Violences policières : comment travaille l'IGPN, la police des polices, sur la trentaine d'enquêtes en cours
Il y a un mois, le 27 juin, le jeune Nahel, 17 ans, était tué par un policier à Nanterre. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices était chargée rapidement de l'enquête. Depuis cette date, l'IGPN en a ouvert bien d'autres, dans le contexte d'émeutes urbaines qui ont suivi.
Emmanuel Macron lui-même a évoqué lundi un nombre de 28 enquêtes ouvertes à la suite des plaintes contre la police pour violences au cours de ces nuits d'émeutes de fin juin-début juillet. Certaines continuent d'arriver ces derniers jours. Souvent, les familles gèrent d'abord les blessures, les interventions chirurgicales, le traumatisme ; puis elles déposent plainte, car souvent, elles veulent comprendre ce qui s'est passé.
Des faits de "gravité et de nature très différentes"
Parmi les affaires les plus graves, il y a celle de Mohamed. Ce livreur marseillais de 27 ans a été retrouvé mort, écroulé alors qu'il arrivait en scooter en bas de chez lui, après un "probable" tir "de type flashball" dans le thorax. Son cousin Abdelkarim, 21 ans, avait été victime, la veille, d'un tir qui l'a éborgné. À Mont-Saint-Martin, en Meurthe-et-Moselle, Aimène est dans un état grave depuis qu'il a reçu à la tête un tir probablement de "Bean Bag" – un projectile non-létal en sachet contenant des billes – de la part du Raid (unité d'élite de la police nationale).
Une trentaine de dossiers sont ainsi sur le bureau de l'IGPN, auxquels il faut ajouter un dossier en zone gendarmerie. Des procédures judiciaires en cours qui portent sur des faits de "gravité et de nature très différentes" selon la patronne de l'IGPN, Agnès Thibault-Lecuivre, devant la commission des lois de l'Assemblée le 12 juillet. Parmi ces affaires, on sait qu'il y a beaucoup de blessures à la tête, et beaucoup de tirs de LBD.
Un travail d'investigation qui prend du temps
À chaque fois, les enquêteurs de la police des polices doivent localiser et dater exactement les faits. Il faut aussi retrouver les images amateur et celle de la vidéosurveillance. Les enquêteurs doivent ensuite identifier les unités de police, auteurs des tirs. Puis, il faut identifier les fonctionnaires qui sont alors auditionnés. En avril dernier, Agnès Thibault-Lecuivre expliquait sur franceinfo le travail de la police des polices : "On fait un travail très minutieux de recoupement. On va chercher les bandes radio de la police, on va chercher toutes les vidéos qui peuvent être des vidéos privées, mais aussi des vidéos publiques. On va aussi chercher à retrouver des témoins. Tous les éléments sont nécessaires pour nos enquêtes, pas seulement la vidéo."
L'IGPN elle-même ne prononce aucune sanction, elle n’est pas une instance disciplinaire. Elle peut mener des enquêtes administratives en cas de manquements professionnels et judiciaires, en cas d’infractions pénales comme des injures, ou encore des violences volontaires.
La directrice de l'IGPN le rappelait sur franceinfo les procédures judiciaires en cours ne sont pas des déclarations de culpabilité : "Il y a tout un travail d'investigation que nous devons mener. Encore une fois, celui qui est victime d'un usage de la force, c'est peut-être un usage légitime. C'est extrêmement important qu'on fasse ce travail d'investigation." Un travail qui prend des semaines et souvent même des mois.
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