Procès du 13-Novembre : le journal de bord d'un ex-otage du Bataclan, semaine 22
David Fritz-Goeppinger fait partie de la douzaine de personnes prises en otage par les terroristes au Bataclan. Photographe, il tient son journal de bord pendant toute la durée du procès des attentats du 13-Novembre.
Depuis le 8 septembre 2021 le procès des attentats du 13-Novembre se tient à Paris. David Fritz-Goeppinger, victime de ces attentats est aujourd’hui photographe et auteur. Il a accepté de partager via ce journal de bord son ressenti, en image et à l'écrit, durant les longs mois que durent ce procès fleuve, qui a débuté le mercredi 8 septembre 2021 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Voici son récit de la 21e semaine d'audience.
>> Le journal de la vingtième-et-unième semaine
>> Le journal de la vingt-troisième semaine
Bataclan.jpg
Mercredi 23 mars. Aujourd’hui, même beau temps au-dessus de la capitale. Les terrasses place Dauphine sont bondées, en même temps j’ai moi-même envie de m’y installer et d’oublier le procès. Je retrouve Bruno dans la salle des pas perdus, il me dit : "Eh ! je t’ai ramené mon ancien téléphone, il fera l’affaire le temps de récupérer le tien !" Je rigole en le remerciant.
Nous sommes le 23 mars et aujourd’hui démarre notre longue descente vers l’analyse des faits et l’interrogatoire des accusés sur ceux-ci. Comme je disais à Gwendal juste avant que l’audience ne reprenne, j’ai acquis l’intime conviction que nous avons attendu six années pour que ce moment arrive et qu’enfin, les instants précédant les attentats soient décortiqués par la cour et montrés au grand jour. Ce dernier point transforme ma perception du procès et des débats. Jusqu’au 8 septembre, les faits étaient connus mais l’enquête était plus ou moins secrète et jamais étalée à l’horizontale, comme la cour d’assises le fait depuis six mois.
Comme nous en avons désormais l’habitude, nous retrouvons les enquêteurs belges et leurs voix monocorde pour un long exposé concernant les fouilles sur l’ordinateur trouvé dans une poubelle de la rue Max-Roos, à Schaerbeek (à proximité de l'une des planques), le 23 mars 2016 – ce qui poursuit la série des coïncidences. La connexion établie, l’enquêteur fait projeter une présentation qui regroupe la plupart des trouvailles sur l’ordinateur portable. Dans celui-ci, des milliers d’éléments en lien avec la propagande de l’État Islamique : des chants religieux, des poèmes, des photos de terroristes, des audios divers. L’enquêteur belge souligne également la présence d’un dossier plus technique, nommé "moutafajirat" (explosifs, en arabe), qui contient littéralement une liste de composés chimiques en lien avec la confection de TATP. Certaines des données sont cryptées et l’enquêteur précise : "Un logiciel de cryptage a été utilisé (...) des précautions ont été prises". Et d’afficher à l’écran le logiciel en question, dont le logo noir est celui de l’État Islamique.
L’ordinateur est une réelle mine d’informations et chacun des dossiers comporte d’autres sous dossiers qui eux-mêmes en comportent d’autres. Dans un de ces dossiers, nommé "13-Novembre", l’enquêteur détaille une arborescence de dossiers qui font référence à des possibles groupes de terroristes : "Groupe Omar*, groupe Français, groupe Schiphol, groupe Irakiens, groupe Métro". Et il détaille le contenu de chaque dossier : photos aériennes du Stade de France et du Bataclan, et une vidéo de la salle de spectacle au format mp4 visionnée quelques jours avant le 13, ainsi qu’un fichier "Bataclan.jpg." Si on suit la logique de nommage, chacun fait référence aux cibles des attentats du 13 : les terrasses, le Bataclan, le Stade de France … mais deux ne se sont pas produits : Schiphol (l’aéroport international d’Amsterdam) et le métro. L’enquêteur : "Peut-être qu'ils ont utilisé le schéma pensé précédemment pour frapper en Belgique et que Schiphol est devenu Zaventem**." Au sujet de l’aéroport, l’enquêteur évoque ensuite les interrogatoires d’Osama Krayem fait par la juge Isabelle Panou (auditionnée le 14 septembre à V13). L’accusé aurait répondu à la juge qu’il "ne pensait pas" qu’un projet d’attentat était prévu à l’aéroport le 13 novembre et qu’il s’y était rendu pour voir s'il y avait des "consignes et casiers" sans transporter "des choses dangereuses". Sofien Ayari, également interrogé par la juge belge au sujet du probable attentat à Schiphol, dira : "J'en parlerai un jour, mais je ne sais pas quand."
Fin de la présentation du policier, la cour procède à quelques questions mais je suis trop concentré sur l’écriture pour réussir à suivre. C’est les questions de Camille Hennetier, l’une des trois avocats généraux, qui me font relever la tête. Elle soulève le fait que la date du 13 novembre et la cible du Bataclan est fixée six jours avant, le 7 novembre. Ce n’est que trois jours avant que les dossiers "groupes" sont créés et que le "groupe Français" est désigné pour attaquer le concert des Eagles of Death Metal. L’enquêteur acquiesce : "Absolument." Le président annonce la traditionnelle suspension de l’après-midi.
