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Tensions sur les réseaux sociaux après la mort de Clément Méric

Près de cinq jours après le décès du militant d'extrême gauche, la bataille entre "antifa" et extrême droite se poursuit sur internet.

Article rédigé par Michael Bloch
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran Facebook de la page d'hommage à Clément Méric piratée. En médaillon, la photo de François Noguier, un étudiant tué le 4 juin. (DR)

Quatre jours après la mort de Clément Méric, militant d’extrême gauche, tué lors d'une rixe avec des skinheads, les esprits ne s'apaisent pas. Ces derniers jours, un faux compte Twitter de Clément Méric a été créé, une page Facebook rendant hommage au militant "antifa" a été piratée et des milliers de personnes ont "aimé" la page d'Esteban, auteur présumé du coup de poing mortel contre Clément Méric, le 5 juin.

Le faux compte Twitter

"Mal au crâne." C'est un des tweets, censé être "humoristique", qu'a envoyés durant le week-end un faux Clément Méric (@ClementmericAF). Ce compte a, depuis, été supprimé. Ces messages avaient scandalisé de nombreuses personnes sur le réseau social.

 

Ces blagues de mauvais goût n'ont pas échappé à la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Elle a conseillé le 10 juin à la famille "d'intenter une action en justice pour faire cesser cela", rappelant que "le fait d'usurper l'identité de quelqu'un, y compris sur le web, est passible d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende".

Sur Facebook, une page d'hommage piratée...

Sur Facebook, une page rendant hommage à Clément Méric a été piratée samedi 8 juin, raconte Le Parisien. La page avait été "aimée" par près de de 57 000 personnes. A la place de la photo de Clément Méric apparaissait l'image de François Noguier, un étudiant des Arts et Métiers de Châlons-en-Champagne, victime le 4 juin d'une agression mortelle lors d'une soirée"Tous les jours, des Français de souche sont tués dans l'indifférence", écrivaient les hackers, en référence à la mort de François Noguier. Dans un hashtag, la page renvoyait également au blog d'extrême droite Fdesouche.

"Très actifs sur le web, sur leurs sites respectifs ou via Fdesouche et Novopress, ces extrémistes de droite (et non pas des "ultras", comme les nomment certains) ont trouvé un nouvel espace d'expression et une nouvelle audience grâce à Twitter et Facebook", précise ainsi le blogueur et bon connaisseur de l'extrême droite Guy Birenbaum, sur le Huffington Post.

... et une page de soutien au skinhead arrêté

Esteban, sympathisant des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) et auteur présumé du coup de poing mortel contre Clément Méric, a le droit lui aussi à sa page de soutien sur Facebook, "likée" par plus de 7 000 personnes. La page renvoie également à une page de soutien qui permet d'effectuer des dons.

Comme le notait Arrêt sur images dès 2008, l'extrême droite a "investi" internet, parfois même encouragée par le Front national (qui a, de son côté, fermement condamné l'agression de Clément Méric). Dans un argumentaire diffusé en 2004, le parti frontiste conseillait, par exemple, à ses militants de nourrir les sites internet de commentaires. "Ils permettent de 'prendre la température' de la population sans le filtre des médias et constituent un bon vecteur de diffusion de nos idées", se félicitait le Front national.

Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, l'extrême droite a trouvé une caisse de résonance encore plus grande, d'autant qu'il est très difficile de sanctionner les dérapages sur Twitter ou de condamner les auteurs d'un compte parodique sur le réseau social, comme l'explique Arrêt sur images.

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