"Gilets jaunes" frappés dans un Burger King à Paris : Arié Alimi, avocat de deux victimes, espère "que le juge d'instruction renvoie rapidement" les neuf CRS devant le tribunal

L'avocat indique que ces clients sont "particulièrement heureux", mais il critique le fait que "ça fait un an que le parquet doit requérir pour que cette instruction se termine", dans l'affaire des violences policères survenues dans un Burger King parisien pendant une manifestation des "gilets jaunes".
Article rédigé par franceinfo
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L'avocat Arié Alimi, en septembre 2023, lors d'un debat au campus de rentrée des Jeunes LR. Illustration. (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS)

"Nous espérons que le juge d'instruction renvoie rapidement ces policiers devant le tribunal et qu'une audience ait lieu assez rapidement", a déclaré Arié Alimi à franceinfo jeudi 1er août. L'avocat réagissait à la réquisition du parquet de Paris, rendue la veille, dévoilée par l'AFP et confirmée par franceinfo. Le ministère public a requis un procès contre neuf CRS, soupçonnés de violences volontaires aggravées sur au moins quatre "gilets jaunes" et un journaliste dans un restaurant Burger King près des Champs-Élyséess fin 2018. Ils sont poursuivis pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique". Dans son réquisitoire définitif que franceinfo a pu consulter, le ministère public leur reproche d'avoir "frappé des manifestants non hostiles (...) sans que des sommations n'aient été effectuées".

"Nous sommes, avec mes clients, particulièrement heureux que le parquet de Paris requiert enfin le renvoi devant le tribunal correctionnel de ces neuf CRS", a réagi Arié Alimi. Cependant, alors que les investigations ont été closes le 6 juillet 2023, l'avocat critique le fait que "ça fait un an que le parquet doit requérir pour que cette instruction se termine".

Cette affaire est symbolique des "gilets jaunes", survenue lors de l'acte 3, le 1er décembre dernier 2018 vers 19h, en marge d'une manifestation qui avait rassemblé 5 500 personnes à Paris, selon le ministère de l'Intérieur. La journée avait été marquée par de nombreuses violences et affrontements. 412 interpellations avaient eu lieu, conduisant à 318 placements en garde à vue. 263 blessés avaient été recensés, dont 23 pour les forces de l'ordre. Au Burger King près des Champs-Élysées, ces violences avaient été filmées par plusieurs journalistes. On voyait sur les vidéos des CRS frapper violemment, à coup de matraque, des manifestants dont certains étaient allongés au sol. 

L'auteur de ces images, Nicolas Mercier journaliste indépendant pour l'agence audiovisuelle Hors-Zone Press, a porté plainte pour les coups portés par un CRS, alors qu'il filmait. Contacté jeudi soir par franceinfo, il dit "avoir du mal à comprendre" cette lenteur de la justice. "Presque six ans après les faits, toujours pas de procès alors que l'enquête est bouclée depuis longtemps. Les mis en cause ont reconnu les faits et les vidéos témoignent de ce qui s'est passé."

"Sentiment mitigé"

"C'est l'une des premières affaires qui a permis de révéler l'existence et la réalité des violences policières commises de manière massive par le gouvernement d'Emmanuel Macron", affirme Arié Alimi. Ce dernier espère maintenant que "le juge d'instruction renvoie rapidement ces policiers devant le tribunal et qu'une audience ait lieu assez rapidement parce que le délai d'audiencement des audiences dépend également du parquet de Paris". La crainte de l'avocat de deux victimes dans cette affaire, est que le ministère public prenne "tout le loisir de délayer et de repousser indéfiniment (ce procès), comme il le fait malheureusement trop fréquemment dans le cadre des violences policières".

Autre avocat d'une des cinq victimes, parties civiles dans cette affaire, Me Moad Nefati estime que cette réquisition "est une excellente nouvelle". Cependant, lui et la personne qu"il défend restent "sur un sentiment mitigé, celui d'une justice qui passe au forceps et dans la douleur".

L'avocat des policiers, Laurent-Franck Liénard, n'a pas pu être joint par franceinfo. Après l'ouverture d'une information judiciaire le 23 mai 2019, quatre CRS étaient mis en examen le 23 juin 2020. Le 6 mai 2021, trois autres CRS étaient mis en examen. Un huitième CRS était mis en examen le 17 septembre 2021. Le dernier CRS a été mis en examen le 26 janvier 2023. Tous ont été poursuivis pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique".

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