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Une victime de l’attentat de Nice conteste le montant des indemnisations

Franceinfo vous révèle dimanche qu'au moins une des victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice va déposer une requête devant le tribunal de grande instance de Créteil pour contester le montant définitif proposé par le fonds d'indemnisation.

Article rédigé par Delphine Gotchaux, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 7 février 2017, la plupart des souvenirs déposés au kiosque à musique du jardin Albert 1er en mémoire des victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 ont été déménagés pour être mis à l'abri du temps et des intempéries. (VALERY HACHE / AFP)

Le fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme vient de commencer à faire des propositions d'indemnisation définitives aux victimes et familles de victimes de l'attentat de Nice, le 14 juillet dernier sur la promenade des Anglais. Franceinfo vous révèle dimanche 26 février qu'au moins une des victimes indirectes va déposer une requête devant le tribunal de grande instance de Créteil pour contester le montant définitif proposé. 

Le préjudice économique n'a pas été retenu

Natacha Buchet a perdu sa mère, Jacqueline, 64 ans, dans l’attentat. Une mère qui vivait à quelques kilomètres de chez elle, s'occupait de ses deux petites filles pendant les vacances et les mercredis. Car Natacha Buchet est une maman célibataire. Désormais elle doit faire face, seule, aussi sur un plan économique. Son avocat avait demandé 330 000 euros d'indemnisation. Le fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme lui propose 10 fois moins.

Avec ce qu’il me donne je peux payer une nounou pendant deux ans et demi à hauteur de ce que faisait ma mère

Natacha Buchet a perdu sa mère dans l'attentat

à franceinfo

L'Etat ne respecte pas ses engagements, selon l'avocat de la famille

Le préjudice économique n'a pas été retenu par le fonds de garantie, ni pour le moment le préjudice d'attente et d'inquiétude, car Natacha Buchet n'a su que quatre jours après l'attentat que sa mère faisait partie des victimes. "On a été bercé depuis plusieurs mois au travers des discours, des commémorations, de propos disant que tout serait fait par la nation pour réparer, autant que faire se peut, la douleur des victimes. Et ce tout devient un presque rien, d’où l’indignation", explique Maître Morain à franceinfo. L'avocat de Natacha Buchet va donc contester le montant proposé par le fonds de garantie, qui rappelle que même si l'offre est refusée, le fonds verse de toute façon 80% de l'indemnisation proposée.

On a été clairement bercé d’illusions

Maître Morain, avocat de la famille

à franceinfo

"Il n’y a pas d’indemnisation de la douleur qui corresponde à la douleur", estime la Secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes

Contactée par franceinfo, Juliette Méadel, Secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes a réagi à la détresse de Natacha Buchet qui a perdu sa mère. "Dans un cas comme celui-ci, quelle que soit la somme proposée, ce n’est jamais assez. Il n’y a pas d’indemnisation de la douleur qui corresponde à la douleur. On ne peut pas avec une réparation financière éponger et cautériser une blessure qui est celle que l’on a lorsque l’on a perdu un enfant ou un parent", a- t-elle estimé dimanche 26 février. "Le débat financier est souvent un débat qui vient en réalité tenter de réparer une profonde blessure, mais ce n’est jamais complètement satisfaisant", a-t-elle ajouté.

>>> La réponse intégrale de Juliette Méadel, sur franceinfo

Un peu plus de sept mois après cet attentat qui a fait 86 morts et 250 blessés, plus de 2 000 dossiers d'indemnisation ont été déposés et 16,3 millions d’euros ont déjà été versés, selon nos informations. Le fonds estime à au moins 300 millions d'euros le coût total de l'attentat.

Une victime de l’attentat de Nice conteste le montant des indemnisations. Le reportage de Delphine Gotchaux

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