Au retour de celle-ci, je repense au nuage de questions présentes dans mon esprit depuis les attentats, le "quand", le "qui" et le "pourquoi" figurent en tête de liste. C’est au tour des avocats des parties civiles de s’adresser à l’enquêteur. C’est maître Aurélie Coviaux qui commence et interroge le policier belge sur la dénomination de certains fichiers présents dans l’ordinateur et leur possible cryptage. L’homme à l’écran temporise avec un rire gêné. "Vous savez, je ne suis pas informaticien mais (...) avec le logiciel de cryptage, on ne peut pas avoir accès à tout." Maître Coviaux poursuit en expliquant une à une les étapes d’encodage. La connexion, instable, se coupe à deux reprises, l’avocate, blagueuse : "J’espère que je n’ai pas été trop longue ?" Le bureau en U belge de retour, l’enquêteur lance : "Je vous rassure, ce n’est pas moi qui fuis !" Les questions se poursuivent et maître Chemla évoque l’existence d’un second ordinateur cité par Mohamed Abrini. L’enquêteur confirme mais précise : "Les éboueurs vont voir qu’un des ordinateurs est cassé. Ils vont le lancer dans la benne et garder seulement celui qui marche et le ramener à la police. Le second ordinateur n’a jamais été retrouvé ni analysé." Et l'enquêteur d’ajouter qu’une tablette a également été retrouvée mais qu’elle avait été formatée et qu’aucune exploitation n’a pu être faite.
Au moment des questions de la défense, maître Ronen prend la parole afin de demander à l’enquêteur : "Comment les éboueurs ont compris que sur l’ordinateur, il y avait des éléments en lien avec le terrorisme ?" L’enquêteur, gêné, rit mais tente d’argumenter. "Oui, on imagine qu’ils ont dû ouvrir l’ordinateur, tomber sur le bureau et cliquer sur l’une des icônes et tomber sur le drapeau de l’État Islamique..." Maître Olivia Ronen poursuit en pointant du doigt tous les éléments de sécurité qui entourent l’ordinateur en question : "Comment un éboueur aurait pu simplement ouvrir l’ordinateur, tomber sur le bureau alors qu’on parle de cryptage ?" Le policier belge : "Je comprends votre question mais je ne peux pas en dire plus."
Je quitte la salle des criées pour prendre l’air et discuter avec des membres de la cour d’appel en gilet rose. Difficile de suivre, aujourd’hui. Je vais essayer de garder un minimum de force pour la semaine prochaine, j’ai hâte et à la fois peur de ce que je vais entendre, j’imagine que j’ai désormais l’habitude.
Je ne serai pas là demain, le devoir m’appelle à l’extérieur.
À vendredi.
*Abou Omar était la kunya utilisée comme nom de guerre par Abdelhamid Abaaoud..
** Zaventem, l'aéroport de Bruxelles, une des cibles (avec la station de métro Malbeek) des attentats du 22 mars 2016.
À la veille du 100e jour
Jeudi 24 mars. Retour au Palais de Justice pour suivre les débats aujourd’hui. J’ai longuement hésité à venir hier, malgré le travail à rendre, je me suis finalement tourné vers le livetweet de Charlotte Piret (journaliste police-justice à France Inter). J’y apprends que la cour, via la déposition d’une enquêtrice belge, s’est penchée sur les derniers préparatifs des attentats et les derniers instants en Belgique (avant les attentats) de Mohamed Abrini et Salah Abdeslam. Durant la lecture du livetweet, deux citations reprises par l’enquêtrice belge m’ont marqué. La première de Mohamed Abrini qui qualifie (durant un des interrogatoires par les policiers belges) de "convoi de la mort" la procession de véhicules transportant les terroristes en direction de la capitale française. La seconde provient de Salah Abdeslam qui, deux jours avant les attentats aurait dit au premier : "On va se faire exploser, ça va partir en cacahuète" suivi de "Tout le monde est là, ça va péter". En lisant la date du 11 novembre, ça me renvoie automatiquement à ma vie à l’époque. Je coupais des citrons et arrangeais le bar où je travaillais, ne me doutant pas que les rouages et mécanismes de la terreur dans la capitale s'intercalaient. Ne me doutant pas que quatre jours après, mon existence ne serait plus jamais la même. Je garde le souvenir de ces trois "derniers jours" comme un trésor, comme la fin de ma vie d’avant.
