Attentats du 13-Novembre : il faut "détruire le territoire de Daech dans les esprits"
Auteur de "Nour, pourquoi n'ai-je rien vu venir ?" (Seuils), l'islamologue Rachid Benzine revient sur les attentats du 13-Novembre, qui ont frappé la capitale il y a un an. Il s'intéresse au parcours des jeunes Français partis rejoindre les jihadistes.
Écrire un dialogue fictif entre un père et sa fille, partie soudainement en Irak pour vivre avec un lieutenant du groupe État islamique : l'idée de Rachid Benzine est née après les attentats du 13-Novembre. Son livre Nour, pourquoi n'ai-je rien vu venir ? (Seuils) est sorti en librairie début octobre. Un an après les attaques qui ont meurtri la capitale française, l'islamologue revient pour franceinfo sur la problématique des jeunes Français tentés par le jihad.
franceinfo : Les attentats du 13-Novembre sont-ils toujours une déchirure pour vous ?
La blessure est toujours là. La cicatrice mettra du temps à se refermer. Un an après, on constate que la société n'a pas basculé. La résilience de la société est même en cours. Nous ne sommes pas tombés dans cette séparation entre musulmans et non-musulmans, souhaitée par Daech. Mais si l'amalgame n'a pas été fait, la peur en revanche est vraiment là. Il y a même de plus en plus de peur.
Quand vous voyez les jeunes qui partent rejoindre Daech ou qui sont prêts à commettre des attentats au nom d'Allah, qu'avez-vous envie de leur dire ?
Il faut dire à ces jeunes que leur avenir est ici, qu'ils ont grandi ici, qu'ils sont avant tout des Français. Il faut les inscrire sur un territoire pour leur faire comprendre que l'idéologie de Daech mène à une impasse. On peut comprendre leur attirance pour l'aspect révolutionnaire, pour le besoin d'idéal et d'espérance. Mais il est très important que la France reconnaisse que ces jeunes sont ses petits-enfants. Ce ne sont pas des enfants d'ailleurs. Il y a un véritable déficit de reconnaissance.
Quel est le projet que nous sommes capables de proposer à notre jeunesse ? Daech avait un projet pour eux. Et ce projet continue. On peut détruire le territoire physique de Daech. La vraie question, c'est de savoir comment nous allons réussir à détruire ce territoire dans les esprits.
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