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Larmes et recueillement... Le 11e arrondissement de Paris sous le choc au lendemain d'attentats

Résumé d'une journée passée dans le 11e arrondissement de Paris, entre les différents lieux visés par les attaques terroristes.

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une femme accroche un bouquet de fleurs sur le site d'une des fusillades, le 14 novembre 2015, à Paris.  (GONZALO FUENTES / REUTERS)

Cela aurait pu être un samedi gris de novembre comme les autres. Mais au bar en bas de chez moi, un message, explicite, rappelle la nuit très courte et les attentats qui ont frappé Paris, vendredi 13 novembre."En raison des événements récents, nous informons que le bar n’ouvrira ses portes qu’à partir de 14 heures", dit le billet. Une jeune femme traverse la rue en courant. Elle pleure. Sur le chemin vers le Bataclan, les mines sont déconfites et les yeux rougis. Le 11e arrondissement est sous le choc. 

Instantanés d’une journée à déambuler dans le quartier.

Bus noir et habitants hébétés près du Bataclan

Forêt de camions satellites et caméras tout autour du Bataclan. Au croisement entre le boulevard Voltaire et l’avenue Richard-Lenoir, les passants se mêlent aux journalistes, à quelques mètres de la salle de spectacle. La façade brille encore. Un long bus noir et des bâches en cachent l’entrée. Dans le silence, on assiste seulement au balai des voitures des services funéraires.

Manuela habite la rue d’à côté. Elle a tout entendu, cette nuit. Elle a "d’abord cru à des pétards" avant de comprendre. Et même si la préfecture recommande de rester chez soi, elle a été obligée de sortir. "Je suis assez choquée. J'avais besoin de venir ici, d’exorciser", m'explique-t-elle, avant de vite repartir.

Proches sous le choc à la mairie du 11e arrondissement

A la mairie du 11e arrondissement, place Léon Blum, une cellule d’urgence psychologique a été mise en place peu après les attentats. Dans la nuit, les équipes ont reçu 167 personnes, rescapées des fusillades. Ce matin, des proches de victimes et d'autres personnes dites "impliquées" viennent chercher de l’aide auprès des sept psychiatres et psychologues venus de Lille (Nord) en renfort. En parallèle, les mariages continuent. 

Accompagné de deux amis, un homme sort de la mairie, le visage en larmes. Sa femme était au concert du groupe Eagles of Death Metal. Il n’a pas de nouvelles et repart sans savoir si elle est morte ou hospitalisée quelque part dans Paris. "On nous a dit de patienter", lâche-t-il en s’éloignant. Le manque d’informations tord les ventres.

Frédérique Warembourg, médecin psychiatre, décrit des personnes "extrêmement choquées" par ce qu’elles ont vu. "Beaucoup sont en état de stress très intense et souffrent de pathologies post-traumatiques sévères", explique-t-elle. 

Un couple, visage blême, repart main dans la main. Trop remué pour parler. 

Des hommages de la place Léon Blum à République

"Douleur, effroi, compassion." Le cahier d'hommages aux victimes n'en finit pas de se remplir devant la mairie du 11e arrondissement. Famille venue du Sud-Ouest, touristes américains ou habitants du quartier ont tous un petit mot pour les morts et les blessés. Une femme demande si elle peut donner son sang. On la redirige vers les hôpitaux.

Un peu plus haut, place de la République, les passants déposent bougies et fleurs.

La statue de la place de la République se remplit de fleurs et de messages.  (JULIE RASPLUS / FRANCETV INFO)

Ils restent là, dans le silence de la ville, parfois troublé par les interventions de policiers en civil : "On circule, on recule. C'est pour votre sécurité." Au fond de la place, la devise de Paris, "Fluctuat nec mergitur", apparaît à la faveur de graffeurs. 

Des résidents bouleversés rue Bichat

Au carrefour entre la rue Alibert et la rue Bichat, l'émotion est à son comble. Contrairement aux autres lieux que j'ai parcourus, on peut approcher les entrées du Carillon et du Petit Cambodge. Le sang a été nettoyé ou recouvert de sciure de bois, mais des gouttes persistent sur la façade du bar, criblée d'impressionnants impacts de balles. 

Rue Bichat, des habitants déposent des fleurs devant le bar Le Carillon.  (JULIE RASPLUS / FRANCETV INFO)

Installés autour d'un banc, Tarek et Pia ont du mal à s'en remettre. La maire de Paris, Anne Hidalgo, vient de les saluer, leur soufflant que "c'est bien d'être là".

La maire de Paris, Anne Hidalgo, se recueille devant le restaurant Le Petit Cambodge, rue Bichat.  (JULIE RASPLUS / FRANCETV INFO)

Les deux sont du quartier, "nés ici". Ils connaissent tout le staff du Carillon. Vendredi, c'était soir de match. En temps normal, tout le monde rapplique, mais par chance pour leur groupe d'amis, personne n'était de sortie. Le sort tient parfois à quelques hasards, comme une écharpe oubliée chez soi ou une flemme subite de sortir.

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