L’audience a déjà repris lorsque je passe les portes de la salle des criées. Quelques journalistes pianotent sur leurs claviers tandis que deux gendarmes sont assis aux coins de la salle. Sur la toile de projection, le premier témoin de la journée : Monsieur B. Condamné en Belgique pour achat d’armes et ventes de munitions, l’homme est un proche des frères El Bakraoui. C’est lui qui sert de fournisseur de chargeurs de Kalachnikov. Le président ne lui pose pas les questions d’usage pour prêter serment mais l’encourage à parler avec "franchise". Assis dans le bureau en U du parquet fédéral belge, le témoin porte un sweat gris à capuche et à l’air décontracté. Quand il demande à Khalid El Bakraoui à quoi serviraient les chargeurs, l’homme lui aurait répondu : "Pour faire une œuvre d’art". Le Président, intrigué : "Une œuvre d’art ? C’est surprenant non ?" Réponse sans fioritures du témoin : "Oui". À entendre ses réponses, j’ai le sentiment qu’il fait un maximum d'efforts pour en dire le moins possible et qu’il retient des informations. Après que le président l’a interrogé, la première assesseure pointe du doigt une conversation téléphonique dans laquelle le témoin et les deux frères El Bakraoui, échangent aux sujets de "chatons". Le témoin, immobile, n’en démord pas : "On parlait vraiment de chatons et de chats" Et il se justifie en donnant une explication évasive et pratiquement impossible à vérifier. Lorsque l’avocat général, Nicolas Braconnay revient sur une autre conversation téléphonique où il est fait mention de "chaussettes et de cintres", même position du témoin : "C’était vraiment des chaussettes, la femme de ménage devait venir le lendemain et mes affaires étaient dans le box (parking)." Même posture lors des questions de maître Rezlan, avocate de Mohamed Bakkali qui insiste sur ces "chaussettes" et demande au témoin de le dire en arabe, afin de souligner la ressemblance phonétique des mots "chargeurs" et "chaussettes". Bien que les deux mots semblent similaires (malgré la saturation du micro), Nicolas Braconnay souligne cependant qu’aucune note de ce genre n’a été retrouvée dans les rapports d’enquête. Tous ces mots sortis de leur contexte me rappellent les "Clio" évoquées il y a quelques jours, j’avoue esquisser un sourire, personne ne semble le croire. Maître Lefrancq, avocate de Farid Kharkhach, rappelle la condamnation de Monsieur B : "Il a été condamné en Belgique pour l'achat de 40 chargeurs de kalachnikovs pour le compte de Khalid El Bakraoui et a écopé d'une peine de 40 mois de prison ferme ainsi que cinq ans avec sursis." Je n’ai pas réussi à comprendre si oui, ou non, ces chargeurs sont tous liés à Paris. La fin de l’audition venue, le président demande au parquet fédéral belge si la personne suivante est arrivée, réponse de l’interlocutrice : "Non, monsieur le président, donnez-moi cinq minutes s’il vous plaît."
Le témoin suivant est une personne de l’entourage des frères El Bakraoui et de certains accusés. En introduction de son interrogatoire, l’homme coupe la parole au président pour dire : "Déjà, tout d’abord, je voudrais faire mes condoléances à la France et aux victimes." Le président reprend la parole pour faire prêter serment au témoin. Comme souvent avec les personnes de l’entourage des accusés, l’homme dresse un portrait banal des deux frères El Bakraoui : "Khalid m'a rendu visite à l'hôpital et m'a ramené des bonbons (...)" Le président d’insister : "Beaucoup de gens ont dit qu’ils se sont radicalisés en sortant de prison*, vous n’aviez pas remarqué ?" Le témoin : "Pas du tout." Au sujet de Yassine Atar, présent dans le box, le témoin dit ne pas comprendre ce qu’il y fait : "Il aimait s’amuser, faire la fête !" J’écoute l’interrogatoire d’une oreille, alors que j’avance sur le billet. Après plusieurs mois de suivi d’audience, j’ai pris l’habitude d’entendre ces banalités tirées d’un quotidien désormais révolu de certains accusés. Qui étaient-ils avant d’être emprisonnés ? Le témoin suivant n’est pas encore présent et le président, voulant poursuivre avance, l’interrogatoire de Abdellah Chouaa.
Ayant commencé la correction de mon billet, j’écoute peu l’échange entre la cour et les parties avec l’accusé libre. Plongé dans l’écriture, je pense à la journée de lundi et de la porte mémorielle que cette semaine ouvrira en moi, en nous. Je vois ce 99e jour comme un dernier regard vers le passé, comme un nouveau 12 novembre. Au fond, peut-être que je me trompe et que la semaine prochaine ne sera qu’une de plus au cœur du grand tout de V13, je ne sais pas. L’audience est suspendue depuis une demie-heure et personne n’est certain que le prochain témoin se présentera ou non.
