"Ils ont été interpellés du fait de leur couleur de peau" : quatre familles portent plainte après l'arrestation de leurs enfants dans le Val-de-Marne
"Au cœur de cette affaire, il y a de la discrimination", affirme l'avocat des familles.
Quatre familles ont porté plainte après l’interpellation de leurs enfants par la police dans le Val-de-Marne, révèlent France Inter et Mediapart mercredi 10 juin. Le 26 mai dernier, ces quatre collégiens de 14 ans ont passé 24 heures en garde à vue au Kremlin-Bicêtre. Ils racontent avoir subi des insultes racistes et homophobes de la part des policiers. Cette affaire est révélée alors que les manifestations se multiplient en France et dans le monde pour dénoncer le racisme et les violences policières.
Ce jour-là, les quatre adolescents se donnent rendez-vous en début d’après-midi et achètent des boissons ainsi qu’un paquet de bonbons dans un supermarché Franprix. Quelques minutes plus tard, "on a vu des personnes arriver", des policiers de la brigade anticriminalité (BAC), qui "nous ont fouillés, contrôlés", raconte à France Inter l’un des collégiens. "Ils nous ont interpellés, mais ils ne nous ont pas dit pourquoi", poursuit un autre.
On avait juste peur, on ne savait pas comment ça allait se finir.
Un des collégiensà France Inter
Les insultes commencent alors à fuser, d’après les quatre amis : "Ils nous ont dit : 'lui, c’est un maghrébin, il est con', 'eux, c’est des nègres, ils ne savent pas s’habiller', 'vous êtes des pédés', 'il casse les couilles ce Noir', 'mettez les deux noirs ensemble'". Les adolescents ont ensuite été menottés puis conduits au commissariat. Dans la voiture, "le chauffeur s’est retourné et m’a mis une gifle", affirme encore l’un des collégiens.
"Un phénomène discriminatoire"
"Ils ont été interpellés du fait de leur couleur de peau, pas en tant qu’individus", dénonce l’avocat des familles, Me Jérôme Karsenti, qui a déposé les plaintes auprès du procureur de Créteil. "Au cœur de cette affaire, il y a de la discrimination. Et c’est parce qu’il y a un phénomène discriminatoire qu’on s’autorise la maltraitance et le non-respect des droits", ajoute l'avocat.
Selon lui, les policiers n’ont pas respecté les droits des mineurs en garde à vue : leurs parents, qui ont été prévenus tardivement, n’ont ainsi pas été informés de la possibilité de choisir un avocat et d’assister aux auditions. Après 24 heures de garde à vue, les collégiens ont finalement été relâchés sans aucune poursuite. Ils ne comprennent d’ailleurs toujours pas pourquoi ils ont été interpellés. "On nous a dit un vol de bonbons, puis un vol en réunion, puis un vol à l’arrachée", raconte l’un d’eux.
Quatre jours après les faits, le samedi 30 mai, deux d’entre eux vont de nouveau faire l’objet d’un contrôle par les mêmes policiers de la BAC. "On a clairement deux blocs qui s’opposent : celui de la police, qui estime qu’elle a tous les droits et, de l’autre, le sentiment que le policier, puisqu’il ne respecte pas la loi, n’est plus légitime. Lorsqu’on injurie des jeunes, on les violente, on fabrique du trouble à l’ordre public", estime Me Jérôme Karsenti.
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