Ce que l'on sait de l'attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés samedi soir à Paris, et du suspect placé en garde à vue
Une attaque mortelle au cœur de la capitale. Une personne a été tuée et deux autres blessées par un assaillant armé d'un couteau et d'un marteau, samedi 2 décembre, au niveau du pont de Bir-Hakeim à Paris. Un suspect a été interpellé sur les lieux et placé en garde à vue. Dans sa vidéo de revendication, il a fait allégeance à l'Etat islamique. Trois membres de son entourage ont également été placés en garde à vue dimanche, a annoncé le Parquet national antiterroriste (Pnat), qui s'est saisi de l'enquête.
Le suspect, connu des renseignements, a passé quatre ans en prison pour un projet d'attaque en 2016. Il présente également des troubles psychiatriques. Voici ce que l'on sait des faits.
Un touriste allemand tué
"L'attaque s'est passée peu après 21 heures, entre le quai de Grenelle et Bir-Hakeim", un quartier très visité de Paris, proche de la tour Eiffel, a rapporté Gérald Darmanin, qui s'est rendu sur les lieux dans la nuit de samedi à dimanche. Près de la station de métro Bir-Hakeim, "l'assaillant s'en est pris à un couple de touristes", a poursuivi le ministre de l'Intérieur. "L'homme est décédé sous les coups de couteau", puis l'homme armé "s'en est pris à la femme de ce touriste", qui a eu la vie sauve "grâce à un chauffeur de taxi qui a vu la scène".
L'individu "s'est enfui", traversant le pont de Bir-Hakeim, décrit à franceinfo le maire du 15e arrondissement de Paris, Philippe Goujon. Là, il s'en est pris à deux autres passants avec un marteau, les blessant légèrement, "et il a été interpellé à ce moment-là par la police du 15e", explique l'élu. Une de ces deux victimes est blessée au niveau de l'œil, et l'autre est particulièrement "choquée", a affirmé Gérald Darmanin.
Le ministre de l'Intérieur a affirmé que l'homme tué était un touriste allemand. Une source proche de l'enquête affirme à France Télévisions qu'il possédait également la nationalité philippine. Les deux blessés sont eux "en bonne santé", a précisé le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, sur France 3 dimanche, qui évoque des "traumatismes superficiels mais évidemment des traumatismes psychologiques". Selon le parquet de Paris, un des blessés est un touriste anglais. L'autre est "un Français d'une soixantaine d'années", a précisé Gérald Darmanin.
Le suspect est un Français déjà condamné pour un projet d'attaque
Le suspect, réfugié dans un square, a été "maîtrisé au moyen d'un pistolet à impulsion électrique", a fait savoir le procureur antiterroriste Jean-François Ricard, lors d'une conférence de presse. Armand Rajabpour-Miyandoab, un Français né en 1997 de parents iraniens, fiché S, a été placé en garde à vue. Il avait été interpellé en 2016 pour un projet d'attaque à l'arme blanche dans le quartier d'affaires de La Défense, à Paris, selon une source policière à France Télévisions. Au printemps 2016, il avait aussi projeté de rejoindre l'Etat islamique en zone irako-syrienne, a ajouté Jean-François Ricard.
Il avait été condamné à une peine de cinq ans de prison, dont quatre ans ferme, qu'il a purgée entre 2016 et 2020. La justice avait établi à l'époque qu'il était en relation avec un des membres du groupe islamiste Forsane Alizza, Maximilien Thibaut, un jihadiste parti combattre dans les rangs du groupe Etat islamique, et aujourd'hui mort.
Il "échangeait sur les réseaux avec beaucoup d’islamistes radicaux", note la même source policière auprès de France Télévisions. Parmi eux, Larossi Abballa, auteur de l'attentat de Magnanville en 2016, et Adel Kermiche, abattu après le meurtre du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) la même année. "Ça ne veut pas dire qu’ils étaient proches", nuance la même source.
Selon les premiers éléments de l'enquête, l'assaillant a prononcé les mots "Allah akbar" lors de l'attaque. Après son arrestation, Armand Rajabpour-Miyandoab a déclaré aux policiers qu'il ne supportait plus "que des musulmans meurent tant en Afghanistan qu'en Palestine", et qu'il jugeait la France "complice de ce que faisait Israël" à Gaza, a rapporté Gérald Darmanin.
Depuis sa sortie de prison, les activités informatiques d'Armand Rajabpour-Miyandoab étaient suivies par la DGSI, selon une source policière à France Télévisions, mais elles n'étaient "pas inquiétantes ces derniers mois". Le ministre de l'Intérieur a ajouté qu'Armand Rajabpour-Miyandoab était également suivi pour des troubles psychiatriques très importants. Les autorités savaient qu'il avait arrêté en mars 2022 le traitement qui lui avait été prescrit, ajoute cette même source policière.
Le Parquet national antiterroriste s'est saisi de l'enquête
Le Parquet national antiterroriste a annoncé, samedi soir, avoir ouvert une enquête pour "assassinat" et "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste", ainsi que pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
La classe politique adresse ses condoléances et salue l'action des forces de l'ordre
Plusieurs personnalités politiques se sont exprimées sur X. Le président de la République Emmanuel Macron a adressé "toutes [ses] condoléances à la famille et aux proches du ressortissant allemand" et "pense avec émotion aux personnes actuellement blessées et prises en charge". "Nous ne céderons rien face au terrorisme", a assuré la Première ministre, Elisabeth Borne.
Des responsables politiques de droite ont salué le travail des policiers. "Je salue la réactivité des forces de l'ordre qui ont mis hors d'état de nuire l'assaillant", a déclaré Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. "Nos forces de l'ordre risquent chaque jour leur vie pour nous protéger. Immense reconnaissance", a écrit Eric Ciotti, président des Républicains.
Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a également remercié les forces de l'ordre "ayant rapidement stoppé ce soir l'auteur de ce qui est vraisemblablement une attaque meurtrière aux motivations islamistes". "Horreur. Horreur. Horreur", a réagi Clémentine Autain, députée de La France insoumise, qui a exprimé son "empathie totale pour les proches de la victime assassinée et des blessés."
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