Le témoin est là, habillé en noir, épaules voutées. Il parle fort et fait part d’une grande colère contre l’accusé Mohamed Bakkali, qui s’est approché de lui en parlant d’armes. L’homme déplore son propre comportement qu’il qualifie lui-même, à posteriori "d’immature" et de "con" et dit qu’il voulait "faire le grand." Il accuse Mohamed Bakkali d’avoir détruit sa vie et qu’il a depuis son passage en prison "des problèmes dans sa tête", en pointant sa tempe. Le témoin, visiblement remué, oscille entre la colère et la tristesse et va jusqu’à insulter de "chien" l’accusé dans le box. Le président essaye tant bien que mal de poursuivre les questions mais obtient peu de réponses différentes, l’homme clame son innocence et la salle d’audience principale en fait écho. En réaction à l’interrogatoire de la première assesseure, l’homme fond en larmes, pose sa tête sur ses bras et lâche dans un sanglot étouffé : "Quel fils de pute". Dans le bureau du parquet fédéral, une femme lui propose un verre d’eau et demande au président cinq minutes pour que le témoin puisse reprendre ses esprits.
Les questions des parties se poursuivent, je vais devoir quitter le Palais. Sur la photographie du jour, il s’agit de la statue représentant maître Berryer** présente dans la salle des pas perdus. Au-dessus de lui l’inscription latine : Forum et Jus, place publique et justice.
À lundi.
* Les frères El Bakraoui ont tous les deux été condamnés en 2010 et 2011 à plusieurs années de prison pour des vols, violences et braquages.
** Grand avocat du 18 et 19e siècle.
Diligences du 10 au 13 novembre 2015
Lundi 28 mars. Nous sommes au centième jour d’audience et même si le calendrier me le rappelle chaque jour, nous sommes aussi en mars. Le temps file à toute allure alors que cela fait déjà six mois que nous sommes collectivement penchés sur la date du 13. Au compte-fils, tous les intervenants de l’audience décortiquent les moindres faits et gestes qui ont précédé les attentats.
La semaine commence avec l’intervention de BC025, policier de la Section antiterroriste, qui présente les ultimes préparatifs sur le territoire français : les locations des planques qui serviront aux terroristes avant les attentats, le retour de Mohamed Abrini en Belgique ainsi que la journée du 13 novembre en elle-même. BC025, habillé en costume noir, cravatte noire et chemise à petits carreaux, ressemble à un personnage tiré du Bureau des Légendes.
À l’écran, le premier diapositive affiche pour titre : diligences du 10 au 13 novembre 2015. L’enquêteur a un débit de parole très soutenu mais détaille précisément chacune des étapes du convoi de voitures et leurs itinéraires. Pour illustrer ses propos, il projette des photographies où l'on voit Salah Abdeslam et Mohamed Abrini faisant le plein à une station essence, une autre où le véhicule a été flashé sur l’autoroute. Au total, trois véhicules sont répertoriés : une Volkswagen Polo, une Seat Leon et une Renault Clio, que tout le monde identifie désormais comme les véhicules transportant les terroristes le soir des attentats. Il poursuit sa présentation sur le retour de Mohamed Abrini en Belgique et raconte comment l’homme a simplement appelé un taxi à proximité d’une des planques, ayant d’abord pour objectif de prendre un train à Gare du Nord mais qui a finalement dû négocier avec le taxi pour un rapatriement. Le chauffeur, interrogé par la SDAT, décrira que Mohamed Abrini n’était pas bavard et qu’il a passé le temps du trajet à dormir, à part au moment d’une courte pause pour boire un café. En entendant ce détail, je me demande comment on peut réussir à dormir lorsqu’on sait qu’on laisse derrière soi autant d’hommes prêts à semer la mort.
Les prochaines photographies présentées sont celles de la planque d’Alfortville puis celle de Bobigny où des "capuchons d’inflammateurs électriques" ont été trouvés, similaires à ceux des gilets explosifs intacts retrouvés après les attentats. Curieux, je cherche sur internet ce que sont ces "capuchons". Ce sont en fait de petites fiches censées connecter un circuit électrique pour tirer des feux d'artifice. Habituellement empruntés par les pyrotechniciens, on sait désormais que c’est Salah Abdeslam qui les a achetés en France. La seconde planque, plus grande que la première, ressemble de l’intérieur à une maisonnette à trois étages. Les photographies, au flash, me donnent l’impression que les occupants vont revenir puisque tout a été laissé tel quel, immobile, tasses et verres sur la table basse du salon, comme après une soirée trop longue. Pour conclure, l’enquêteur poursuit avec la journée du 13-Novembre et plus spécifiquement sur l’après-midi. Durant ce laps de temps, les terroristes font leurs ultimes repérages et vadrouilles dans la capitale, se mêlant aux klaxons et embouteillages parisiens. À l’écran, un tableau liste chacun des bornages téléphoniques des terroristes ; sur la colonne de gauche, un horodatage précis. Le dernier document est une carte résumant schématiquement les déplacements des véhicules. L’enquêteur arrivant à la fin de sa présentation conclut : "Voilà pour ce que je peux vous dire concernant la journée du 13-Novembre."
