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Procès AZF : jugement attendu aujourd'hui

Le tribunal correctionnel de Toulouse doit rendre son jugement aujourd'hui sur les causes de l'explosion de l'usine AZF, le 21 septembre 2001 à Toulouse, et sur les responsabilités éventuelles des dirigeants de l'usine chimique et du groupe Total, son propriétaire. Le procès de cette affaire avait duré quatre mois, de février à juin.
Article rédigé par franceinfo
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La justice va enfin dire aujourd'hui ce qui s'est passé le 21 septembre 2001, dans le hangar 221 de l'usine AZF de Toulouse, dont un mur et quelques ferrailles tordues se dressent encore, au centre d'un champ de boue et de mauvaises herbes (Cliquer ici pour consulter le dossier spécial de France Info).

Après quatre mois d'un procès hors-norme (23 février au 30 juin), auquel ont assisté plus de 31.000 personnes, dans une salle spécialement aménagée. Un procès à l'échelle de la catastrophe qui a marqué toute une ville, tué 31 personnes et fait 20.000 blessés et des milliers de sinistrés. C'est dire si la décision du tribunal correctionnel est attendue. Il aura fallu cinq mois de travail à cinq magistrats pour parvenir à la décision, qui couvrira sans doute une centaine de pages, car le tribunal correctionnel doit motiver ses décisions.

Le tribunal doit se prononcer tout d'abord sur la nature de la catastrophe. 70 experts sont passés à la barre pour examiner les différentes hypothèses et tenter d'éclairer le tribunal. La thèse défendue par l'accusation est celle d'un accident rendu possible à cause de “fautes caractérisées” du directeur de l'usine, Serge Biechlin et du propriétaire du site, Grande Paroisse, c'est à dire Total. Si le tribunal va dans ce sens, les prévenus devront donc répondre d' “homicides et blessures involontaires” .

Le Parquet, qui donc défend cette thèse, a requis les peines maximum pour ce délit, soit 225.000 euros d'amende, a été requise contre la société Grande Paroisse. Une telle condamnation serait assortie de lourdes réparations financières au bénéfice des 3.090 parties civiles. Total a déjà payé spontanément 1,95 milliard d'euros.
_ La cour devra d'ailleurs statuer sur le sort de Total. Le groupe pétrolier n'a pas été mis en cause par le juge d'instruction, mais des victimes l'ont fait, obligeant du coup son ex-PDG, Thierry Desmarest, à comparaître sur les bancs des prévenus. Mais le procureur de la République n'a demandé aucune peine, ni contre Total, ni contre Thierry Desmarest.

La seule personne physique mise en cause - pour l'instant donc - dans cette affaire est l'ancien directeur de l'usine, Serge Biechlin. A 64 ans, il encourt 3 ans de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende. Le ministère public l'accuse de négligence, “un dysfonctionnement grave dans la gestion des déchets, le recours à la sous-traitance (...) et le croisement de produits incompatibles”, en l'occurrence du nitrate d'amonium avec un produit chloré, réalisé par un sous-traitant.

Tous les prévenus ont plaidé pour une relaxe complète, niant toute faute et affirmant qu'aucune explication crédible n'avait été avancée à la catastrophe. Les prévenus, tout comme l'association des anciens salariés d'AZF conteste la thèse d'un accident dû à des négligences et demande un supplément d'information sur les causes de l'explosion. Le tribunal doit donner sa réponse également sur cette demande, qui ferait repartir l'affaire à zéro.

Grégoire Lecalot, avec agences

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