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Magistrats mobilisés : les tribunaux tournent au ralenti

Les magistrats se réunissent en assemblée générale aujourd'hui, dans chaque juridiction ou presque, à tour de rôle. Sur 200 tribunaux français, 150 auraient déjà ou seraient en passe de renvoyer systématiquement toutes les affaires non urgentes. _ Après les attaques de Nicolas Sarkozy contre les magistrats nantais dans l'affaire Laetitia, le mouvement de protestation fait tache d'huile dans une profession peu habituée à de telles démonstrations publiques. Même les procureurs généraux montent au créneau pour dénoncer "l'insuffisance critique de moyens" de la justice. _ Réponse de l'exécutif : une réunion est prévue à 16h à Matignon entre François Fillon, Michel Mercier et Brice Hortefeux.
Article rédigé par franceinfo
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Le mouvement est parti de Nantes, où le cas Tony Meilhon devait être suivi. Après que le président de la République a pointé des "dysfonctionnements graves" jeudi dernier, les magistrats nantais ont immédiatement interrompu les audiences, et l'USM (Union syndicale de la magistrature) a lancé un appel "à la suspension des audiences partout en France jusqu'au mouvement national prévu jeudi", à savoir une grande manifestation à Nantes.

Déjà seize tribunaux (dont Rennes, Brest, Auxerre, Quimper,
Bayonne, Besançon, Basse-Terre), selon l'USM, avaient décidé dès vendredi de renvoyer toutes les affaires non urgentes à une date ultérieure. Ce lundi, ils ont été rejoints par les juges de Bordeaux, Lyon, Grenoble, Saint-Etienne, Le Havre ou Boulogne-sur-Mer qui ont tenu aussi une assemblée générale pour décider des actions à
mener.
_ Une centaine d'AG sont prévues d'ici la fin de la semaine, signe d'une
"mobilisation sans précédent", estime Virginie Valton, vice-présidente de
l'Union syndicale des magistrats (USM). Et certains palais de justice avant de décider quoi que ce soit ont déjà commencé à ralentir leur activité, comme à Mulhouse, Colmar, Strasbourg ou Saverne.

Des reports, ralentissements, et bientôt peut-être le blocage intégral des tribunaux. Outre l'appel de l'USM, le Syndicat de la Magistrature (plus à gauche) a appelé lui à la grève jeudi et
vendredi et déposé un préavis d'arrêt de travail de cinq jours à partir de
jeudi, une démarche inédite dans la magistrature qui n'a pas le droit de grève.

Même les procureurs prennent la parole

Le premier Philippe Bilger, avocat général parisien, jadis proche du chef de l'Etat, ne décolère pas sur son blog et réclame le "respect !"

La conférence nationale des procureurs généraux, dans un communiqué, a regretté que la responsabilité de magistrats et fonctionnaires ait été "publiquement et
immédiatement affirmée" par Nicolas Sarkozy "avant même la publication du résultat des inspections en
cours".

Elle a également souligné "l'insuffisance
critique de moyens" dans de nombreuses juridictions, parallèlement à "l'accroissement constant des charges résultant de
l'augmentation du nombre d'affaires à traiter, l'exigence de performances
plus quantitatives que qualitatives et de réformes législatives ininterrompues
et complexes, voire divergentes, en particulier en matière d'exécution et
d'application des peines".

Réunion au sommet

Conséquence directe de ce mouvement inédit : une réunion est prévue à 16h ce lundi à Matignon entre François Fillon, le Premier ministre, Michel Mercier, à la Justice et Brice Hortefeux, à l'Intérieur.

Cécile Quéguiner, avec agences

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