Le procès Fourniret dans l'attente : va-t-il parler ?
Après sept semaines d’audience au cours desquelles l’"ogre des Ardennes" s’était emmuré dans un profond mutisme, le procès reprend cet après-midi avec de nouvelles perspectives. Michel Fourniret ayant donné sa parole, mercredi dernier, qu’il répondrait désormais aux questions sur les faits.
Malgré l’heure tardive de ce revirement, juste avant le long week-end, il a déjà eu le temps de s’en prendre à son épouse et complice présumée, fustigeant "la malhonnêteté de cette bonne femme". Laissant entendre qu’elle cachait la vérité depuis le début du procès, où elle a minimisé sa participation aux crimes, usant sans cesse de l’argument de la femme soumise.
"Lève-toi et dis ce que tu sais ! ", lui a lancé Fourniret, ajoutant ensuite : "mon courroux est là, et il est installé pour suffisamment de temps pour qu’il ne se dissolve pas. Le moment venu, il saura bien se réveiller".
Cette phrase sonnant comme une menace, suggère surtout aux avocats des parties civiles qu’une nouvelle phase du procès est désormais ouverte. On pourrait en apprendre plus long sur le degré de participation de Monique Olivier, et peut-être plus si jamais elle se défend et le charge à son tour. De ces échanges de plus en plus violents, dans le box, entre les deux accusés, pourrait émerger une nouvelle part de vérité sur le parcours macabre des époux Fourniret.
Partenaire active ou consentante ?
Parmi les zones d’ombre, l’attitude de Monique Olivier lors du viol et du meurtre d’Isabelle Laville en 1987. L’avocat rémois Gérard Chemla ne croit pas à la version de l’accusée selon laquelle elle aurait pratiqué une fellation à son mari de manière à le "mettre en condition" pour le viol, avant de le laisser seul avec la victime et de se désintéresser de tout jusqu’au moment d’aller se débarrasser du corps. Pour lui, Monique Olivier "a assisté au meurtre".
Michel Fourniret a reconnu les sept meurtres aggravés de jeunes filles pour lesquels il comparaît. En revanche, il nie farouchement toute implication dans trois autres dossiers : deux assassinats de jeunes femmes pour lesquels il a été mis en examen, et la disparition d’Estelle Mouzin en région parisienne en janvier 2003.
Quant à Monique Olivier, elle est accusée d’avoir commis avec son mari l’un des sept meurtres – ce qu’elle a nié à l’audience – et de complicité dans plusieurs des autres dossiers.
Les débats des prochains jours risquent bien de changer la physionomie du procès, qui devrait s’achever à la fin de la semaine prochaine.
Gilles Halais avec agences
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