Mort du dessinateur Fred Dewilde : "Le terrorisme et les traumas qui vont avec, c'est un poison très lent", témoigne le président de Life for Paris
"Il faut amortir le choc et s'assurer qu'il n'y aura pas de suicide sur ce suicide. C'est toujours notre crainte", a témoigné mardi 7 mai sur France Inter Arthur Dénouveaux, président de Life for Paris, association de victimes et de familles de victimes des attentats du 13-Novembre 2015, après la mort de Fred Dewilde. Le dessinateur, rescapé de l'attentat du Bataclan, a mis fin à ses jours ce dimanche.
"C'est le troisième suicide dans la communauté des victimes du 13-Novembre, rappelle Arthur Dénouveaux. Et à chaque fois, il y a cette même crainte qu'il y ait un effet boule de neige quand on l'apprend." L'association a pris le temps "d'appeler ses amis les plus proches dans la communauté des rescapés, individuellement", avant de rendre l'information de la mort de Fred Dewilde publique.
"On a des pare-feux, on a une forme de cellule de crise et on est disponible pour tout le monde pendant ces heures-là."
Arthur Dénouveaux, président de Life for Parisà France Inter
Arthur Dénouveaux raconte qu'il a vu Fred Dewilde "à un concert la semaine dernière" et qu'il était "rayonnant, c'était un type plein de vie". Il se souvient que l'"œuvre" du dessinateur "et ses prises de parole publiques, touchaient beaucoup à la mort, étaient très sombres. Mais on avait l'impression qu'il arrivait à maintenir tout ça à une distance assez saine". Mais "il a suffi d'une soirée" pour que Fred Dewilde soit "rattrapé par des démons qui ne l'avaient sûrement pas quitté depuis huit ans et demi"."Le terrorisme et les traumas qui vont avec, c'est à la fois une violence inouïe sur le moment, mais c'est aussi un poison très lent, explique le président de Life for Paris. Ça revient par vagues. On ne saura jamais ce qui a déclenché ça dimanche soir. Mais c'était clairement un reflux de mal être."
L'association Life for Paris est "une communauté très soudée" par "une actualité horrible", précise son président. "Le terrorisme reste dans l'actualité. On a eu évidemment l'attaque du 7-Octobre, on a eu l'attaque de Bir-Hakeim", à Paris le 2 décembre 2023. Mais il souligne que, "ne pas baisser la garde, ça reste extrêmement difficile parce qu'on a envie de passer à autre chose. Et on voit qu'on est vulnérable".
Arthur Dénouveaux ajoute qu'il "parle encore dans les médias pour rappeler que c'est normal d'avoir des réminiscences" des attentats. Le "but" des victimes et familles de victimes "restera toujours de réintégrer la société le plus pleinement et le plus fonctionnellement possible. Mais il faut encore avoir un peu de patience avec nous". Le président de Life for Paris souligne que "c'est d'ailleurs pour ça" que l'association sera dissoute "aux dix ans de l'attentat pour se dire qu'on essaye de passer à l'étape d'après. Mais ce n'est pas facile".
Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d'un membre de votre entourage, il existe des services d'écoute anonymes. La ligne Suicide écoute est joignable 24 heures/24 et 7 jours/7 au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé.
Pour signaler toute situation de harcèlement ou de cyberharcèlement, que vous soyez victime ou témoin, il existe des numéros de téléphone gratuits, anonymes et confidentiels : le 3020 (harcèlement à l'école) et le 3018 (cyberharcèlement), joignables du lundi au samedi, de 9 heures à 20 heures. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère de l'Éducation nationale.
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