Chef d'entreprise du BTP tué en Corse : "il était attendu"
L'homme a été abattu dans une station-service, dans le village de Cervione (Haute-Corse). C'est le dix-huitième meurtre perpétré depuis le début de l'année sur l'île.
ASSASSINATS EN CORSE – Le macabre décompte se poursuit en Corse. Mardi 20 novembre, le dix-huitième meurtre depuis le début de l'année a été perpétré dans l'île de Beauté. Un chef d'entreprise du BTP a été abattu par balles à Cervione (Haute-Corse), rapporte une source proche de l'enquête citée par l'Agence France Presse et nos confrères de France 3 Corse.
Les faits : la victime "attendue" par plusieurs tireurs
"Plusieurs personnes cagoulées, armées d'armes longues, l'ont bloqué et ont fait feu sur lui à plusieurs reprises." Selon le procureur de la République à Bastia, Dominique Alzéari, la victime, Victor Ribeiro, 45 ans, "était attendu. C'est manifestement un assassinat", a-t-il souligné. La victime a été atteinte de plusieurs décharges de chevrotines à la tête et au thorax, alors qu'il se trouvait dans sa voiture, près d'une station-service de la commune de Cervione-Prunete.
Il venait de regagner son véhicule, après avoir déjeuné dans un restaurant du bord de mer avec son épouse et son fils, quand il a été pris pour cible, sous les yeux de ses proches qui se trouvaient dans un second véhicule.
Selon une source proche de l'enquête, l'entrepreneur avait travaillé sur plusieurs chantiers avec un ancien militant nationaliste reconverti dans l'immobilier, Charles-Philippe Paoli. Cet homme avait lui-même été assassiné le 29 juin 2011 à Folelli (Haute-Corse), également sur la côte orientale, au sud de Bastia.
Le contexte : des réglements de comptes en série
Depuis le début de l'année, la Corse semble s'enfoncer au fil des mois dans une spirale de la violence inédite, marquée par la mort de notables de l'île. Ce nouvel homicide intervient deux jours après les obsèques à Ajaccio de Jacques Nacer, 49 ans, tué dans son magasin mercredi dernier par un homme seul qui est parvenu à s'enfuir.
"En Corse, les professionnels de l'immobilier, les notaires, les responsables des cercles de jeux se singularisent par leurs très faibles contributions en matière de déclarations, et pourtant les infractions qui sont identifiées par Tracfin révèlent un lien entre ces secteurs et la criminalité organisée", avait déclaré le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, interrogé sur RTL sur ces violences. Accompagné de la garde des Sceaux, Christiane Taubira, il s'était rendu en urgence sur l'île de beauté.
D'après les informations de nos confrères de France 2, les enquêteurs n'auraient pas établi de lien entre ce nouvel homicide et les meurtres du président de la Chambre de commerce et d'industrie de Corse-du-Sud, Jacques Nacer, et de l'avocat Antoine Sollacaro, perpétrés récemment sur l'île.
La réaction : "stupeur" de la garde des Sceaux
La ministre de la Justice a exprimé sa "stupeur" et réaffirmé, dans un communiqué, "la volonté du gouvernement à faire rétablir le respect des personnes et l'état de droit en Corse", devenue la région la plus criminogène d'Europe, compte tenu de sa population de 310 000 habitants.
Le gouvernement avait annoncé le renforcement du dispositif de sécurité en Corse depuis l'assassinat, le 16 octobre, de l'avocat Antoine Sollacaro, 63 ans. Cet ancien bâtonnier d'Ajaccio, proche des nationalistes, avait été tué au volant de sa voiture, lui aussi dans une station-service, à Ajaccio.
L'assassinat de Victor Ribeiro intervient alors que le nouveau directeur régional de la police judiciaire, Philippe Chadrys, a pris ses fonctions lundi à Ajaccio. Il officiait auparavant à la sous-direction antiterroriste, où il dirigeait la division de la logistique opérationnelle.
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