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Vidéo La veuve de Cédric Chouviat va demander à Christophe Castaner de "faire en sorte que l'histoire ne se répète pas"

Publié Mis à jour
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Article rédigé par franceinfo
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La veuve du livreur décédé le 5 janvier après un contrôle de police rencontre mardi à la mi-journée Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur.

"Je vais lui dire qu'il va dans le bon sens et que je l'encourage à nous aider à sortir de ce cauchemar, à faire en sorte que l'histoire ne se répète pas." Doria Chouviat, la veuve de Cédric Chouviat, le livreur décédé le 5 janvier après un contrôle de police, sera reçue mardi 14 janvier par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. Lors de ses vœux à la Police nationale, celui-ci a rappelé les forces de l'ordre à leur devoir d'"exemplarité" et à leur "éthique". Invitée de franceinfo, Doria Chouviat met en doute le caractère "involontaire" de la mort de son mari.

franceinfo : Savez-vous aujourd'hui ce qu'on reprochait précisément à votre mari ?

Doria Chouviat : D'après les témoignages dont on dispose, ainsi que d'après le rapport de police, c'était un contrôle de routine, banal, qui a très très mal tourné.

Dans un premier temps, vous vous rendez au commissariat du 7e arrondissement de Paris pour avoir des nouvelles de votre mari. Vous ne savez pas ce qui lui est arrivé. Qu'est-ce qu'on vous dit à ce moment-là quand on vous accueille ?

On me dit qu'il a le droit à un appel téléphonique, à un médecin, à un avocat. Mais personne ne me dit qu'il est hospitalisé. Pourtant, je communique la plaque d'immatriculation de son véhicule qui est immobilisé chez eux. Pour finir, on me dit qu'on n'est pas en mesure de me fournir plus d'informations. Il a fallu 4-5 heures pour qu'on me dise qu'il était hospitalisé.

L'autopsie a révélé qu'il était mort d'une asphyxie, après une fracture de larynx. Pour vous, il n'y a pas de doute sur le fait que c'était une bavure policière ?

Aucun. Il suffit d'être doué d'un minimum de raison et de faire preuve de bon sens. Les vidéos parlent d'elles, de même que les témoignages et le rapport de police.

La justice a ouvert une information judiciaire pour "homicide involontaire". Pour vous, il y a encore un doute sur le caractère involontaire de cette mort ?

Oui, j'ai carrément un problème avec le mot "involontaire". Mon frère pratique le MMA [arts martiaux mixtes ou mixed martial arts] où l'étranglement est souvent utilisé. Il n'y a jamais d'accident mortel en MMA. Alors pour en arriver là, il faut une férocité, une méchanceté et presque une volonté de tuer.

Christophe Castaner, lors de ses vœux lundi à la Police nationale, a rappelé les forces de l'ordre à leur devoir d'"exemplarité" et à leur "éthique". Vous allez lui dire quoi tout à l'heure au ministre de l'Intérieur ?

Je vais lui dire qu'il va dans le bon sens et que je l'encourage à nous aider à sortir de ce cauchemar, à faire en sorte que l'histoire ne se répète pas. Car malheureusement, Cédric n'est pas le premier cas, il y en a eu d'autres avant dont on ne parle plus aujourd'hui, mais ils existent.

Vous faîtes confiance à la justice pour savoir ce qu'il s'est réellement passé ?

Non, je vous avoue que non. On s'est permis de faire une enquête de voisinage. Et jeudi dernier, quand je me suis retrouvé face à l'enquêteur, je lui ai demandé s'ils avaient fait une enquête de voisinage. Il m'a répondu "non, toujours pas"... Moi je pense que l'enquête de voisinage aurait dû être faite dans les minutes qui ont suivi l'accident. Il y a vraiment un problème.

L'avocat des policiers qui ont arrêté votre mari explique que Cédric Chouviat était agressif, qu'il a résisté, et que cela explique peut-être la tragédie. Est-ce qu'il a pu provoquer les policiers ou les insulter ?

Je pense que non. Les vidéos et les témoignages parlent d'eux-mêmes. La violence, je ne la vois pas chez mon mari. Je la vois chez les quatre individus qui s'acharnent sur lui. Il y a une circulaire qui dit bien que les policiers n'ont pas de protection spécifique par rapport au droit à l'image. Donc mon mari était dans son droit en filmant. Il cherchait sans doute à contester une injustice dont il avait été victime dans un premier temps.

S'il n'y avait pas eu de vidéo, vous pensez qu'on en aurait parlé ? 

Pas du tout. Cette vidéo me fait penser à tous les autres cas qui se sont produits avant moi. Et je plains les autres, ceux qui n'ont pas la chance - dans leur malheur - d'avoir des vidéos, des témoignages, dans un coin de rue, sans caméra, sans témoin... Qu'est-ce qu'il en est pour eux ?

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