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Policiers tués à Magnanville : un député s'interroge sur la "sincérité" de l'hommage des musulmans

A l'appel d'associations musulmanes, des milliers de personnes ont défilé, dimanche à Mantes-la-Jolie, en mémoire du couple. "Sincérité ou duplicité ?", s'interroge le député Les Républicains Guénhaël Huet sur Twitter. Il s'explique.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des personnes défilent en hommage aux policiers assassinés à Magnanville, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le 19 juin 2016. (ELIOT BLONDET / AFP)

"Mobilisons-nous contre la barbarie !", pouvait-on lire sur la bannière, en tête de cortège. A l'appel d'associations musulmanes, ils étaient plusieurs milliers, dimanche 19 juin, à marcher dans les rues de Mantes-la-Jolie (Yvelines), en hommage à Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing, les deux policiers assassinés à Magnanville par un terroriste lié au groupe Etat islamique.

"Sincérité ou duplicité ?", s'interroge sur Twitter le député Guénhaël Huet, élu Les Républicains de la Manche. "Je suis très content quand des personnes d'origine ou de confession musulmane manifestent contre les actes terroristes, explique-t-il à francetv info. Mais je me pose la question de savoir si tout le monde dans cette manifestation était vraiment sincère."

Une remarque qui a entraîné la désapprobation de nombreux internautes, dont son collègue Alexis Bachelay. "Un digne représentant de la République serait à leurs côtés au lieu de les stigmatiser", écrit le député socialiste des Hauts-de-Seine sur Twitter.

"C'est affligeant", répond l'un des organisateurs

Pour justifier cette sortie, Guénhaël Huet évoque le profil du meurtrier, Larossi Abballa. "Il s'était bien intégré dans la société, il était très policé, très gentil, très avenant et il a commis son acte, argumente-t-il. Est-ce qu'il n'y a pas, dans ces manifestations organisées par des personnes d'origine, de confession musulmane, des gens qui ont pour objectif d'endormir l'opinion publique de façon à ce que d'autres attentats puissent être commis ?"

"Ça ne mérite même pas de commentaire, c'est affligeant", répond Abdelaziz El Jaouhari, l'un des organisateurs de la marche de dimanche, interrogé par francetv info. "Ça explique, en partie, le niveau du débat politique qu'on a, poursuit l'homme, également président de la mosquée de Mantes-Sud et secrétaire général du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines. Un élu a pour vocation de chercher la concorde nationale."

"Croire que tout le monde est sincère, c'est de la naïveté"

"Un élu est aussi là pour poser des questions, pour – l'expression ne me semble pas trop forte – éveiller des consciences, rétorque Guénhaël Huet. Je n'ai pas de suspicion généralisée [envers les musulmans], j'ai posé une question, j'ai un mis un point d'interrogation à mon tweet. Si quelques imbéciles assimilent ça à du racisme, c'est mal me connaître. Je dis juste qu'il faut faire très attention. Croire que tout le monde est sincère, c'est de la naïveté."

"On avait déjà participé à tous les rassemblements précédents, explique de son côté Abdelaziz El Jaouhari. Mais nous ressentions un besoin fort des fidèles, des familles, de la communauté à s'exprimer sur le sujet. C'était une manière de porter une parole musulmane forte et sans aucune ambiguïté. La communauté musulmane n'a aucune responsabilité dans ces actes barbares, qui relèvent de la criminalité voire de la psychiatrie. Mais nous sentons le devoir et la responsabilité de dénoncer de manière ferme, et aussi de nous mobiliser contre ce phénomène qui est en train de miner la société."

"La communauté musulmane n'a pas la solution à elle seule"

Plutôt que les propos de Guénhaël Huet, Abdelaziz El Jaouhari préfère retenir "l'écho extrêmement positif de la marche", "les messages venus de la communauté mais aussi de l'extérieur". Pour lui, tout reste encore à faire. "Mais la communauté musulmane n'a pas à elle seule la solution, estime-t-il. On a besoin des services de l'Etat, des élus, des intellectuels pour endiguer ce phénomène [de radicalisation] dans notre société."

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