"Les enfants, ils disent ce qu'ils veulent" : jugé en appel pour des violences intrafamiliales, un ancien policier accuse ses proches de mentir

Le procès en appel d'un policier pour violences intrafamiliales s'est tenu, jeudi, à Metz. L'homme nie les faits. Le jugement est attendu le 18 avril.
Article rédigé par Pierre de Cossette
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le tribunal de Metz en 2019. (RACHEL NOËL  / RADIOFRANCE)

Une audience peu ordinaire s'est tenue, jeudi 14 mars, à Metz : le procès en appel d'un policier pour des violences dans le huis clos familial. Cet ancien délégué syndical dans l'Est condamné en première instance à 18 mois de prison avec sursis était rejugé pour avoir frappé son ex-femme, leurs deux enfants et fait subir des humiliations. Chose rare dans une audience publique : l'aîné des deux garçons, un jeune ado, était présent, et a témoigné.

Assis au premier rang, un garçon de 13 ans est blotti contre sa mère. À la barre, il a mimé son père l’attrapant et le collant contre le mur. Il a raconté les intimidations et les douches froides quand les devoirs étaient mal faits. "Il m’a détruit de l’intérieur", dit le garçon. Le père, 48 ans, major de police, soutenu à la barre par l'ancien grand patron de son syndicat - Unsa Police -, concède une éducation stricte - quelques fessées -, mais réfute avoir battu ses fils.

"Manipulation"

Pourtant son fils aîné, alors qu’il a 12 ans, fond en larmes au collège parce qu’il a perdu sa carte de bus, et confie au conseiller d’éducation qu’il a peur d’être frappé, et qu’il ne veut plus être battu, ni lui ni son petit frère. Cet épisode, il y a deux ans, est le point de départ de ce qui va donner lieu à une enquête de l’IGPN.

À la barre, le père les accuse à demi-mot de mentir. "Les enfants, ils disent ce qu’ils veulent", dit-il aux magistrats. Son avocat va plus loin : "Manipulation", clame-t-il sous les yeux de l’ex-épouse et mère Véronique, qui n’en revient pas. "Qu'est-ce que j'ai à y gagner de tout ça, moi ? Je n'arrive pas à tourner la page. Quel intérêt ? Ce serait détruire mes enfants. Une maman pense au bien de son enfant, on ne va pas les manipuler pour les détruire", plaide la femme qui va raconter, en larmes, les gifles, les humiliations... Une mécanique d’emprise jusqu’à devenir la chose de son ex-mari, un acte sexuel avec le pistolet sur la tempe et du libertinage auquel elle ne pouvait pas dire non.

18 mois de prison avec sursis requis

On découvre alors qu'une autre enquête a été ouverte pour des faits de nature sexuelle. Le grand patron du syndicat Unsa Police, ami de l'accusé mais aussi de son ex-épouse, assure qu'elle "se confiait" à lui : "S’il l’avait violentée, la première personne à qui elle en aurait parlé c’est moi... J’aurais pris le taureau par les cornes et je l’aurais dénoncé". L'avocate générale demande 18 mois de prison avec sursis contre le père, le retrait de l’autorité parentale et suggère l’idée d’un bracelet anti-rapprochement pour le prévenu. Le jugement est attendu le 18 avril.

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