L'affaire des hormones de croissance devant la justice
Le 2 décembre 1991, les parents d'Yliassyl, 15 ans, atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ), déposent la première plainte contre le traitement aux hormones de croissance. Quelques jours plus tard, leur fils meurt.
Comme Yliassyl, 113 personnes seraient décédées à cause de ce traitement, administré aux adolescents qui souffrent d'importants retards de croissance. 58% des morts sont français.
Le procès qui s'ouvre devant le tribunal correctionnel de Paris est donc d'abord celui du système de prélèvement, de transformation et de distribution français. L'enquête révèle de graves dysfonctionnements, des fraudes et des négligences tout au long de la chaîne.
Les prélèvements d'hormones à partir de cadavres humains - dites extractives - ont débuté dans les années 60, et ils ont cessé en 1988, avec l'apparition d'hormones de croissance synthétiques. Mais toutes les victimes ont été contaminées par la MJC, forme humaine de la maladie de la vache folle, entre 1983 et 1985.
Tous les lots contaminés ont été produits par l'association France Hypophyse. C'est cette association loi 1901 qui assure la collecte et la distribution des hormones. La transformation, elle, est assurée par l'Institut Pasteur.
Des responsables de ces deux structures se retrouvent donc devant la justice. L'ex-président de France hypophyse, Jean-Claude Job, 85 ans et Fernand Dray, professeur de pharmacie à l'Institut Pasteur. Tous deux sont âgés de 85 ans. Sont également prévenus, deux ex-directeurs de la pharmacie centrale des Hôpitaux de Paris, Henri Cerceau et Marc Mollet; Jacques Dangoumau, ancien directeur de la pharmacie et du médicament au ministère de la Santé; Elisabeth Munier, ex-coordinatrice des médecins collecteurs, et Micheline Gourmelen, un médecin prescripteur. Ils risquent jusqu'à quatre ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
En face d'eux, plus de 150 proches des victimes se sont portés parties civiles.
Grégoire Lecalot, avec agences
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