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Attentats de Paris : l'ex-maire socialiste de Molenbeek ne se sent "absolument pas" responsable

Philippe Moureaux a dirigé la commune belge jusqu'en 2012. Il a accordé un entretien à l'AFP, à l'occasion de la sortie, vendredi, de son livre, "La Vérité sur Molenbeek".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Dans le quartier de Molenbeek, à Bruxelles( Belgique), le 17 novembre 2015.  (YVES HERMAN / REUTERS)

Il livre sa "vérité". L'ancien maire socialiste de Molenbeek, une commune de la banlieue de Bruxelles (Belgique), ne se sent "absolument pas" responsable des attentats du 13 novembre en France (130 morts et plus de 350 blessés). Il s'en explique dans un entretien à l'AFP, à l'occasion de la sortie, vendredi 19 février, de son livre intitulé La Vérité sur Molenbeek (Ed La Boîte à Pandore).

Pour Philippe Moureaux, ex-ministre de la Justice et figure du Parti socialiste francophone belge, Molenbeek n'a rien "du trou à rats" évoqué par Donald Trump. Mais la criminalité locale, la montée du radicalisme religieux et les "défaillances" de la police expliquent que des petits caïds comme Abdelhammid Abaaoud ou les frères Abdeslam ont pu y trouver un terrain idéal pour préparer les attentats de Paris.

"Je suis le premier maire à avoir interdit le voile intégral"

"Quand j'ai vu monter le radicalisme, j'ai essayé de le contrer. Ce n'était pas encore aussi violent qu'aujourd'hui (...). Je suis le premier maire à avoir interdit le voile intégral en Belgique", se défend Philippe Moureaux, souvent taxé de "laxisme" par ses adversaires politiques. "Il y a eu une exacerbation du radicalisme à travers le phénomène syrien quand je n'étais plus à la tête de la commune", ajoute l'ancien bourgmestre (maire) qui a lâché les rênes de la commune populaire du nord de l'agglomération bruxelloise en 2012, après l'avoir dirigée pendant vingt ans.

La moitié de la population de Molenbeek, soit environ 50 000 personnes, "a une connotation arabo-musulmane non négligeable", relève-t-il. "Je me promenais dans la ville jour et nuit, tout seul, sans difficulté", souligne l'ancien édile, âgé de 76 ans. "Ce qui est propre à Molenbeek, et c'est dramatique, c'est cette cellule, qui à un moment donné se constitue autour d'Abdelhamid Abaaoud [organisateur présumé des attentats revendiqués par l'Etat islamique]. C'est lui qui a été véritablement le polarisateur, celui qui, à travers des potes, des copains, a constitué cette cellule qui a dramatiquement agi à Paris".

Pour l'ex-élu socialiste, les difficultés économiques ne suffisent pas à expliquer la dérive de certains de ses anciens administrés. "Abaaoud, qui est plutôt un enfant d'une famille moyennement aisée, va partir [en Syrie] et il va alors se comporter d'une façon particulièrement violente. Beaucoup ont vu ces images atroces où il traîne des cadavres", rappelle Philippe Moureaux, qui habite toujours la commune.

"Les départs en Syrie et en Libye continuent"

"C'est l'amalgame entre délinquance classique et goût de la violence" qui fait le terreau de ceux qui deviendront des jihadistes, analyse-t-il. "Ensuite, une espèce de justification, qui est la religion, vient se rajouter. Les frères Abdeslam [Brahim, qui s'est fait exploser dans l'est parisien le 13 novembre, et Salah, suspect clé toujours en fuite], sont assez caractéristiques. Ils sont dans la petite délinquance, ils vont tout d'un coup être fascinés par leur ancien copain Abaaoud, et c'est en quelques mois, quelques semaines, qu'ils vont basculer dans le radicalisme religieux", raconte l'ancien bourgmestre.

Et ce n'est pas fini. La "frange" de la population qui continue à soutenir les jihadistes "est à mon avis en train d'un peu grandir", avertit-il. "Quand ont dit qu'on va bombarder Molenbeek, ça alimente le radicalisme", déplore-t-il en évoquant des commentaires –qui se voulaient ironiques– du polémiste Eric Zemmour. "Ça leur permet de dire : 'Regardez comment ils vous traitent'. Et je peux vous dire que les départs continuent. Il y a même des jeunes filles. Maintenant, c'est aussi des départs vers la Libye, pas uniquement vers le Moyen-Orient. On est dans une situation qui est loin d'être apaisée."

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