Le dernier procès d'Yvan Colonna
A défaut de nouveautés, la défense d'Yvan Colonna compte s'appuyer sur les failles du dossier, et notamment l'absence de reconstitution de l'assassinat du préfet de Corse, Claude Erignac, le 6 février 1998 à Ajaccio, pour prouver l'innocence de son client. ''On a une position intransigeante sur la reconstitution'', a déclaré l'un des avocats du ''berger de Cargèse'', Me Pascal Garbarini.
Les cinq conseils, Me Patrick Maisonneuve ayant rejoint le groupe de défenseurs, vont donc réclamer dès l'ouverture du procès un déplacement de tous les protagonistes, témoins, membres du commando, experts, magistrats et avocats, en Corse pour que le crime reproché à leur client soit reconstitué dans son intégralité. ''La Cour européenne des Droits de l'Homme est très vigilante sur ce point'', assure Me Garbarini rappelant qu'il y a des ''témoins oculaires du crime qui n'ont pas reconnu Yvan Colonna''.
Claude Erignac a été tué de trois balles dans la tête le 6 février 1998 en allant au théatre à Ajaccio. Six hommes ont déjà été condamnés en 2003 à des peines allant de 15 ans de réclusion à la perpétuité pour Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, qui auraient accompagné Yvan Colonna lorsqu'il a tiré.
Quatre ans de cavale
Arrêté en juillet 2003 dans le maquis corse après plus de quatre ans de fuite, l'accusé, âgé de 48 ans, est mis en cause sur le fondement des déclarations initiales de certains de ces condamnés et de certaines de leurs épouses. Ces déclarations accusatrices ont été rétractées après l'arrestation d'Yvan Colonna et les condamnés ont réaffirmé au premier procès du berger en 2007 qu'il était étranger à l'affaire, en des termes ambigus.
Ce dernier a été ''briefé'' par sa défense pour apparaître plus ''spontané'' et ''plus réactif'' au cours de cette audience programmée pour une durée de cinq semaines. Les silences de l'accusé lors du passage des témoins pendant son premier procès, souvent rompus le lendemain par une analyse détaillée et systématique des faits de la veille, avaient fait mauvaise impression sur les jurés et la partie civile.
La veuve de Claude Erignac et ses enfants, qui vont assister au quatrième procès consacré à ce dossier, n'ont aucun doute sur l'identité de son assassin. ''Oui, je suis persuadée de la culpabilité d'Yvan Colonna et je trouverais normal et courageux que M. Colonna dise pourquoi il a assassiné mon mari. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas de réponse'', a déclaré Dominique Erignac, onze ans jour pour jour après la mort de son mari.
Caroline Caldier avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.