Pédophilie au conservatoire de Tours : des témoins dénoncent un défaut de vigilance de la direction
Plus d'un mois après la mise en examen d'un chef de coeur du conservatoire national de musique de Tours (Indre-et-Loire) pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, des professeurs et des parents dénoncent le manque de surveillance de la direction.
Aucune surveillance particulière n'avait été mise en place autour du chef de chœur du conservatoire national de musique de Tours, en Indre-et-Loire, mis en examen en février dernier pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, selon les témoignages de professeurs et de parents d'élèves recueillis et rapportés lundi 26 mars par France Bleu Touraine. Ils dénoncent un défaut de vigilance de la direction.
Lorsque cette affaire avait éclaté, le maire de Tours, Christophe Bouchet, avait pourtant assuré que cet enseignant était soumis à "une vigilance de tous les instants" depuis 2006 et sa relaxe en appel pour des faits d'attouchements sexuels. Pourtant, tous les témoins interrogés par France Bleu Touraine assurent au contraire, de manière catégorique, qu'aucune surveillance du chef de chœur n'avait été mise en place depuis sa relaxe il y a 12 ans.
Une proximité avec les élèves sans contrôle
Il est arrivé à certains de tomber sur le chef de coeur en train de donner des cours particuliers à des garçons, porte fermée, parfois même à clé. Il est aussi arrivé qu'il organise des week-ends de répétition, au sein même du conservatoire, sans aucun autre fonctionnaire de la ville de Tours à ses côtés. Seuls des parents d'élèves étaient présents. Ces parents étaient de fait membres de l'association de la maîtrise que tous décrivent comme un État dans l'État. L'association organisait des activités à l'extérieur sans contrôle de la direction, alors que le chef de chœur en était l'un des pivots.
Un ancien membre du bureau de cette association, qui a fait partie de l'organisation de plusieurs séjours, assure aujourd'hui n'avoir jamais été mis au courant par la direction du passé judiciaire du chef de chœur et des soupçons qui pouvaient encore perdurer. Lors de deux séjours au moins, en Belgique et en Italie, le pédophile présumé avait été laissé seul la nuit dans un dortoir avec des garçons.
La responsabilité de la direction pointée du doigt
Les professeurs et parents d'élèves dénoncent une faute de la direction du conservatoire, qui est une structure municipale, notamment un défaut de surveillance. Ils se demandent aussi pourquoi le chef de chœur n'était pas accompagné d'un fonctionnaire de la ville, notamment lors des concerts et des voyages organisés par l'association de la maîtrise. Un professeur va même beaucoup plus loin et parle d'une "logique de réseaux" dont le pédophile présumé aurait pu bénéficier.
Le chef de chœur a été interpellé samedi 17 février. Il a été écroué à l'issue de sa mise en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. Six à sept victimes présumées - des garçons âgés de 13 à 16 ans - ont été recensés. Les agressions se seraient déroulées lors de week-ends organisés pour deux ou trois élèves, pendant au moins trois ans. L'homme proposait aux élèves de prendre une gélule "pour se détendre".
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