Victimes d’attentats : se soigner par des stimulations visuelles
Au moment où un hommage national est rendu aux victimes de l’attentat de Nice samedi 15 octobre, des centaines de personnes présentes sur la promenade des Anglais luttent toujours contre le traumatisme psychologique.
C’est une thérapie née dans les années 80 aux Etats-Unis et reconnue depuis plusieurs années par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Elle s’appelle l’EMDR, acronyme anglais pour "retraitement et désensibilisation par le mouvement des yeux."
Hilan était à Nice le soir du 14 juillet lors de l'attentat qui a coûté la vie à 86 personnes et en a blessé une cinquantaine, aujourd’hui son psychothérapeute lui demande de se remémorer les images de cette nuit d’horreur.
Ces corps… le téléphone qui sonne et de l’autre du côté du camion, il y a cette jeune fille qui est allongée, elle ne bouge plus... Je ressens toujours de l’angoisse
Pendant qu’Hilan raconte ses souvenirs de la soirée, André Quadéri, professeur de psychologie clinique à l’université de Nice tapote sur les genoux de son patient. L’idée c’est de provoquer une stimulation bilatérale. Autrement dit, cela permet de classer dans le passé un évènement traumatisant selon le médecin.
Ces mouvements vont provoquer un dialogue du et déclencher une désensibilisation. L’évocation de l’image traumatique va être ensuite moins sensible
Un soulagement au bout de 5 à 10 séances
HIlan assure se sentir mieux pendant 24 h à 48 h après une séance chez son psychothérapeute. Mais la pratique de l’EMDR ne fait pas l’unanimité. Une partie des psychanalystes comme Claude Halmos est sceptique. Elle estime qu’il faudrait un travail plus en profondeur. "C'est séduisant parce qu'on a l'impression que face à ce traumatisme qui vient vous hanter, il y a quelqu'un de plus fort que ce fantôme" explique-t-elle. Tout en mettant en garde contre d’éventuels gourous.
On ne peut pas s'en sortir sans rien faire. Ca ne se passe pas comme ça !
Isabelle Meignant, la présidente "d’Action EMDR trauma", un réseau qui est intervenu auprès d’une centaine de victimes des attentats de Paris et de Nice, est, elle complètement séduite par la technique."On n'est pas un guide, on ne dirige pas le patient, on ne fait que l'accompagner" dit-elle.
Des thérapeutes EMDR qui réclament une meilleure reconnaissance de leur pratique notamment dans le contexte terroriste actuel. Pour le moment une seule formation universitaire y est consacrée.
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