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Procès de Francis Heaulme : trois questions sur le témoin surprise

Un témoin de dernière minute laisse entendre, vingt-huit ans après les faits et à trois jours de l'audience, qu'un autre homme serait mêlé au double meurtre de Montigny-lès-Metz.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Francis Heaulme, lors de la reconstitution du double meurtre de Montigny-lès-Metz, le 3 octobre 2006. (  MAXPPP)

Une affaire aux multiples rebondissements. A trois jours du procès de Francis Heaulme, qui comparaît à la cour d'assises de Moselle pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz, un témoin de dernière minute a fait son apparition, indique France Bleu Lorraine, vendredi 28 mars. Vingt-huit ans après la mort de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, tués à coups de pierre le 28 septembre 1986, il laisse entendre qu'un autre homme serait mêlé à cette affaire. Ce nouveau témoignage soulève trois questions.

Qui est ce nouveau témoin ?

Ce nouveau témoin est un retraité de la SNCF, ancien conducteur de train. Il s'était présenté une première fois auprès des enquêteurs, il y un an. Il s'est de nouveau manifesté il y a quelques semaines, après avoir visionné des émissions de télévision consacrées à l'affaire.

Un nouveau témoin s'invite au procès de Francis Heaulme (DOMINIQUE VERDEILHAN et ANTJE STAHLSCHMIDT - FRANCE 2)

Interrogé sur le fait d'avoir attendu tant de temps pour se manifester, il a répondu aux enquêteurs qu'il "n'avait pas la certitude que c'était lui la personne que j'ai désignée sur les photos et que j'ai vu courir le long du train".

Qui met-il en cause ?

Il assure avoir vu, depuis sa locomotive, un homme "costaud et petit", "trapu", portant un t-shirt blanc "taché de sang" courir le long des voies ferrées, à l'heure et à proximité des lieux où ont été retrouvés, le 28 septembre 1986, les corps de Cyril Beining et Alexandre Beckrich.

Selon lui, l'homme qu'il aurait vu ce jour-là ne serait pas Francis Heaulme mais Henri Leclaire, le premier suspect à avoir été placé en garde à vue dans cette affaire. Il aurait réalisé cette ressemblance, "à 90%", entre l'homme aperçu le long des voies le jour du crime et Henri Leclaire en regardant des photos de lui sur internet.

Manutentionnaire d'une société implantée à proximité des voies ferrées, Henri Leclaire avait avoué le double meurtre avant de se rétracter, puis avait été mis hors de cause par un arrêt de la chambre de l'instruction en 2013. Et il est désormais cité en tant que témoin au procès de Francis Heaulme. Il doit d'ailleurs être entendu le 8 avril par la cour, le même jour que ce témoin de dernière minute. Dans un entretien à L'Est républicain, il confie : "Le cauchemar continue (...) Je suis fatigué et usé. Tout ça a gâché ma vie. Je veux juste qu’on me laisse tranquille maintenant."

Son témoignage peut-il peser ?

Les propos de ce témoin inattendu confortent la thèse de Francis Heaulme, déjà condamné à la prison à perpétuité pour neuf meurtres, mais qui se dit innocent dans cette affaire et pour qui le véritable coupable serait Henri Leclaire. Mais les avocats de la partie civile sont, eux, pour le moins dubitatifs face à ce nouveau rebondissement. 

"La crédibilité d'un témoin comme celui-ci est nulle. On ne voit pas comment on peut accorder une crébilité à quelqu'un qui se serait tu au lendemain du jour où on a découvert des enfants à Montigny-lès-Metz, qui se serait également tu lorsqu'on a condamné Patrick Dils, un mineur à l'époque, à la perpétuité", a argué l'avocat d'Henri Leclaire, Me Thomas Hellenbrand.

"Dans les dossiers médiatisés, il y a toujours des témoins de la dernière heure. (...) Intuitivement je n'y crois pas (...) Mais il faut le voir, l'écouter, le cuisiner", a ajouté Me Thierry Moser, l'avocat des parents d'Alexandre Beckrich. "Encore un qui arrive 30 ans après", a également soupiré Me Dominique Boh-Petit, avocate de Gabrielle Beining, la mère de Cyril, l'autre victime. "On en aura encore d'autres des témoins comme ça" durant le procès, pense-t-elle.

Me Dominique Rondu, l'avocat de la grand-mère d'Alexandre, Ginette Beckrich, a jugé lui-aussi ce témoignage "bien tardif", précisant que l'aide conducteur ce jour-là "n'a rien vu" et que son collègue ne lui en a "jamais parlé", ni à lui ni à personne d'autre à la SNCF après le double meurtre.

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