C’était court, mais la soirée en elle-même a déjà été présentée au début du procès. Le président interroge le policier sur le bornage à l’aéroport Charles-de-Gaulles et demande quelles hypothèses ont été avancées concernant ce déplacement : "Aucune, ça peut être tellement de choses : repérage, récupération d’équipement, d’individus…" Après la cour, c’est Nicolas Le Bris et Nicolas Braconnay qui interrogent le policier de la section antiterroriste de la brigade criminelle. J’ai du mal à me concentrer sur l’écriture, aujourd’hui. Après de nombreuses questions au policier concernant le départ de Mohamed Abrini (en pleine nuit) vers la Belgique, Nicolas Le Bris fait une remarque à la cour qui fait écho à une de ses déclarations la semaine dernière : "À noter qu’après vérifications des enquêteurs, ce n’est pas du bluff du chauffeur de taxi, le dernier train est bien parti à 22 heures de Gare du Nord et il semble que le départ de Mohamed Abrini soit bien précipité." La semaine dernière (et je n’ai plus vraiment le contexte étant donné que j’étais absent de la salle d’audience à ce moment-là) Mohamed Abrini a déclaré qu’il était "prévu" pour le 13-Novembre.
Au tour des avocats des parties civiles d’interroger le policier. Maître Rimailho revient sur la confections des gilets explosifs et les déplacements des terroristes avant les attentats et demande à l’enquêteur si les gilets avaient été confectionnés avant ou sur place mais l’enquêteur est catégorique, ils ont été assemblés en Belgique et finalisés en France.. Maître Topaloff avance l’hypothèse que la présence de Bilal Hadfi au Stade de France était due au fait que Mohamed Abrini a quitté le groupe de terroriste la veille : "Est-ce qu’il n’était pas envisageable qu’il n’y ait pas trois mais quatre terroristes au Bataclan ?" Réponse de l’enquêteur : "Je ne veux pas niveler les attentats, mais à cause des recherches faites par les terroristes en amont, il semblerait que le Bataclan soit la cible principale. Les autres attentats sont là pour occuper les services d’urgence et de sécurité."
La seule robe noire à se lever pour interroger le policier de la section antiterroriste est celle de maître Violleau, avocate de Mohamed Abrini, qui demande au policier s’il a des détails concernant l’interrogatoire du taxi (qu’elle décrit comme un témoin précieux) par la SDAT : "En avez-vous parlé avec votre collègue de la SDAT ? Peut-être connaissez-vous quelques détails sur l’état d’esprit de Mohamed Abrini ? A-t-il fumé des cigarettes ? Beaucoup de cigarettes ?" Le policier – qui se tourne vers elle pour répondre : "Non, pas du tout, vraiment." Elle poursuit en faisant référence à l’annonce faite par son client la semaine dernière : "Est-ce que ça vous paraît cohérent ?" L’enquêteur, visiblement gêné de s’avancer : "J’ai envie de vous dire oui, ça me paraît cohérent. Si vous voulez, Monsieur Abrini participe à toutes les démarches préparatoires aux attentats. Pour moi qu’il soit partie prenante, euh, oui." Ce qui me renvoie invariablement à l’interrogatoire de l’accusé, demain. Il avait promis la semaine dernière d’en dire plus. Maître Vettes se lève ensuite, il revient sur les explications sur le bornage avancés par l’enquêteur et continue sur le conducteur de la Clio dans l’après-midi du 13-Novembre. Réponse du policier : "On ne sait pas exactement qui la conduit, mais les empreintes génétiques retrouvées sur les éléments de conduites sont celles de Salah Abdeslam et Mohamed Abrini. Sans pour autant réussir à les dater précisément."
Les questions sont finies et l’audience prend fin à 16 heures. L’audience du jour devait s’ouvrir sur le débat concernant la diffusion de l’audio de l’attentat du Bataclan mais celui-ci est reporté à jeudi.
Je quitte le palais peu après et termine l’édition du billet à mon domicile, alors que des cris d’enfants qui jouent sortent du parc à côté.
À demain.
L’homme au chapeau
Mardi 29 mars. Aujourd’hui, mon épouse m’accompagne au Palais. Au-dessus de nous le ciel est chargé et le beau temps de la semaine dernière semble loin. Après un rapide repas Place Dauphine, nous entrons ensemble dans le dispositif. L’audition de Mohamed Abrini a déjà démarré lorsque je rentre dans la salle d’audience, je reste quelques instants mais vais rapidement m’asseoir dans la salle réservée aux journalistes dont les bancs sont pratiquement plein. J’imagine que demain ce sera la même chose, comme à chaque interrogatoire de Salah Abdeslam.
