Narcomicides : des auteurs de plus en plus jeunes qui font des victimes collatérales

La semaine dernière, deux affaires ont illustré l'implication d'adolescents dans le narcotrafic. Des jeunes qui font aussi de plus en plus de victimes collatérales.
Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La cite la Castellane, dans les quartiers Nord de Marseille, en mars 2024. (SPEICH FREDERIC / MAXPPP)

Dans le narcobanditisme, les tueurs à gage arrivent de plus en plus jeunes. À Marseille, pour la première fois, un adolescent de 14 ans a été mis en examen et écroué dimanche 6 octobre au soir. Il est soupçonné d'avoir tué un chauffeur de VTC d'une balle dans la tête. C'est une victime collatérale, alors que l'adolescent devait normalement s'en prendre à un trafiquant.

Le jeune homme était jusqu'à maintenant ce qu'on appelle "une petite main", travaillant ces derniers mois pour le compte de trafiquants sur plusieurs points de deal du Vaucluse. Originaire d'Avignon, cet adolescent est placé en foyer à 9 ans car son père et sa mère sont en prison, justement pour trafic de stupéfiants.

En fin de semaine dernière, il est contacté via une messagerie chiffrée pour exécuter un contrat. Le commanditaire est incarcéré à Aix-en-Provence, il se revendique de la puissante organisation criminelle DZ Mafia, et lui demande de tuer un membre d'un clan adverse. Le jeune homme accepte, contre 50 000 euros.

Il prend alors un VTC et aperçoit sa cible sur le bord de la route. Mais quand il demande au chauffeur de s'arrêter, ce dernier refuse. L'adolescent sort son pistolet 357 Magnum et tire une balle dans la tête du chauffeur, un père de famille de 36 ans qui n'a rien à voir avec le trafic de stupéfiants. En garde à vue, l'adolescent reconnaît les faits mais parle d'un tir accidentel.

Un "ultra rajeunissement" des personnes impliquées

Dimanche, lors d'une conférence de presse, le procureur de Marseille Nicolas Bessone a pointé le fait que les auteurs sont de plus en plus jeunes. Il a même parlé d'un "ultra rajeunissement". Autre exemple : l'an dernier, un jeune de 18 ans a été mis en examen à Marseille pour six assassinats liés au narcotrafic.

Lundi matin, sur franceinfo, le commissaire Yann Sourisseau, chef de l'Office central de lutte contre le crime organisé, est revenu sur ce phénomène inquiétant. "Ce à quoi on assiste depuis quelques années, c'est la multiplication d'équipes de jeunes tueurs à gage. Ils ont, en moyenne, moins de 25 ans. Ils sont, au départ, de petite envergure, originaires de tout le territoire, mais plus particulièrement d'Ile-de-France et de la région marseillaise.

"Ils sont recrutés uniquement pour tuer, ils sont peu aguerris et souvent ne connaissent même pas le véritable commanditaire de ces assassinats."

Yann Sourisseau, chef de l'Office central de lutte contre le crime organisé

sur franceinfo

"Ils sont payés 15 000 ou 20 000 euros par fait, ne sont motivés que par l'appât du gain et manquent de l'empathie la plus élémentaire", ajoute-t-il.

Ces adolescents sont donc très dangereux, en raison aussi de leur amateurisme. C'est ce qui a coûté la vie à ce chauffeur de VTC, nouvelle victime collatérale du narcobanditisme à Marseille.

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