Suicide d'un médecin de l'Hôpital américain de Neuilly : l’enquête relancée
Trois ans après le suicide de son mari, la veuve d’un médecin de renom de l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) a porté plainte avec constitution de partie civile pour obtenir l’ouverture d’une nouvelle enquête, a appris franceinfo de sources concordantes. L'enquête préliminaire, ouverte pour harcèlement moral et professionnel et révélée à l'époque par franceinfo, avait été classée sans suite en novembre 2021.
"Ce geste, ce n'est pas lui"
Le corps d'Emmanuel M. avait été retrouvé à l'arrière de sa voiture, en forêt de Montmorency (Val-d'Oise), le 16 février 2020. Il s'était lui-même pratiqué une perfusion avec du matériel chirurgical avant de s'injecter une dose létale. "Ce geste, ce n'est pas lui. Cela ne lui correspond pas", expliquait en décembre 2020 son épouse à franceinfo.
Dans sa plainte déposée contre X en juin 2020, elle décrivait une atmosphère "atroce", une pression hiérarchique "insupportable" et des dysfonctionnements graves, connus de la direction de l'hôpital, au sein du pôle de réanimation et d’anesthésie. La veuve du médecin avait également précisé aux policiers que son mari "ne connaissait pas de problèmes personnels en dehors de son travail, tant au niveau familial, conjugal que financier".
Une émotion considérable dans la communauté médicale
L'enquête préliminaire ouverte après cette plainte avait été classée sans suite en novembre 2021 par le parquet de Nanterre. Les investigations n'avaient alors révélé "aucun élément permettant de caractériser suffisamment la commission d'une infraction pénale", selon une source judiciaire à franceinfo. Les éléments recueillis lors de cette enquête sont pourtant "accablants pour la direction de l'hôpital américain", estime mercredi auprès de franceinfo l'avocat de la veuve, maître Benjamin Bohbot.
"La décision de classement sans suite du procureur de Nanterre n’a pas de sens. C’est la raison pour laquelle il est indispensable qu’un juge indépendant et impartial puisse poursuivre les investigations."
maître Benjamin Bohbot, avocat de la veuve du médecinà franceinfo
Selon nos informations, les enquêteurs parisiens de la brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) avaient entendu des dizaines d’anciens collègues de l'anesthésiste-réanimateur, des cadres et des administrateurs de l’établissement mais n'avaient pas procédé à la saisie de matériels. Parmi les témoins, l’ancien chef du pôle anesthésie-réanimation, qui a nié avoir harcelé l'anesthésiste.
La mort d’Emmanuel Marret avait provoqué une émotion considérable au sein de la communauté des anesthésistes français et de ses collègues de l'Hôpital américain. La société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) et le syndicat national des anesthésistes réanimateurs (Snarf) lui avait rendu hommage, saluant "un médecin brillant, titulaire d’une thèse de science et de nombreuses publications dans des revues nationales et internationales faisant preuve d’une intelligence hors norme en toutes situations." Près de 400 personnes, dont une majorité de médecins, avaient assisté à son enterrement.
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