Quand les policiers fichent les mœurs des fêtards parisiens
Selon "Le Parisien", les agents doivent remplir divers renseignements sur les établissements parisiens. Les patrons de bar comme la clientèle sont visés.
"Le formulaire fleure bon la brigade mondaine des années 1920, au temps où la police surveillait les mœurs du Tout-Paris noctambule", commente Le Parisien, qui révèle l'information, lundi 23 juin. Un document interne à la préfecture de police, rempli par les commissariats de quartier, rassemble des informations sur les établissements de nuit de la capitale. Les appréciations, "parfaitement subjectives", selon le journal, concernent aussi bien les patrons de bar que la clientèle.
Travestis et "hôtesses" à recenser
Les policiers sont d'abord chargés de spécifier l'identité de l'exploitant (nom, prénom, adresse, date et lieu de naissance). Puis, ils renseignent la présence de prostituées et de travestis à l'intérieur mais aussi "à proximité" de l'établissement. "Si le recensement d'activités de prostitution, réglementées par la loi, peut paraître légitime, celui qui consiste à repérer des travestis est déjà plus douteux, note le quotidien. De même, la nécessité de déterminer la présence d''hôtesses', sans que l'on sache ici véritablement ce que recouvre ce terme, étonne."
Plus intrusif encore, "l'agent doit juger la 'moralité' du 'tenancier, un terme ancien qui désignait jadis les gérants... de maisons closes". Le fonctionnaire a le choix entre "mauvaise", "médiocre" ou "sans observation". "Plus bas, c'est le profil de la clientèle qui est visé, avec les trois mêmes choix, sans qu'aucune option de 'cordialité' ou de 'bienséance' ne soit proposée", déplore Le Parisien.
Un document consulté pour l'autorisation d'ouverture de nuit
Le formulaire provient du bureau de la police sanitaire et de l'environnement, qui dépend de la Direction des transports et de la protection du public. C'est ici que sont traitées les autorisations d'ouverture de nuit. "Lorsqu'un établissement parisien effectue une demande pour rester ouvert au-delà de 2 heures, le bureau transmet cet imprimé au commissariat le plus proche, explique le quotidien. Les policiers remplissent alors la fiche en toute liberté, et la renvoient à la préfecture de police qui s'appuie sur ce document, entre autres éléments, pour délivrer un avis favorable ou défavorable à la requête."
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