Dès que je m’assois, j’ouvre l’ordinateur et lis le livetweet de Guillaume Auda pour rattraper mon retard. Après le traditionnel “l’audience est reprise” du président Périès, Mohamed Abrini est invité à se lever pour prendre la parole. Le président, pour faire le pont entre son audition de la semaine dernière dit : “Vous avez participé à la location des véhicules, la location des planques et vous nous aviez dit il y a peu que vous aviez des révélations à faire, on vous écoute !” L’accusé, en introduction : “Je confirme ce que j’ai dit, j’étais prévu le 13-Novembre.” Le président l’encourage à enlever son masque et l’homme de réagir : “Vous avez raison Monsieur le président, bas les masques. Je dis ça parce que c’est vrai nous portons tous des masques et il est difficile de les enlever sans s’arracher la peau.”* Mohamed Abrini, visiblement disposé à coopérer comme il l’a jamais fait jusqu’alors, continue en annonçant qu’il a rencontré Abdelhamid Abaaoud 3 fois, la première fois à Raqqa, la seconde à Charleroi et la dernière le 12 novembre. Ces annonces résonnent fort dans l’enceinte de la justice. Absolument personne n'était au courant de ces multiples rendez-vous entre “l’homme au chapeau” et le cerveau des attentats du 13-Novembre. Il poursuit en disant qu’il était dépassé par les événements, “comme pour le 22 mars 2016.” Malgré les révélations de l’accusé, le président veut plus de détails : “Vous étiez prévu pour quelle attaque ?” Mohamed Abrini, direct : “ Terrasse, avec une kalash et un gilet, comme Brahim Abdeslam.” et le président de poursuivre “comme Akrouh, comme Abaaoud, enfin on ne sait pas. On vous a dit (en le pointant du doigt) “donc toi, tu vas participer aux terrasses.” Mais Mohamed Abrini tempère : “ Non pas du tout Monsieur le président, ça peut vous paraître bizarre mais c’est comme ça. Je ne sais pas si ça va être le Stade de France ou les terrasses, j’ignore tout ça. Même le 12 ils ignoraient les cibles. Abaaoud est très minutieux sur ça. C’est quelqu’un qui ne donne pas de détails, il fonctionne comme ça.” Les questions du président s’enchaînent : “Mais vous disiez que Brahim Abdeslam était au courant de tout ?” et l’homme de répondre en argumentant au sujet de la présence du frère de Salah Abdeslam sur des vidéos de propagandes, jugeant qu’elles parlaient elle-même de son implication dans l’organisation des attentats : “Dans les vidéos de propagande, c’est qui qu’on voit ? Brahim ou Salah ?” Malgré les réponses de l’accusé, le président semble réservé sur celles-ci, hochant parfois la tête, comme s’il n’était pas convaincu : “À quel moment vos complices ont su que vous alliez renoncer ?” Mohamed Abrini, prolixe : “Je l’ai dit à Brahim d’abord, je voulais pas aller à l’affront avec Abaaoud. Au fond de moi je savais, je ne tire pas sur les gens, contre des soldats oui, mais pas contre des innocents.”
Au fil de ses déclarations, je remarque qu’il n’emploie pratiquement jamais le passé pour se référer à Abdelhamid Abaaoud, comme s’il représentait une autorité vivante, voire présente dans la salle. Depuis septembre dernier, je souligne que le spectre de cet homme hante les déclarations de tous les accusés et déplore qu’il ne soit pas là, dans le box. Le président s’interroge sur sa présence en France puisqu’il dit aujourd’hui qu’il comptait renoncer. Réponse de l’accusé : “J’étais perdu, je venais de faire de la prison, je sais pas pourquoi je viens (...) Abaaoud m’a dit 't’as été en angleterre pour moi, t’as été en Syrie, ils vont remonter, tu vas finir en prison.' J’étais tellement perdu dans ma tête, je m’étais dit que je reprendrais ma vie normale après le 13-Novembre.” Vie normale ou pas, quatre mois après il sera arrêté par les policiers belges après les attentats du 22 mars dans lesquels il est aussi impliqué. Le président continue de développer et Mohamed Abrini dit qu’Abaaoud était “fâché” qu’il ne vienne finalement pas et reste sur la position selon laquelle il n'était pas au courant des cibles. Mais le président Périès, sceptique, de répondre : “Vous avez passé 10 heures en vase clos avec les terroristes, on a du mal à vous croire sur ce point.” L’accusé se défend et dit que “c’est pas parce que je vois des gilets, des armes, que je sais qu’ils vont au Stade de France ou au Bataclan… Je vous promets Monsieur le président. Je présume juste qu’il va y avoir plusieurs endroits.”
Deux questions tournent en boucle depuis le début de l’interrogatoire de Mohamed Abrini. La première : Pourquoi n’a-t-il pas contacté (même anonymement) la police alors qu’il savait que tous les terroristes étaient prêts à attaquer la capitale ? La seconde : Pourquoi a-t-il réitéré le 22 mars 2016 en Belgique alors qu’il dit vouloir retrouver une vie “normale” ? LepPrésident, curieux, l’interroge sur la seconde : “Une question que tout le monde se pose, pourquoi recommencer le 22 mars ?” Mohamed Abrini lance, en riant : “Excellente question ! ” et le président de répondre à sa remarque : “On attend une excellente réponse !” L’homme se lance alors dans une grande tirade : “Je suis Bakraoui, il m’emmène dans la planque à Bruxelles. Faut savoir que moi avant le 13 j’avais signé la vente de mon appartement, le traiteur de mon mariage. Et voilà quand on vous emmène dans une planque et qu’on comprend que tout est terminé (...) Voilà, moi j’espère avoir des faux papiers et me barrer. C’est fou ce qu’on espère mais voilà.” Si cela est vrai, j’ai au moins eu une réponse sur les deux, même si je ne comprends pas comment il a pu s’investir autant dans la série de deux attentats sans prévenir quiconque. Le président n’a plus de questions et annonce qu’après l’interrogatoire des deux assesseures, l’habituelle suspension de 15 heures aura lieu.
