"Air Cocaïne" : le gouvernement nie avoir été au courant de la géolocalisation du portable de Nicolas Sarkozy
L'ancien chef de l'Etat met en cause la justice après l'apparition de son nom dans cette affaire de trafic de drogue. Le gouvernement assure n'avoir pas été informé.
Nicolas Sarkozy est en colère. Comme il l'explique mardi 3 novembre dans Le Parisien, l'ancien président de la République n'accepte pas que son nom ait été associé à l'affaire "Air Cocaïne" et veut savoir "au nom de quoi" son téléphone a pu être géolocalisé par la justice en marge de cette affaire de trafic de drogue transatlantique.
Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale mardi après-midi, le Premier ministre, Manuel Valls, a assuré que le gouvernement n'en avait pas été informé, mais que la chancellerie était bien tenue au courant des principaux développements de l'affaire Air Cocaïne par le parquet général d'Aix-en-Provence.
"Même Pablo Escobar n'a pas été écouté"
"Je veux savoir au nom de quoi un magistrat a pu prendre de telles mesures, pour la seule raison que j'ai voyagé avec la même compagnie d'avions", affirme l'ex-chef de l'Etat. Je veux savoir si un autre client de la compagnie aérienne a été géolocalisé et écouté : y en a-t-il d'autres ou est-ce un traitement qui m'a été réservé ?"
L'ancien locataire de l'Elysée soupçonne des manipulations de la procédure au sommet de l'Etat. "C'est impossible de prendre de telles mesures sans demander l'autorisation du bâtonnier, car je suis avocat : l'ont-ils demandé ? Croyez-vous qu'on géolocalise le chef de l'opposition, qu'on écoute ses conversations au téléphone, tout son entourage, sans que la garde des Sceaux en soit informée ? Je pose la question. Et, si la garde des Sceaux en est informée, elle ne parle pas avec le président de la République ?"
Puis Nicolas Sarkozy, suivant la ligne de défense déjà adoptée par ses proches la veille, se plaint de ne pas bénéficier des mêmes droits que les autres citoyens : "Je n'ai pas plus de droits que les autres, mais je n'en ai pas moins non plus." En marge de cette interview, selon Le Parisien, l'ex-président qualifie l'apparition de son nom dans cette affaire de "grotesque", ajoutant que "même Pablo Escobar [célèbre parrain de la drogue colombien] n'a pas été écouté."
"Trop, c'est trop"
Plusieurs responsables des Républicains ont volé au secours de leur président. "Si un jour vous louez une voiture et que cette entreprise de location de voitures se retrouvait dans une enquête de trafic de stupéfiants, accepteriez-vous que votre portable soit géolocalisé et qu'un juge d'instruction vienne regarder de très près les factures détaillées de votre portable ?" s'est insurgé sur RTL Geoffroy Didier.
"Il y a un moment où trop, c'est trop. On a accusé Nicolas Sarkozy d'avoir abusé d'une personne âgée. On l'accuse maintenant d'être de mèche avec des trafiquants de drogue", proteste Luc Chatel, conseiller politique de Nicolas Sarkozy, en évoquant l'affaire Bettencourt, dans laquelle l'ancien chef de l'Etat a bénéficié d'un non-lieu. "C'est l'affaire de trop", a affirmé Lydia Guirous, porte-parole du parti, en se demandant si "les autres utilisateurs de l'avion" avaient eu droit au même traitement que Nicolas Sarkozy.
Dimanche, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a affirmé que la géolocalisation du portable de Nicolas Sarkozy n'était pas liée à l'enquête sur l'affaire de trafic de drogue, mais à une information judiciaire ouverte à Paris pour abus de biens sociaux autour de trois vols en jet privé de l'ex-président en 2012-2013. Ces vols ont été facturés à la société Lov Group qui appartient à son ami, Stéphane Courbit. L'un de ces vols a été effectué à bord de l'avion incriminé dans l'affaire Air Cocaïne.
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