Immolation par le feu d'un étudiant : quatre chiffres qui révèlent la précarité étudiante
Fédérations et syndicats étudiants évoquent des mesures urgentes à prendre pour faire face à la précarité étudiante. Focus sur les chiffres qui illustrent cette réalité.
Des centaines d'étudiants à travers la France ont manifesté mardi pour dénoncer la précarité qu'ils subissent, perturbant parfois les cours, suite à l'immolation d'un étudiant à Lyon vendredi. Le jeune homme de 22 ans a clairement exprimé la détresse qui a provoqué son acte, liée à ses difficultés. "Aujourd'hui je vais commettre l'irréparable, si je vise le bâtiment du Crous ce n'est pas par hasard, je vise un lieu politique, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et par extension le gouvernement", a écrit l'étudiant dans un message lu par une camarade après son acte. Brûlé à 90%, il était toujours mercredi entre la vie et la mort.
La précarité est une notion assez vaste qui intègre l'évaluation d'un risque potentiel à basculer dans une situation de pauvreté ou d'exclusion. Elle est souvent définie comme l'absence d'une ou plusieurs des sécurités fondamentales permettant d'assumer les responsabilités élémentaires, et de jouir de ses droits fondamentaux. Certaines données chiffrées permettent, concernant les étudiants, d'illustrer cette notion.
Un étudiant sur cinq sous le seuil de pauvreté en France
Interrogée sur franceinfo, Orlane François, présidente de la Fédération des associations générales étudiante (Fage), a appelé le gouvernement à prendre "des mesures fortes" pour aider "des étudiants dans la détresse la plus totale." " 20% des étudiants, dit-elle, vivent sous le seuil de pauvreté en France en 2019."
En réalité, on ne dispose pas à ce jour de chiffres pour 2019, ni pour 2018 ou 2017. Les dernières données de l'Insee remontent à une enquête réalisée en 2016. Le taux est cela dit exact. Le taux de personnes sous le seuil de pauvreté dans la catégorie "élèves et étudiants" était précisément à cette date de 20,8 %.
Moins d'un étudiant sur deux déclare avoir assez d'argent pour couvrir ses besoins
L'Observatoire de la vie étudiante réalise régulièrement une enquête nationale auprès d’un échantillon représentatif de l’ensemble des étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur. D'après la dernière enquête, qui remonte à 2016, seuls 45 % des étudiants déclarent avoir assez d'argent pour couvrir leurs besoins mensuels. 22,7% déclarent avoir été confrontés à d'importantes difficultés financières durant l'année.
L'enquête 2019 du syndicat étudiant UNEF sur le coût de la vie étudiante met en avant le fait que pour toutes les catégories d'étudiants, le "reste à charge" (la différence entre les postes de dépenses et les différentes aides, bourses et aides au logement) est en hausse en cette rentrée. L'enquête conclut à une hausse du coût de la vie étudiante de 2,83 % (supérieure à celle de l’inflation qui est de 1,20% sur un an).
La Fage évalue de son côté la hausse des frais de vie courante pour les étudiants à 2,73% en moyenne en 2019 par rapport à 2018.
Près d'un étudiant sur deux travaille
Cette hausse du coût de la vie accentue la dépendance familiale des étudiants. La dernière enquête nationale sur les conditions de vie des étudiants montre par ailleurs qu'en 2016, près d'un étudiant sur deux (46% des étudiants) avait une activité rémunérée. Dans 13% des cas, cette activité rémunérée était "concurrente des études", c'est à dire non liée aux études et exercée au moins à mi-temps et plus de six mois par an.
Parmi les étudiants qui exercent une activité rémunérée très concurrente des études, 88,2 % estiment que cette activité leur est indispensable pour vivre. 17,7% déclarent par ailleurs que cette activité a un impact négatif sur leurs résultats d'études. 33,5% estiment qu'elle est une source de stress et de tension nerveuse.
Plus d'un étudiant sur 10 renonce à voir un médecin pour raisons financières
Le volet santé de cette enquête de l'Observatoire de la vie étudiante montre qu'en 2016, 13,5 % des étudiants déclaraient avoir déjà renoncé à voir un médecin pour des raisons financières. Ce taux était de 16,9 % chez les étudiants d'origine sociale populaire.
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