Frédérique Aline, première assesseure, cuisine l’accusé et le met face à ses déclarations passées. Elle lit, méthodiquement, les éléments présents dans le dossier et ajoute : “Vous craignez Abaaoud et les frères Abdeslam ?” Réponse de l’accusé : “Non, pas de crainte.” La première assesseure laisse peu de place à l’accusé pour s’étaler et enchaîne sur sa présence dans le premier véhicule du “convoi de la mort” comme il le qualifie lui-même. Elle veut savoir qui des trois hommes dans la voiture conduisait et passait les coups de fil mais Mohamed Abrini ne se souvient pas et donne finalement peu de détails. À la question de Frédérique Aline s’il sait utiliser une arme, l’accusé répond promptement : “Oui peut être, j’ai vu des vidéos, lu des choses. Mais bon apparemment c’est l’arme la plus facile à utiliser au monde alors…” Le président en profite pour revenir sur un point et la seconde assesseure, Xavière Simeoni prend la suite des questions de la cour. Je me fais la remarque qu’il semble se baser et s’accrocher aux faits versés au dossier et évite de s’étaler sur ses “vrais” souvenirs.
Depuis septembre, j’ai l’impression d’entendre un groupe d’amis s’écharper sur leur implication autour d’une affaire qui semble les dépasser. Au fond de chacune des déclarations, on sent l’emprise qu’avaient des hommes comme Ibrahim Abdeslam ou Abdelhamid Abaaoud mais aussi les frères El Bakraoui. Ces relations amicales dont les racines proviennent de l’enfance ont semblé, dans un premier temps, renforcer les liens et la détermination de chacun à participer à l’entreprise terroriste. Aujourd’hui, c’est tout l’inverse, chacun essaye d’apporter des éléments factuels sur le tissu relationnel d’un groupe dont les membres piliers (les aînés) sont absents. Ce qui rend creuses chacune de leurs déclarations.
Retour dans la salle des criées. Durant la suspension, les déclarations de Mohamed Abrini sont sur toutes les lèvres, est-ce là une version de plus ? Est-ce vrai ? Pour l’instant, les questions du PNAT** commencent et Nicolas le Bris interroge Mohamed Abrini sur son implication et sur la posture de défense (il utilisera le terme de “dédouaner”) vis-à-vis de Salah Abdeslam : “J’ai parlé 2 ou 3 fois de lui, s’il veut s’expliquer, il le fera.” Pour avoir plus de détails, on attendra demain. Mohamed Abrini a beau dire qu’il avait renoncé à commettre un attentat, l’avocat général lui rappelle qu’un testament d’allégeance a été retrouvé mais l’homme nie en bloc : “J’ai fait ça comme ça, je me suis enflammé.” Et de poursuivre après un échange avec Nicolas le Bris, “c’est El Bakraoui, il demandait à tout le monde de faire des testaments (...) j’ai fais du copier coller voilà c’est tout.” Au fil des mois, j’ai pris l’habitude que les avocats généraux soient particulièrement pointus durant leurs interrogatoires, mais là Nicolas le Bris ne laisse planer aucun doute et démonte une à une les réponses de l’homme dans le box, à grands renforts de “personne n’y croit”, “c’est peu probable quand même ?”, “c’est pas crédible !” en pointant du doigt les contradictions derrière chacune des déclarations de Mohamed Abrini. Même si ses propos sont décortiqués devant-lui, l’accusé continue de répondre, ce qui me laisse croire qu’il dit la vérité ou, au moins, qu’il y croit. L’avocat général continue en faisant référence à son départ, en pleine nuit, de la planque de Bobigny. Mohamed Abrini répétant les mêmes arguments que plus tôt : “Moi je veux pas tuer des gens et voilà, je suis sur le sol ou ça va se passer en fait et puis je sais pas j’ai peur que la police arrive et intervienne.” L’avocat général : “Vous avez décris que vous aviez vu des regards calmes, sereins et tranquilles, mais est-ce que ça concerne Salah Abdeslam ?” L’accusé s’engouffre : “Pour les autres je voyais la détermination, mais pas pour Salah Abdeslam.” Et de justifier sa présence à Bobigny, “à cause de son frère (Brahim Abdeslam).” Avant de conclure, l’avocat général revient sur une lettre retrouvée signée Abou Walid (la kunya Khalid El Bakraoui) et ayant pour destinataire “Abou Yaya”, la kunya de Mohamed Abrini. Sur ce courrier, Khalid El Bakraoui lui adresse : “Tu as déjà raté l’entrée au paradis (en arabe dans le texte), assure- toi de ne pas la rater une deuxième fois.” Ce qui semble conforter la thèse de sa renonciation à participer aux attentats du 13-Novembre. Même posture peu crédule de Nicolas Braconnay qui l’interroge ensuite : “Monsieur on entend vos explications, mais la veille et l’avant veille vous continuez de vous comporter comme un des auteurs du commando.”
