Procès du 13-Novembre : une note de l’administration pénitentiaire jette le doute sur le témoignage d'un des accusés
Après avoir exprimé des regrets lors du procès, l'un des accusés aurait tenu des propos contraires lors d'un échange avec un autre accusé. Des propos révélés par une note de l'administration pénitentiaire, que franceinfo a pu consulter.
Une note de l’administration pénitentiaire jette le doute sur le témoignage d'un des accusés au procès des attentats du 13-Novembre. Cette note, que franceinfo a pu consulter et qui confirme une information du Parisien/Aujourd'hui en France, consigne des échanges entre deux accusés, Muhammad Usman et Mohamed Abrini, lors de leur transfert entre le palais de justice et la prison de Fresnes. Cette note datée du 17 septembre, a été adressée au parquet national antiterroriste et au président de la cour d’assises spéciale.
Ces échanges ont eu lieu entre le Pakistanais Muhammad Usman, et le Belgo-Marocain Mohamed Abrini. Muhammad Usman a reconnu avoir été envoyé en mission-suicide en France par l'État islamique. Mais il a été bloqué en Grèce 25 jours à cause de ses faux papiers syriens, et n'a pu rejoindre la Slovénie qu'au lendemain des attentats parisiens, et l'Autriche le jour suivant. Mohamed Abrini est jugé en ce moment devant la cour d’assises spéciale pour avoir accompagné en région parisienne les commandos du 13-Novembre et participé à leur financement et à la fourniture de leurs armes.
"Je ne regrette pas ce que j'ai fait"
Lors de l'audience du 15 septembre 2021, au sixième jour du procès des attentats du 13-Novembre, le président de la cour d'assises spéciale avait invité les 14 accusés présents à s'exprimer sur les charges qui pèsent sur eux. Muhammad Usman se disait "désolé pour les victimes". "Je suis très content de n’avoir pas participé à ce massacre, je répondrai à toutes les questions".
Mais la note de l'administration pénitentiaire révèle les propos tenus par Muhammad Usman à Mohamed Abrini quelques heures après l'audience. Ils sont tout autres : "Mon avocat souhaite que j’exprime des regrets devant la cour, moi je n’ai pas envie, je ne regrette pas ce que j’ai fait." Selon l'administration pénitentiaire, Mohamed Abrini n'a pas répondu.
Une autre conversation a été entendue par les surveillants le 16 septembre entre les mêmes accusés et consignée dans la note. Mohamed Abrini, ami d’enfance de Salah Abdeslam déclare "qu’il pense qu’il prendra moins, comme Kharkhach qui a fait des faux papiers, qu’il ne savait pas que c’était pour des terroristes. Que s’il fait encore quatre ans, il en aura fait 10 au total et il pourra rentrer chez lui pour faire le jihad". Farid Kharkhach est accusé d'avoir fourni des faux papiers à la cellule terroriste. Dans cette conversation, les deux hommes se sont également inquiétés des questions qui pourraient leur être posées sur le jihad et "la vie là-bas".
"Des propos tronqués" selon l'avocat d'un des accusés
Lors de ce même trajet, Muhammad Usman a également demandé à Mohamed Abrini des nouvelles de Salah Abdeslam. Mohamed Abrini est à côté de Salah Abdeslam dans le box des accusés. Abrini a répondu "qu’il va bien", qu’il n’est "pas inquiet car il a terminé son combat".
Sollicité par franceinfo, Me Stanislas Eskenazi, l'avocat de Mohamed Abrini, estime que "ces propos ont été tronqués". "De n'importe quel texte, je peux vous retirer des éléments à charge et à décharge", réagit l'avocat. "On s'interroge sur la méthode."
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