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Mort de l'ancien ministre Robert Boulin : trois questions sur la réouverture de l'enquête

Le parquet de Versailles a ouvert, jeudi, une information judiciaire, trente-six ans après la découverte du corps de l'ancien ministre du Travail dans un étang de la forêt de Rambouillet. Sa fille assure qu'il s'agit d'un "assassinat politique".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des journalistes filment l'étang au bord duquel le corps de Robert Boulin a été retrouvé, le 30 octobre 1979 dans la forêt de Rambouillet (Yvelines). (MICHEL CLEMENT / AFP)

Le mystère entourant la mort de Robert Boulin, en 1979, va-t-il être levé ? "On va pouvoir progresser sérieusement vers la vérité", espère sa fille, après l'annonce, jeudi 10 septembre, de l'ouverture d'une enquête pour "enlèvement et séquestration".

Francetv info revient, en trois questions, sur ce spectaculaire rebondissement judiciaire, trente-six ans après les faits.

Qui était Robert Boulin ?

Résistant puis avocat, Robert Boulin avait entamé une carrière politique en 1958 en devenant député gaulliste de Gironde. Il avait également été élu maire de Libourne, un an plus tard, et avait été constamment reconduit jusqu'à sa mort. Mais ce sont surtout ses longues fonctions ministérielles, entamées en 1961, qui l'ont fait connaître du grand public. Robert Boulin a ainsi occupé différents postes dans les gouvernements Debré, Pompidou, Couve de Murville, Chaban-Delmas, Messmer et Barre.

Le ministre du Travail Robert Boulin quitte l'Elysée, le 26 septembre 1976, après avoir participé au conseil des ministres. Son corps a été retrouvé trois jours plus tard, dans un étang. (MARCEL BINH / AFP)

Nommé ministre du Travail par ce dernier en 1978, sa popularité avait alors nourri des rumeurs qui le désignaient comme "Premier ministrable" de Valéry Giscard d'Estaing.

Que sait-on des circonstances de sa mort ?

Peu de choses. Le 29 septembre 1979, quittant le ministère du Travail, Robert Boulin dépose des dossiers confidentiels dans son appartement de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), puis part en voiture pour une destination inconnue.

Son corps sera retrouvé le lendemain matin, gisant dans 50 cm d'eau de l'étang du Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines (Yvelines). Officiellement, il se serait suicidé après avoir absorbé des barbituriques.

Pour conclure au suicide, la justice avait notamment retenu les huit lettres envoyées la veille de sa mort par le ministre à des médias et différentes personnalités, dont Jacques Chaban-Delmas, ancien Premier ministre. Robert Boulin y expliquait avoir été affecté par sa mise en cause dans une affaire immobilière à Ramatuelle (Var).

Pourquoi la justice a-t-elle rouvert ce dossier ?

Après deux demandes de réouverture et s’être tournée vers le renseignement américain - la CIA aurait du "matériel" sur les circonstances de la mort de son père, rappelle 20 Minutes -  la fille de l'ancien ministre, Fabienne Boulin-Burgeat, a déposé en mai une plainte pour "arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat". Selon cette dernière, Robert Boulin a été assassiné parce qu'il disposait d'informations sur un financement politique occulte de plusieurs partis.

"Il y a tellement d'invraisemblances, de mensonges, de lacunes dans l'enquête judiciaire qui a été menée jusqu'à maintenant, je crois que si on fait un travail sérieux et qu'on écoute, surtout, tous les témoins (...), on va pouvoir progresser sérieusement vers la vérité", a-t-elle déclaré à l'annonce de la réouverture de l'enquête.

Fabienne Boulin-Burgeat, fille de l'ancien ministre du Travail Robert Boulin, pose à côté de son livre "Le Dormeur du Val", le 25 janvier 2011, à Paris. (PATRICK KOVARIK / AFP)

"Nous avons beaucoup d'actes à solliciter auprès du juge d'instruction. Raisonnablement, il est possible d'établir que Robert Boulin ne s'est pas suicidé. On pourra probablement s'approcher de la vérité et en terminer avec cette histoire de suicide", a commenté l'avocate de la famille, Me Marie Dosé, selon qui "des témoins doivent être entendus".

Dans une lettre fournie à la justice par la fille de Robert Boulin, un témoin se dit ainsi prêt à déposer devant un juge et raconte que "le lundi 29 octobre 1979", alors qu'il quittait "Montfort-L'Amaury pour (se) rendre à Saint-Léger", il avait reconnu dans une Peugeot "Robert Boulin assis à la place du passager avant, deux hommes étant avec lui dans le véhicule, l'un à la place du conducteur, l'autre à l'arrière".

"Ces deux personnes ne se sont jamais manifestées auprès de la justice. Robert Boulin n'avait pas de rendez-vous prévu ce jours là. Cette liberté entravée peu avant sa mort est corroborée par d'autres éléments", avait estimé Me Marie Dosé lors du dépôt de plainte.

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