Procès de l'attentat de Nice : les Niçois s'accommodent comme ils le peuvent de la tenue du procès à Paris, loin de chez eux
Le procès de l'attentat de Nice s'est ouvert, lundi, devant la cour d'assises spéciale de Paris et retransmis à Nice dans deux salles du palais des congrès. Une situation qui interpelle victimes et habitants, qui auraient, pour certains, préféré que les audiences se tiennent à Nice.
Jean-Paul regarde l'audience du procès de l'attentat, dans la salle du public, à Nice. Il y a six ans, il a connu la course, la peur, la panique sur la Promenade des Anglais, lorsque ce 14 juillet là, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel fonçait sur la foule à bord d'un camion de 19 tonnes, faisant 86 morts et des centaines de blessés sur la Promenade des Anglais. Sept hommes et une femme sont jugés depuis lundi 5 septembre devant la cour d'assises spéciale de Paris : trois d'entre eux comparaissent pour terrorisme, en raison de leurs liens avec Mohamed Lahouaiej Bouhlel.
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Aujourd'hui, ce Niçois est en colère de devoir suivre à distance le procès."Quand il y a eu le Bataclan, le procès s'est passé à Paris, il ne s'est pas passé à Montpellier ou à Nice !, peste-t-il, amer. Moi, je pense qu'il aurait été très important de le faire ici, pour les Niçois, pour que les gens fassent leur deuil, parce que je pense que beaucoup de gens n'ont pas fait leur deuil. Ce que je ressens actuellement, c'est de la colère. Et je n'ai pas fait mon deuil encore."
"Pour moi, c'était logique que ce soit ici"
Des avocats avaient bien demandé la tenue du procès, ici à Nice mais la grande salle parisienne a finalement été choisie pour des questions de sécurité et d'espace au vu du nombre de parties civiles. Les victimes et leurs proches s'en accommodent, comme Loubna, 31 ans. Sa sœur et sa nièce ont été blessées le 14 juillet. "Moi aussi, explique-t-elle, au départ, je me suis dit 'Mince, c'est pas chez nous' ! Alors que c'était sur notre promenade, que ça s'est passé ici, avec des gens qui vivaient ici. Pour moi, c'était logique que ce soit ici."
"Je ne suis pas en colère : je comprends que c'est plus compliqué que ça. Je suis très contente qu'on puisse suivre cela depuis Nice en direct, et qu'on puisse se sentir impliqués."
Loubnaà franceinfo
"Cela aurait été très compliqué pour moi de monter à Paris, ajoute-t-elle. Je pense que j'irai pour les dates qui me semblent importantes." Loubna pense notamment à l'audition de sa sœur, fin septembre.
Pour d'autres victimes, au contraire, la distance est comme une protection. Dans la salle réservée pour les parties civiles, Maria-Isabel se sent à l'abri du regard des accusés. "La distance est nécessaire, estime-t-elle. Parce que ce sont des personnes qu'on n'a pas à avoir dans son entourage. Je ne suis pas intéressée de les voir en vrai. Même, il faut qu'ils restent comme un rêve." Maria-Isabel n'ira donc pas à Paris pour témoigner. Elle suivra le procès autant que possible, ici, à Nice, sur les écrans géants de la salle du palais des congrès Acropolis. Les audiences, qui auront lieu du mardi au vendredi, seront également accessibles via une webradio pour les parties civiles qui en feront la demande.
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