Ce que l'on sait de l'attaque mortelle à la préfecture de police de Paris
L'enquête est désormais entre les mains du parquet national antiterroriste (Pnat). Elle a été reprise sous les qualifications d'"assassinat et tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste", ainsi que pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
Un informaticien de 45 ans a mené une attaque au couteau, jeudi 3 octobre, dans l'enceinte de la préfecture de police de Paris, sur l'île de la Cité, au cœur de la capitale. L'assaillant, lui-même fonctionnaire de la préfecture de police, a tué quatre personnes avant d'être neutralisé.
L'enquête a d'abord été ouverte pour "homicide volontaire" et "tentative d'homicide volontaire" sur personne dépositaire de l'autorité publique, avant d'être reprise sous les les qualifications d'"assassinat et tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste", ainsi que pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Elle est désormais entre les mains du parquet national antiterroriste (Pnat). Voici ce que l'on sait de cette attaque violente.
Une attaque dans les locaux de la préfecture
L'attaque a eu lieu jeudi, au sein de la direction des Renseignements de la préfecture de police de Paris, située dans le centre historique de la capitale. Entre 12h30 et 13h00, muni d'un couteau de cuisine, Mickaël H. a d'abord mortellement blessé deux policiers et un agent administratif de la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), dans deux bureaux au premier étage du bâtiment.
Il s'en est ensuite pris, dans un escalier, à deux femmes : l'une policière, l'autre employée aux ressources humaines. La première a été mortellement blessée, la seconde conduite à l'hôpital où son état de santé n'inspirait plus d'inquiétude vendredi. Il est ensuite descendu dans la cour. Là, un policier de la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) l'a sommé, en vain, de lâcher son couteau, avant de le blesser mortellement à la tête avec son arme de service. "C'est un jeune fonctionnaire qui était là depuis six jours" qui a neutralisé l'agresseur, a indiqué le préfet de police Didier Lallement.
Un autre fonctionnaire a été blessé et conduit à l'hôpital. Son pronostic vital n'était pas engagé, a indiqué vendredi matin une source judiciaire. Le bâtiment a été entièrement évacué. Une équipe cynophile a été dépêchée pour sécuriser le bâtiment, et le parquet de Paris s'est rendu sur place. Selon des informations de franceinfo, l'une des victimes a été égorgée.
L'assaillant était un fonctionnaire de la préfecture de police
L'assaillant était un agent administratif âgé de 45 ans, né à Fort-de-France (Martinique), qui travaillait au service informatique de la préfecture de police. Il "n'avait jamais présenté de difficultés comportementales", a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, lors d'une conférence de presse. L'homme avait "vingt ans de maison", selon Loïc Travers, du syndicat policier Alliance. "Sa dernière affectation était la DRPP, la direction du renseignement", précise-t-il. Marié, père de deux enfants, il était sourd à 70%.
L'homme s'était converti à l'islam en 2017, mais Patricia, une amie de sa compagne, affirme à franceinfo : "C'était un très bon musulman. Il pratiquait sa religion, il avait sa foi, mais ce n'était pas quelqu'un de radicalisé."
Christophe Crépin, porte-parole de France police-policiers en colère, collègue de l'assaillant, a avancé jeudi la piste d'un différend avec l'une de ses victimes, sa "cheffe de service". Toutefois, l'enquête devra confirmer cette piste. A Gonesse (Val-d'Oise), où une perquisition a été menée jeudi au domicile de l'agresseur, ses voisins le décrivent comme une "personne très ordinaire".
Le parquet antiterroriste se saisit
Coup de folie ? Attaque jihadiste ? Les enquêteurs cherchent à comprendre les motivations qui ont poussé l'agent administratif de la Préfecture de police de Paris (PP) à tuer quatre personnes. Dans un point-presse, vendredi en début d'après-midi, le préfet de police Didier Lallement a annoncé n'exclure "aucune hypothèse". "Notre lucidité de policier nous amène à n'exclure strictement aucune hypothèse à ce stade", a-t-il déclaré.
Selon lui, les conditions de sécurité à l'intérieur du centre névralgique de la police parisienne "sont absolues" et "ne sont pas en cause". "Ceux qui sont extérieurs à l'administration passent par un portique de sécurité", a-t-il précisé, ajoutant que ses services étaient d'abord focalisés sur une attaque venant "de l'extérieur". "Nous avons été touchés au cœur mais nous sommes toujours debout", a-t-il ajouté. Une cellule médico-psychologique a été mise en place pour les employés de la préfecture et 179 personnes s'y sont déjà rendues, a précisé le préfet.
L'enquête, diligentée jusqu'alors par le parquet de Paris, a été reprise par le Parquet national antiterroriste, vendredi 4 octobre, sous les qualifications d'"assassinat et tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste", ainsi que pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", a précisé le Pnat. Les investigations ont été confiées à la brigade criminelle, la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) en co-saisine, a-t-il ajouté.
L'épouse placée en garde à vue
L'épouse de l'assaillant est en garde à vue. Elle a évoqué devant les enquêteurs de la Brigade criminelle le "comportement inhabituel et agité" de son mari la veille de son passage à l'acte, a indiqué une source proche du dossier. Elle dit qu'il a eu des visions et a entendu des voix la nuit qui a précédé son passage à l'acte. Il aurait dit avoir entendu Allah qui lui demandait d'agir. Un policier habitant dans leur immeuble a déclaré avoir entendu "Allah akbar", a appris France Télévisions de source policière. Les perquisitions menées, jeudi, au domicile du couple n'ont en revanche pas révélé d'éléments accréditant l'hypothèse d'une radicalisation violente de cet informaticien de 45 ans converti à l'islam depuis 18 mois.
Selon les informations du Parisien confirmées de source proche à franceinfo, les investigations ont révélé que Mickaël H. avait adressé à sa femme un SMS évoquant un achat de couteau le matin même de l'attaque. Elle lui a répondu : "Seul Dieu te jugera".
Le frère et la sœur de l'assaillant ont, eux, été entendus jeudi après-midi, en audition libre par la brigade criminelle de la police judiciaire, a appris franceinfo de source proche de l'enquête. Ils se sont présentés spontanément aux enquêteurs. De très nombreuses auditions, essentiellement de témoins indirects, ont eu lieu jeudi et se sont poursuivies vendredi. Il s'agit de témoins dans l'entourage professionnel, familial et de personnes du voisinage du suspect.
Les autorités sur place
Immédiatement après le drame, Emmanuel Macron, attendu à Rodez (Aveyron) en fin de journée, s'est rendu jeudi après-midi sur place pour "témoigner son soutien et sa solidarité à l'ensemble du personnel". Le Premier ministre, Edouard Philippe, s'est également déplacé à la préfecture, ainsi que le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui a repoussé un déplacement prévu en Turquie. Le procureur de Paris s'est aussi déplacé.
Vendredi, Christophe Castaner et Laurent Nuñez sont de nouveau allés à la rencontre du personnel des services directement touchés par l'agression mortelle jeudi à la préfecture de police de Paris, la direction des Renseignements et la direction de la Sécurité de proximité, a appris franceinfo par l'entourage du ministère de l’Intérieur. Avant cette rencontre, une minute de silence a été respectée dans la cour de la préfecture. Le préfet de police a prononcé un discours très bref, en évoquant "l'émotion" et "la colère". Le ministre de l'Intérieur et le secrétaire d'Etat se sont aussi rendus au chevet de la fonctionnaire blessée à coups de couteau, à l'hôpital militaire Percy de Clamart (Hauts-de-Seine).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.