C’est maître Dewavrin qui s’adresse à Mohamed Abrini et revient sur la déclaration introductive de celui-ci : “Vous avez dit “bas les masque!”.” Et l’accusé d’expliquer qu’il cite un auteur puis répète la phrase entière. L’avocate revient sur la “démarche” de l’accusé et de son évolution à travers le temps et lui demande, “pourquoi avez-vous décidé de parler aujourd’hui ?” L’homme, main derrière le dos répond : “Ben écoutez, je pense que comme beaucoup dans le box, on aurait aimé être au cœur des débats. Mais aussi pour les victimes, pour qu’elles avancent.” Et de poursuivre qu’après un changement de place, il s’est surpris à observer les gens dans la salle d’audience et qu’il se disait, “c’est des gens comme nous en fait. Ils sont coupables de rien en fait, c’est des gens qui n’ont rien demandé et ils ont été fauchés. Le minimum que je peux faire c’est d’apporter des réponses.” Maître Dewavrin poursuit : “Donc votre démarche en premier lieu c’est d’apporter des réponses aux victimes ? Est-ce que vous pouvez entendre qu’il y a peut être, une déception de la part des parties civiles sur ce point ? (...) Il y a quand même quelques éléments depuis la semaine dernière mais on a eu de la frustration aujourd'hui.” Mohamed Abrini : “Ben je la comprends mais en fait y’a énormément de réponse dont les gens dans le box qui ne pourront pas vous l’apporter.” Je ne suis pas assis à ma place habituelle et j’ai mal au dos, je sors marcher quelques instants alors que maître Topaloff interroge l’accusé.
À mon retour dans la salle, l’interrogatoire continue et Mohamed Abrini semble arrivé au bout de ses déclarations et répète souvent les mêmes phrases. Lorsque maître Maktouf se lève pour lui poser des questions l’accusé intervient : “Maître Maktouf, je n’ai pas changé d’avis, hein !” (Il avait refusé de répondre à ses questions il y a plusieurs semaines.) Et le président d’intervenir à son tour : “c’est pas votre tour, hein ! La lumière doit être rouge, ça fait sept mois que je dis ça.” L’avocate se rassoit sans un mot. Maître Reinhart poursuit les questions des parties civiles. “ Est-ce que vous auriez pu, aussi, vous pensez, arrêter cet attentat ou ces attentats ?” Abrini : “Vous pensez bien que c’est impossible et que le 13 novembre n’existe jamais. Mais il aurait fallu arrêter ce conflit en Syrie.” Dommage, je n’aurai pas de réponse.
Après une courte suspension, c’est au tour des avocats de la défense de s’adresser à l’accusé. Maître Eskenazi, méticuleux, pose une question à son client : “Qu’est ce que ça vous a fait de voir des gens témoigner ?” Mohamed Abrini : “Ça m’a fait mal parce que y’avait 8 personnes sur 10 c’était des femmes. La vérité, mais je vais dire des choses voilà bon, 1000 hommes plutôt qu’une femme. C’était dur ces témoignages.” Concernant sa soirée du 13 novembre, l'homme déclare : “Je vois le nombre de morts, j’ai du mal à croire que c’est réel !” Maître Violleau prend la suite des réponses et amorce un réel dialogue avec l’accusé. Au bout d’un certain temps, elle l’interroge sur son état d’esprit à l’instant et Mohamed Abrini de répondre : “Je suis soulagé. Voilà, je me sens léger.”
L’audience est levée après un court rappel du planning de la semaine. Le débat sur les audios du Bataclan aura bien lieu jeudi, et leur possible diffusion vendredi. La salle de criées se vide, je ferme mon ordinateur pour terminer l’édition du billet chez moi.
Le procès avance, à petits pas. Derrière chaque questions, chaque intervention et micro allumé la vérité poursuit son inexorable avancée jusqu’au délibéré. Je remarque que les mardis sont souvent les journées les plus éprouvantes tant physiquement que mentalement. Aujourd’hui ne déroge pas à la règle, j’ai mal au dos et un mal de crâne se profile, il faut que je décroche.
À demain.
PS : j’avais envie d’ajouter que si vous aviez des questions, je suis réactif sur Twitter et publie souvent sur d’autres sujets que le procès des attentats.
*Citation d’André Berthiaume, romancier, nouvelliste et essayiste québécois. **Parquet national antiterroriste.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.