Tuerie de Chevaline : "Un mobile mais aucune certitude"
Le procureur de la République d'Annecy revient pour francetv info sur les éléments qui ont entraîné la garde à vue du frère du père de la famille retrouvée morte en septembre.
"Nous allons enfin lui poser les questions qui fâchent." À Chambéry (Savoie), les enquêteurs de la section de recherche de gendarmerie attendaient depuis plusieurs mois la garde à vue de Zaid Al-Hilli, le frère du père de famille tués dans l'affaire de Chevaline. En septembre 2012, dans les Alpes françaises, trois membres de la famille britannique Al-Hilli avaient été retrouvés morts dans leur voiture, tués par balles. Un cycliste français, Sylvain Mollier, gisait à côté du véhicule.
Le frère de Saad Al-Hilli a donc été interpellé lundi 24 juin à Chessington, près de Londres, en présence de trois gendarmes français. Son domicile et le golf dont il est le gérant ont été perquisitionnés.
Au cœur des soupçons : l'héritage familial
Les enquêteurs s’intéressent aux rapports explosifs entre les deux frères après le décès de leur père. Un conflit lié à un héritage estimé à plusieurs millions d’euros. Les éléments recueillis depuis plusieurs mois laissent penser que Zaid Al-Hilli a "essayé par tous les moyens de spolier son frère", affirmait il y a peu le procureur de la République d'Annecy.
Son père lui avait demandé de rédiger un projet de testament équitable pour la fratrie. Une confiance trahie par Zaid Al-Hilli, qui aurait établi un document plutôt en sa faveur. Le père s’en est rendu compte avant de mourir et le testament a été modifié. Zaid Al-Hilli aurait également tenté de récupérer un million d'euros laissé par son père défunt sur un compte en Suisse, en utilisant une fausse carte bancaire. Mais la banque a bloqué la manœuvre frauduleuse.
Les enquêteurs ont également recueilli le témoignage de l’avocate engagée par les deux frères pour régler les litiges liés à la succession. Cette dernière a évoqué des relations extrêmement tendues. "Ils se détestaient", résume un enquêteur.
Ce qui a déclenché la garde à vue
Depuis plusieurs mois, les gendarmes souhaitaient interroger Zaid Al-Hilli sur ces éléments troublants. D’autant que les autres pistes envisagées au début de l’enquête se sont refermées les unes après les autres. Mais au Royaume-Uni, la procédure est telle que les enquêteurs britanniques considéraient jusqu'à maintenant les charges insuffisantes pour placer Zaid Al-Hilli en garde à vue.
Pour débloquer la situation, les gendarmes ont donc convoqué Zaid Al-Hilli le 21 juin à Chambéry. "Il nous a fait savoir qu’il ne viendrait pas", explique un enquêteur à francetv info. "Il savait très bien ce qui l’attendait." Cette dérobade pourrait expliquer en partie le revirement de la police anglaise qui depuis ce matin considère le frère de la victime comme un "suspect".
L’enquête progresse donc mais dans l’attente de nouvelles de Londres , le procureur d’Annecy reste très prudent. "Nous avons un mobile mais aucune certitude qu’il ait joué un rôle actif dans cette tuerie", précise-t-il Un enquêteur ajoute : "Nous attendons ses explications. Nous sommes très ouverts."
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