Attentats de Paris : le mystère des kamikazes du Stade de France
Les enquêteurs tentent de comprendre le scénario de l'attaque contre l'enceinte où se déroulait le match France-Allemagne.
Pourquoi se sont-ils fait sauter à ces endroits-là ? Enquêteurs et experts tentent de comprendre pourquoi, alors qu'ils auraient pu provoquer un carnage et une panique mortelle, les trois kamikazes du Stade de France se sont fait sauter vendredi 13 novembre dans des lieux isolés, ne tuant qu'une personne, là où ils auraient pu faire beaucoup plus de victimes.
>> Suivez la situation dans notre direct
Francetv info détaille les premiers éléments de l'enquête.
Trois explosions en 40 minutes
21h20, vendredi. Le match France-Allemagne a commencé. L'esplanade et les abords du Stade de France à Saint-Denis sont quasi déserts. Au niveau de la porte D, le premier jihadiste actionne le détonateur de sa ceinture explosive remplie de TATP (explosif artisanal) et de boulons. Un passant, proche de lui, est tué.
21h30. Nouvelle détonation. Seule victime : le jihadiste, dont le corps coupé en deux gît sur le bitume. La vitrine du restaurant voisin est à peine fendue.
22h. Dans une rue voisine, une dernière explosion ne tue que le porteur de la ceinture piégée, dans l'entrée d'une impasse, comme s'il s'était isolé avant d'appuyer sur le bouton mortel.
Des scénarios possibles bien plus dramatiques
Avant le match. S'ils s'étaient mêlés, une heure plus tôt, aux files de supporters attendant d'entrer dans le stade, ils auraient tué ou blessé des dizaines de personnes, et provoqué des mouvements de panique qui, dans ces circonstances, sont souvent plus mortels que les déflagrations.
Cela aurait sans doute conduit à l'annulation de la rencontre, à laquelle devaient assister François Hollande et le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Les terroristes auraient obtenu en quelques secondes une couverture médiatique mondiale, peu de temps avant que des tireurs ne commencent à ensanglanter le centre de Paris.
A la fin de la rencontre. S'ils avaient attendu le coup de sifflet final, quand des milliers de personnes se pressent vers le métro, ils auraient là aussi fait de terribles dégâts, d'autant que Paris aurait déjà été sous le coup des attaques contre les restaurants et le Bataclan.
Une logique "incompréhensible"
"C'est incompréhensible", confie dimanche à l'AFP, sous le sceau de l'anonymat, une source policière. "Il est miraculeux qu'il y ait eu si peu de victimes. Concrètement, ce qu'ils ont fait, à part se suicider, ça n'a aucun sens." "Ce n'est pas la bonne heure : si vous voulez faire un carnage, vous faites ça au moment de l'entrée ou de la sortie des spectateurs, ajoute le même policier. Autant ce qui s'est passé dans Paris intra-muros a du sens, autant là ce sont juste des mecs qui se sont suicidés."
L'ancien chef d'un service français du renseignement, qui demande lui aussi à rester anonyme, estime que, "vu ce que portaient les trois kamikazes, des ceintures légères plus que des gilets, on peut penser que, s'ils avaient attendu d'être au sein d'une foule, ils auraient tué autour d'eux au moins cinq ou six personnes chacun, et fait une vingtaine de blessés".
"Mais, surtout, ils auraient créé une panique incroyable, ajoute-t-il. La panique, par effet indirect, c'est terrible. Les gens se piétinent. Il y aurait eu un effet terrorisant bien supérieur. Il va falloir attendre les résultats d'une enquête approfondie, remonter le fil de l'opération, si tant est qu'on puisse le faire, pour essayer de comprendre ce qu'ils ont fait."
Des terroristes "peut-être pas bien malins"
Grâce aux caméras de surveillance qui couvrent toute l'esplanade, et dont les images sont en cours d'analyse, les enquêteurs vont certainement reconstituer le parcours des trois hommes, trouver comment et quand ils sont arrivés, ce qu'ils ont fait, savoir si l'un d'entre eux a tenté de pénétrer dans l'enceinte ou si quelqu'un, parmi le service d'ordre, les avait repérés.
"On court partout pour essayer de récolter un maximum d'infos, mais on n'a pas grand succès", observe la même source policière. "Pour l'instant, l'hypothèse la plus probable, conclut l'ancien spécialiste du renseignement, c'est qu'ils avaient pour consigne de taper à 21h20 pour se coordonner avec le Bataclan. Ils n'étaient peut-être pas bien malins, ils n'avaient pas réussi à se positionner là où ils auraient dû, ils se sont fait péter à l'heure où on leur a dit..."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.