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Procès Colonna: le président, insulté, suspend l'audience

Le procès en appel d'Yvan Colonna a été suspendu juste après sa reprise cet après-midi par le président de la Cour d'assises spéciale de Paris, Didier Wacogne, qui s'est fait insulter par l'un des avocats de la défense.
Article rédigé par franceinfo
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Le procès Colonna vire à la foire d'empoigne. "Qu'est-ce que c'est que cette cour ? On se croirait devant la junte birmane ! Vous êtes indigne de présider ce procès !", a vociféré l'avocat d'Yvan Colonna, Me Antoine Sollacaro, hors de lui. "L'audience est suspendue'', lui a rétorqué Didier Wacogne en se levant et sans préciser pour combien de temps il se retirait. "Il y a des limites", a-t-il ajouté en quittant la salle, acquise au "berger de Cargèse", qui a vivement manifesté son soutien en applaudissant à tout rompre ce coup d'éclat de la défense.

Dans la matinée, les avocats d'Yvan Colonna s'étaient déjà plaints de l'audition tardive d'un enquêteur, Georges Lebbos, celui qui avait mené les interrogatoires de garde à vue d'une partie des membres du commando. Lors de ces interrogatoires, Colonna avait été mis en cause comme étant l'homme qui avait abattu le préfet de Corse Claude Erignac le 6 février 1998 à Ajaccio.

Le président de la Cour leur avait rappelé qu'il avait reçu un certificat médical, justifiant l'absence de M. Lebbos dont les méthodes ont servi par le passé à la défense pour discréditer l'enquête. Ce document a été communiqué aux parties à la mi-journée. Or, le certificat médical mentionnant un "état dépressif" de M. Lebbos "incompatible" avec sa venue au procès est daté du 4 février, soit cinq jours avant le début de l'audience.

Me Patrick Maisonneuve, autre défenseur d'Yvan Colonna, a regretté que ce document ait été "dissimulé" et rappelé qu'une lettre d'un autre témoin, Didier Vinolas, évoquant deux autres possibles suspects, n'avait pas non plus été évoquée par le président Wacogne, avant que M. Vinolas ne fasse un témoignage retentissant, le 13 février. "Encore une fois se pose dans ces débats la question de la loyauté" et celle de "l'impartialité", a commenté Me Maisonneuve. Face aux explications confuses du président, l'avocat a alors explosé : "Vous nous cachez l'absence d'un témoin essentiel!".

Ces deux incidents ne font que renforcer le climat tendu dans lequel se déroulent les audiences. Après l'épisode Vinolas, une demande de récusation du président Wacogne avait été déposée par la défense. Le premier président de la cour d'appel l'avait rejetée.

Anne Jocteur Monrozier, avec agences

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