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Tuerie de Chevaline : près de dix ans après le quadruple meurtre, où en est l'enquête ?

Un homme a été placé en garde à vue mercredi dans l'enquête sur le quadruple meurtre survenu en septembre 2012 en Haute-Savoie, jamais élucidé.

Article rédigé par Violaine Jaussent - avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'entrée du village de Chevaline (Haute-Savoie), le 18 février 2014. (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

Un rebondissement dans une énigme judiciaire. Un homme a été placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur la tuerie de Chevaline en 2012, a annoncé le parquet d'Annecy, mercredi 12 janvier. Il s'agit d'un motard vu près des lieux des crimes, qui avait déjà été interrogé et mis hors de cause en 2015, selon son avocat.

Rappel des faits : le 5 septembre 2012, en milieu d'après-midi, dans la petite commune de Haute-Savoie qui a donné son nom à l'affaire, un cycliste amateur découvre sur un parking isolé trois membres d'une famille tués par balles dans une BMW immatriculée au Royaume-Uni : Saad Al-Hilli, 50 ans, né en Irak et domicilié près de Londres, son épouse de 47 ans et la mère de cette dernière, 74 ans. Un cycliste randonneur, Sylvain Mollier, est également trouvé mort à proximité.

L'aînée du couple, Zainab, 7 ans, gravement blessée à la tête, gît près de la voiture. Vers minuit, sa sœur cadette, Zeena, 4 ans, est découverte cachée sous le corps de sa mère, à l'arrière de la voiture, prostrée mais indemne. Zainab sortira coma quatre jours après le drame. Malgré de longues investigations, l'enquête n'a toujours pas permis d'identifier le ou les auteurs du crime. Franceinfo résume où en est l'affaire.

Trois pistes privilégiées…

Les enquêteurs s'orientent rapidement vers trois pistes : un crime lié aux activités de Saad Al-Hilli, ingénieur spécialisé dans les satellites civils, la piste familiale, et celle de l'Irak, pays d'origine de la famille.

Un appel à témoins est lancé par la gendarmerie, tandis que le rapport balistique révèle que le cycliste a été touché le premier. Il s'agit probablement d'une victime collatérale. Un témoin dit avoir croisé une voiture blanche "un peu folle" non loin du lieu du crime. D'autres évoquent un 4x4 de couleur sombre et une moto. Zainab, interrogée le 14 septembre 2012, dit n'avoir vu qu'un "méchant". Elle rejoint sa petite sœur au Royaume-Uni.

Dès le 7 septembre 2012, les enquêteurs évoquent un litige entre Saad Al-Hilli et son frère Zaid à propos de l'héritage de leur père. Zaid Al-Hilli se présente de lui-même à la police britannique pour se disculper. Finalement, il est placé en garde à vue le 24 juin 2013, puis libéré le lendemain et placé sous contrôle judiciaire. Faute de preuves suffisantes, son contrôle judiciaire est levé en janvier 2014. Pour autant, Zaid Al-Hilli reste sur la liste des suspects. Mais aucun autre élément étayant cette piste n'a été rendu public depuis.

... et d'autres écartées

Le 29 avril 2013, les gendarmes lancent un appel à toute personne qui "aurait pu entrer en contact avec un ou plusieurs individus ayant circulé" dans un 4x4 gris vu à proximité du lieu du crime. Une trentaine de personnes se manifestent, toutefois aucun témoignage ne permet de remonter aux origines du crime.

Une autre piste est envisagée avant d'être abandonnée. Le 18 février 2014, un ancien policier municipal révoqué, collectionneur d'armes et vivant en Haute-Savoie, est interpellé et placé en garde à vue. L'homme ne paraît pas impliqué dans le quadruple meurtre de Chevaline, annonce le procureur d'Annecy.

Plus récemment, le 30 septembre 2021, une reconstitution a eu lieu à Chevaline en présence de plusieurs témoins. La scène du crime a été gelée pendant plusieurs heures par la section de recherche de la gendarmerie "juste pour vérifier certains éléments", a commenté auprès de France 3 Line Bonnet-Mathis, procureure de la République d'Annecy.

Un motard à nouveau interrogé

Mercredi, plus de neuf ans après les faits, la procureure d'Annecy a annoncé qu'une personne était en garde à vue depuis 8h05 pour "procéder à des vérifications d'emploi du temps".

Ces vérifications portent sur le jour des faits mais aussi les jours d'avant et d'après. Des perquisitions sont en cours au domicile de cette personne, a appris franceinfo auprès de sources de gendarmerie.

Mercredi, en fin de journée, l'avocat du suspect en garde à vue a confirmé à France Télévisions l'identité de son client : il s'agit d'un motard aperçu près des lieux des crimes. Son portrait-robot avait été diffusé le 4 novembre 2013. Ce chef d'entreprise, venu faire du parapente à Chevaline au moment du quadruple meurtre, avait été retrouvé en 2015. Il avait alors été interrogé et mis hors de cause. Néanmoins, six ans plus tard, il est placé en garde à vue, soupçonné d'assassinat et tentative d’assassinat. "Il s'agit d'une erreur judiciaire, mon client vit un calvaire", défend son avocat, Me Jean-Christophe Basson-Larbi.

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