: Vidéo Violences policières : "Le temps du débat est venu, dans quelques temps il sera peut être trop tard", selon le journaliste David Dufresne
Le documentaire "Un pays qui se tient sage" du journaliste, spécialiste des violences policières, sort en salles mercredi.
"Je crois que la police n'appartient pas qu'à la police, elle appartient à tout le monde, et tout le monde doit absolument s'intéresser à cette question, a déclaré ce mercredi sur franceinfo le journaliste David Dufresne, qui sort au cinéma mercredi 30 septembre le documentaire Un pays qui se tient sage, qui raconte les violences policières depuis le début du mouvement des gilets jaunes il y a deux ans.
franceinfo : Ce que vous voulez, c'est faire réfléchir, c'est ça l'objectif du film ?
David Dufresne : Oui, il y a deux ans de ça, il y avait la nécessité de partager la sidération, et aujourd'hui je pense, de nourrir le débat. Les choses se sont à peine apaisées mais en tout cas le moment du débat est absolument venu. Dans quelques temps, il sera peut être trop tard. Il y a aujourd'hui toute une prise de conscience autour de la nature de la police, de ses limites, de ses moyens et de ses difficultés. Il y a un débat qui s'ouvre, dont on sent bien qu'il faut un peu le forcer pour qu'il se maintienne. Le film est une façon de maintenir le débat.
Cet été, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a cité le sociologue allemand Max Weber pour justifier la "violence légitime" de la police.
Il faut absolument faire en sorte qu'on n'aille pas dans les raccourcis. La phrase exacte c'est "l'État revendique pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime". Le film parle de tout ça : qu'est-ce que la violence légitime ? Qu'est-ce que l'État ? Et surtout qu'est-ce que c'est que la revendication ? Gérald Darmanin a dit "la police détient le monopole de la violence". Non, pas du tout, ce n'est pas du tout ce que dit Max Weber ! Max Weber dit : "La communauté peut user de la violence légitime, en avoir le monopole." Je crois que la véritable question posée par le sociologue allemand Max Weber dont on parle souvent autour de la question de la légitimité, du "monopole de la violence légitime", et bien je pense que cette question est toujours d'actualité 100 ans plus tard, et la police mérite d'être discutée. Le film débouche sur la question de la démocratie, et l'idée est simplement de dire qu'à partir du moment où on accepte l'idée de la revendication, ça veut dire qu'il y a une discussion. La police est une force publique, c'est donc au nom de tous, donc elle doit être observée, discutée, au cas par cas jour après jour.
L'équilibre doit être difficile à trouver ?
D'un côté il y a ces images [de blessés] qu'on a vues et revues, mais qu'on a jamais regardées, et que le cinéma nous permet de regarder, de mettre sur grand écran. Les spectateurs verront qu'il y a des images entre les deux. On revient sur les lieux très calmement, pour finalement faire des "sas", passer d'une violence extrême, pas forcément avec du sang et des cris, à une réflexion. Le film est basé sur ces deux piliers. D'un côté les images sidérantes, car cette violence policière est sidérante, et l'envie de converser. Ce ne sont pas des entretiens, des interviews, mais des gens qui discutent entre eux : des policiers avec des journalistes, des historiennes avec un avocat, un gendarme avec un autre avocat, un cariste, une décoratrice, des gens qui ont été blessés, qui ont travaillé, trois syndicalistes de police. Il y a tout un tas de gens qui discutent.
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