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Pédophilie : le cardinal Barbarin "commence à prendre la mesure des choses", réagit une victime du prêtre Bernard Preynat

Dans une interview accordée à "La Croix", mercredi, le cardinal a changé de version sur les agressions sexuelles contre de jeunes scouts commises par le prêtre Bernard Preynat, entre 1986 et 1991, dans la région lyonnaise.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le cardinal Philippe Barbarin, le 1er octobre 2014 à Lyon (Rhône). (KONRAD KILLIAN / CITIZENSIDE.COM / AFP)

Il était au courant depuis plusieurs années. Dans une interview à La Croix, mercredi 10 février, le cardinal Philippe Barbarin assure avoir été informé des agressions sexuelles de Bernard Preynat sur sur de jeunes scouts bien plus tôt que ce qu'il avait admis jusque-là. Ce prêtre lyonnais, qui a reconnu les faits, a été mis en examen le 27 janvier pour ces agressions commises entre 1970 et 1991.

"Une personne qui avait grandi à Sainte-Foy-lès-Lyon m'a parlé des comportements du père Preynat, vers 2007-2008, indique l'archevêque de Lyon. J'ai alors pris rendez-vous avec lui pour lui demander si, depuis 1991, il s'était passé la moindre chose. Lui m'a alors assuré : 'Absolument rien, j'ai été complètement ébouillanté par cette affaire'"  "Certains me reprochent de l'avoir cru... Oui, je l'ai cru", complète-t-il.

"Il a menti à beaucoup de gens"

Philippe Barbarin n'a pas toujours tenu ce discours. Dans un communiqué diffusé le 12 janvier, le diocèse de Lyon avait indiqué que le cardinal avait "reçu les premiers témoignages au sujet de ce prêtre à l'été 2014". "Il a menti à beaucoup de gens, notamment aux victimes. Il commence à se réveiller et à prendre la mesure des choses", réagit auprès de francetv info François Devaux, victime de Bernard Preynat, et président de l'association des victimes du prêtre, La Parole libérée.

Le cardinal a tenté de le joindre la veille de la publication de l'interview, "pour demander pardon et [le] rencontrer". Mais le trentenaire n'a pas l'intention de donner suite à ce message téléphonique. "Il faut aller jusqu'au bout des choses. Cette interview pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses", estime François Devaux.

"Des pédophiles placés et replacés sans que personne ne dise rien"

Qu'a déclaré le prêtre sur ses actes lors de son entretien avec le cardinal en 2007-2008 ? Qui est le "spécialiste" que Philippe Barbarin assure avoir consulté après cette rencontre avec Bernard Preynat ? Quand a-t-il évoqué ce cas avec le cardinal O'Malley, le président de la commission pontificale pour la protection des mineurs ? Sans oublier les questions - comme la nomination du prêtre Bernard Preynat comme doyen en 2013, le témoignage recueilli par l'évêque auxiliaire en 2011 - auxquelles l'Eglise n'a jamais répondu.

François Devaux aimerait également que l'institution change sa manière de gérer ce type d'affaires. "Si je m'investis, c'est pour protéger notre nation de pédophiles qui sont placés et replacés au sein d'une institution, sans que personne ne dise rien", lâche-t-il, en référence aux différentes affectations du père Preynat entre 1991 à 2015. Et de conclure : "Si le cardinal Barbarin va jusqu'au bout des choses, je prendrai mon téléphone pour le rencontrer."

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