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Les directeurs du Bataclan espèrent pouvoir rouvrir la salle à la fin 2016

Dans une interview au "Monde", Jules Frutos et Olivier Poubelle estiment, mercredi, que cette salle ne doit pas devenir un "mausolée". 

Article rédigé par franceinfo
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Le café du Bataclan, qui jouxte la salle de concert, le 26 novembre 2015, à Paris. (ALAIN ROBERT / APERCU / SIPA)

Ils ne s'étaient pas exprimés publiquement depuis les attentats. Jules Frutos et Olivier Poubelle, qui codirigent depuis 2004 la salle parisienne du Bataclan dans le 11e arrondissement, sortent de leur silence dans une interview au Monde, mercredi 2 décembre. Les deux hommes, qui possèdent 30% de cette salle de concert dont l’actionnaire majoritaire est Lagardère, évoquent notamment l'avenir du Bataclan.

"Nous dirigeons une salle où il y a eu 90 morts lors d’un concert. Deux collaborateurs sont morts. Tout comme des professionnels de la musique que nous connaissons bien", rappelle Olivier Poubelle. "Aujourd’hui, c’est très difficile de travailler, on a peu de résistance. On ne se remet pas", poursuit Jules Frutos. 

"Il ne faut pas en faire un mausolée"

Ils ne sont pas retournés dans la salle depuis le drame. "Les policiers n’ont pas voulu, ils nous le déconseillent, et ils ont raison. Pour nous préserver. Aucun membre des équipes n’y est entré, hormis deux techniciens pour une chose précise. Une enquête est en cours, elle va être longue", explique Olivier Poubelle.

En revanche, Jules Frutos et Olivier Poubelle sont retournés à plusieurs reprises devant les lieux. "C’est la vie que l’on voit ! Ça me conforte dans l’idée qu’il ne faut pas en faire un mausolée. Ni un lieu de pèlerinage. Du reste, personne ne le réclame", souligne Jules Frutos. 

Quel sera l'avenir de cette salle ?, interroge Le Monde. Certains survivants, comme le journaliste d'Europe 1 Julien Pearce, ont formulé le souhait qu'elle ne rouvre pas. Les musiciens du groupe de rock Eagles of Death Metal, qui étaient sur scène le soir des attaques, espèrent, au contraire, pouvoir être les premiers à y rejouer.

"La salle sera respectée, on ne va pas la détruire"

"Il est trop tôt pour répondre précisément. Nous ne sommes pas un fonds de commerce comme un autre. (...) Il est nécessaire de revoir les portes ouvertes. Les équipes veulent une reconstruction, les artistes aussi. On en parle beaucoup", explique Jules Frutos.

Il y a un désir de Bataclan et de retrouvailles. Mais ce sera un long chemin de croix.

Jules Frutos

Le Monde

"La salle sera respectée, on ne va pas la détruire. Mais beaucoup de questions se posent. Quelle salle rouvrir ? Que faire du hall ? Quelle configuration ? Quelle couleur ? Quelle circulation ? Quels accès ? Quels artistes ?", poursuit-il.

Un concert d'hommage est une "mauvaise idée"

"Nous parlons aussi de tout cela avec les équipes de Lagardère, l’actionnaire majoritaire, qui souhaite la réouverture", abonde Olivier Poubelle. Selon lui, un réouverture pourrait intervenir "à la fin 2016". Du moins l'espèrent-ils "vivement".

Un concert hommage aux victimes a-t-il été envisagé ? "Le ministère de la Culture nous l’a proposé. On a répondu que c’était une mauvaise idée. Et pourquoi pas, tant qu’on y est, une retransmission sur une chaîne de service public ? Pour délivrer quel message ? Cela aurait accentué la mise en spectacle de ces attentats, qui est déjà assez forte comme ça", s'insurge Jules Frutos. Il martèle : "Le meilleur hommage à rendre aux victimes, c’est que les salles rouvrent, proposent de la musique, et que le public revienne." 

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