Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : une nouvelle expertise psychiatrique conclut à l'abolition du discernement du suspect
Une troisième expertise psychiatrique réalisée sur le lycéen suspecté d'avoir tué une professeure d'espagnol le 22 février 2023 à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) conclut à l’abolition de son discernement, et à son irresponsabilité, rapporte mercredi France Bleu Pays Basque. Elle a été remise à la juge d’instruction le 29 novembre. Cette expertise contredit les deux premières.
Le rapport de l'expert pédopsychiatre conclut à une abolition du discernement au moment des faits. Cela signifie que pendant que l'élève de seconde a porté les coups de couteaux mortels, il était atteint d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes. Lors de son arrestation, le lycéen avait déclaré être "possédé" et "avoir entendu des voix", lui intimant l'ordre de tuer son enseignante. En droit, cette abolition du discernement signifie que le suspect serait irresponsable et ne pourrait donc pas être jugé par la cour d'assises.
Selon l'avocat de l'adolescent, Me Thierry Sagardoytho, "ce dossier devient difficilement lisible, nous sommes face à un cas de conscience pour appréhender les subtilités de la psychiatrie et les conséquences qui s'y attachent", déclare-t-il à France Bleu Pays Basque. Pour l'avocat palois, "lorsqu'on est en présence d'une irresponsabilité, c'est-à-dire d'une abolition du discernement, l'alternative, ce n'est pas l'incarcération, mais le placement dans un établissement de soins spécialisé".
Une décision avant la fin du mois d'avril 2025
Au moment des faits, le lycéen était sous traitement médical pour des troubles psychologiques. La dernière expertise en parle, souligne son défenseur : "Elle précise, de façon encore plus concordante que la seconde, que le médicament qui lui était prescrit a pu participer à l'apparition et à la majoration des troubles de personnalité" qui ont conduit à ce geste terrible, argumente son défenseur.
La première expertise avait estimé que le collégien était totalement responsable de ses actes alors que la seconde pointait une "altération du discernement", ce qui signifie que le trouble psychique est réel, mais qu'il n'est pas suffisant pour abolir le discernement. La magistrate en charge de cette affaire doit rendre une décision avant la fin du mois d'avril 2025. Tout cela va être débattu dans le cadre de l'instruction judiciaire ouverte au tribunal de Bayonne il y a bientôt deux ans.
En février 2023, l'adolescent s'était levé en plein cours, tenant une arme blanche cachée dans du papier, bloquant la porte d'entrée de la salle de classe, avant de se diriger vers l'enseignante et de la poignarder en pleine poitrine. Les secours n'avaient pas pu ranimer Agnès Lassalle et l'adolescent avait été retrouvé rapidement, prostré dans une salle voisine. Mis en examen pour assassinat, il avait été placé en détention provisoire. Il se trouve toujours dans l'établissement pénitentiaire spécialisé pour mineurs de Lavaur, près de Toulouse en Haute-Garonne.
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