Cet article date de plus d'un an.

Le PS et EELV reçus mardi par Elisabeth Borne : "Il n'y aura pas de paix sans retrait" de la réforme, prévient la secrétaire nationale d'EELV

La secrétaire nationale d'EELV rappelle que "9 Français sur dix" sont opposés à la réforme, tout comme "la totalité des syndicats du pays".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier lors du 59e salon de l'agriculture à Paris le 2 mars 2023. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Il n'y aura pas de paix sans retrait [de la réforme des retraites] et quand je dis ça ce n'est pas une menace, ce sont les faits. Neuf Français sur dix y sont opposés", indique lundi 3 avril sur franceinfo Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV. Avec le premier secrétaire du PS, elle sera reçue mardi à Matignon par Elisabeth Borne. Ils ont demandé de consacrer cette rencontre à "la crise que traverse le pays". Marine Tondelier et Olivier Faure seront reçus à Matignon en tant que chefs de parti, les chefs des groupes parlementaires ayant décliné l'invitation initiale. Par ailleurs, Marine Tondelier dénonce la doctrine du maintien de l'ordre lors des manifestations. "Il va finir par y avoir un mort. Il y a de fortes chances qu'il soit écologiste. Je pense qu'il faut se réveiller avant que ça arrive".

franceinfo. Qu'allez-vous dire demain mardi à Elisabeth Borne quand vous serez reçue avec Olivier Faure ? Exigez-vous toujours un retrait de la réforme des retraites ?

Marine Tondelier. Il n'y aura pas de paix sans retrait et quand je dis ça ce n'est pas une menace, ce sont les faits. 9 Français sur dix y sont opposés. Il y a énormément de partis politiques qui y sont opposés. La totalité des syndicats du pays sont contre. Donc à un moment, le gouvernement est dans une impasse et ils peuvent chercher tant qu'ils veulent à tourner la page à passer à autre chose, nous ne passerons pas à autre chose. La France n'y est pas prête, les syndicats n'y sont pas prêts, Europe-Ecologie les Verts encore moins. Je pense que ce serait tout à son honneur d'agir avant la décision du Conseil constitutionnel [le 14 avril]. Si elle ne le fait toujours pas, il y aura le référendum. Le temps de recueillir les 4 millions de signatures nécessaires, cela prend des mois. Je ne vois pas comment ce gouvernement tiendra des mois comme si de rien n'était en essayant tranquillement de passer à la suite.

Concernant le maintien de l'ordre et le climat de violences que vous évoquez, qu'attendez-vous ? Des excuses de la part du gouvernement ?

Déjà de la considération parce que j'ai toujours condamné les violences dans les manifestations, cela fait quarante ans que les Verts le font. Par contre, j'ai très peu entendu le gouvernement se soucier des deux personnes qui sont entre la vie et la mort après la manifestation de Sainte-Soline et s'excuser de dérapages de certains policiers. Il y a un problème de maintien de l'ordre. Il y a huit manifestations qui se sont extrêmement bien passées et tout d'un coup, cela a basculé parce qu'il y a eu le 49.3, que le président de la République, dans un exercice qui était raté, a voulu faire un entretien qui était plein de cynisme et de mépris et cela a embrasé le pays. Il y a eu beaucoup de répression. Beaucoup de gens ont été victimes d'arrestations arbitraires, d'agressions sexuelles par des policiers qui ne sont pas représentatifs de toute la police mais il faut en parler.

Concernant Sainte-Soline, que pensez-vous du déploiement des forces de l'ordre ?

A Sainte-Soline, cinq millions d'euros avaient été dépensés pour protéger un trou. Pendant ce temps-là, des écologistes sont menacés dans tout le pays. Morgan Large, qui est journaliste spécialisée dans l'agro-business, a été victime d'une tentative de meurtre. Pour la deuxième fois en deux ans, sa voiture a été sabotée. Paul François, qui avait gagné son procès contre Monsanto, a été victime d'une agression extrêmement violente. Et eux, on ne les protège pas. C'est un vrai problème dont je souhaite m'entretenir avec Elisabeth Borne parce que cela va mal se terminer. Il va finir par y avoir un mort. Il y a de fortes chances qu'il soit écologiste. Je pense qu'il faut se réveiller avant que ça arrive.

Diriez-vous qu'avec cette réforme, la vie démocratique en prend un coup ?

Je suis encore très choquée de la une du Journal du dimanche de ce week-end avec un ministre de l'Intérieur qui menace tout le monde, parle de terrorisme intellectuel. Mais où on est ? On est la France en 2023. Moi je n'arrive toujours pas à y croire. Ce qui se passe est extrêmement grave. Il a expliqué que toutes les forces de l'ordre qui avaient été envoyées à Sainte-Soline devaient empêcher l'installation d'une ZAD. Mais il n'en a jamais été question, ni par les organisateurs, ni par les manifestants. Une semaine après, il est toujours en train de multiplier les mensonges et d'inventer des risques qui n'existent pas pour justifier une doctrine de maintien de l'ordre qui a été mise en place ce jour-là. Ce n'est pas acceptable et cela a été condamné par tout le monde. Quand l'outrance vient d'un ministre de l'Intérieur, c'est un problème pour l'Etat de droit. Je pense qu'Elisabeth Borne ne peut pas se taire beaucoup plus longtemps là-dessus, elle va être obligée de réagir parce que ce qui s'est passé est beaucoup trop grave.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.