sortir. Elles appellent au secours. Et ces premières questions : "Ça n'a pas freiné. Pourquoi ? On l'a fait je ne sais pas combien de fois, ça n'a pas freiné ! On allait trop vite." Pendant un long moment, les cheminots restent en cabine, incapables de sortir. Dans la salle d'audience, l'ambiance est pesante.

Les victimes et leurs proches présents profondément marqués

Deux hommes sortent de la salle, ils ne supportent pas ces vidéos. Des gens se mettent la tête entre les mains. De nombreuses larmes coulent. Beaucoup revivent ce samedi 14 novembre, alors qu'ils étaient dans le train. Certains ont également perdu des proches. C'est le cas d'Agnès Miannay, grièvement blessée. Elle a perdu son mari : "J'avais l'impression d'être un peu encore avec lui, nos derniers moments ensemble. Pour moi-même qui étais aussi dans le train, c'est dur. C'est dur pour tout le monde en fait, mais c'est à la fois nécessaire, je pense."

"J'ai l'impression d'avoir revécu nos derniers moments."

Agnès Miannay, victime et veuve de victime

à franceinfo

Interrogé plus tôt dans l'après-midi, un gendarme enquêteur raconte cette "scène d'apocalypse", dit-il. Une scène qu'il a découverte, "cette odeur de sang, de brûlé, se rappelle-t-il, ces wagons totalement détruits". Un jour qui l'a profondément marqué dans sa carrière d'enquêteur.

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