: Témoignage Procès de l'attentat de Nice : "On sent qu'on va être déçu par le verdict", redoute une victime
L’heure du verdict. Le procès de l'attentat de Nice s'achève ce mardi 13 décembre, plus de deux mois après son ouverture à la cour d'assises spéciale de Paris. Sur le banc se trouve huit accusés : sept hommes et une femme sont jugés depuis le 5 septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris. A combien seront-ils condamnés ? Les parties civiles se posent la question.
Lundi dans la salle d'audience parisienne, des victimes beaucoup plus nombreuses d'habitude sont venues entendre les derniers mots des accusés. Les prises de parole ont été très brèves, parfois maladroites, qui ont beaucoup agacé Nadège, l’une des victimes du 14 juillet 2016. "'On vous souhaite que bonheur' : ils ont osé dire ça ! J'entre dans une phase de colère terrible. C'est horrible d'avoir les tripes pris, alors que j'étais venue déposer et que j'étais apaisée. Et là, vraiment de quelqu'un de joyeux, je suis passée à quelqu'un en colère", confie-t-elle avec amertume.
"C'est vraiment un sentiment de fin de procès bâclé"
Nadège, victime de l'attentat de Nice à franceinfo
Nadège attend maintenant le verdict avec beaucoup d’appréhension. Elle est d’autant plus inquiète que les réquisitions du parquet, 15 ans de réclusion criminelle pour les trois principaux accusés, deux à dix ans pour les autres, ont déçu beaucoup de parties civiles. Notamment Célia Viale. Elle a perdu sa mère le soir de l’attentat. "On sent qu'on va être déçu par le verdict. J'ai confiance et en même temps, je vois comment ça tourne. Je me demande là, après les réquisitions du parquet, j'ai peur que les peines soient légères", redoute la jeune femme. Cela fait d’autant plus peur à Célia qu’avec les années déjà passées en détention provisoire, certains accusés pourraient sortir de prison plus vite qu’elle ne l’avait imaginé.
"Le doute doit profiter à l'accusé", selon la Défense
Les avocats de la défense espèrent au contraire un verdict juste et mesuré. La douleur des victimes ne doit pas peser sur les accusés disent-ils. Le terroriste de la promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, est mort le soir de l'attaque, le 14 juillet 2016. Aucun des accusés présents sur le banc n’a participé directement à l’attentat rappelle Me Vincent Brengarth. Il défend Mohamed Ghraieb, l’un des principaux accusés."Il y a un moment où la justice doit assumer et doit accepter qu'il y ait des zones d'ombre considérables dans ce dossier et qu'il y ait véritablement un doute et que ce doute doit profiter à l'accusé. Ce n'est pas parce qu'il y a eu plus de 80 morts que, mécaniquement, on doit entraîner une condamnation au profit d'une logique qui est celle du coupable par substitution", assure-t-il.
Le verdict est désormais entre les mains des juges : cinq titulaires et un suppléant. Ils délibèrent depuis lundi 13 décembre à huis clos dans une salle tenue secrète. Leur décision est attendue mardi soir.
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