Procès de l'attentat de Magnanville : l'accusé Mohamed Lamine Aberouz condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans
Après un peu plus de huit heures de délibéré, la cour d'assises spéciale de Paris a livré son verdict. Mercredi 11 octobre, en fin d'après-midi, elle a condamné Mohamed Lamine Aberouz à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une peine de sûreté de 22 ans. Seul accusé de ce procès, il était jugé pour complicité dans l'assassinat, au nom du groupe Etat islamique, d'un couple de policiers, à leur domicile de Magnanville (Yvelines), le 13 juin 2016. Agé de 30 ans, il a été déclaré coupable de complicité d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique, complicité de séquestration de mineur et association de malfaiteurs terroriste criminelle. Des faits qu'il conteste : lors de ses derniers mots, prononcés mercredi matin, il a de nouveau clamé son innocence.
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La peine prononcée est conforme aux réquisitions des avocates générales, qui avaient réclamé, mardi matin, la peine maximale à l'encontre de l'accusé. Ce dernier s'est effondré dans le box à l'énoncé du verdict, accueilli dans un grand silence, devant une assistance composée de nombreux policiers. Il est resté de longues minutes assis, le front baissé, recroquevillé. "Il est abattu. On ne sait même pas ce qu’il aurait pu faire sur les lieux. A tous les égards, c'est une décision scandaleuse", a réagi l'un de ses avocats, Vincent Brengarth, à la fin de l'audience. Son confrère, Nino Arnaud, a annoncé que son client avait l'intention de faire appel.
Une trace ADN qui "établit sa présence" le soir de l'attentat
La question centrale était de savoir si Mohamed Lamine Aberouz se trouvait aux côtés du tueur Larossi Abballa, abattu la nuit des faits lors de l'assaut des policiers du Raid. C'est principalement en raison de la présence de son ADN sur le repose-poignet de l'ordinateur de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, le couple de fonctionnaires assassinés, qu'il était renvoyé devant la cour d'assises spéciale de Paris. "C'est une trace directe qui établit la présence de Mohamed Lamine Aberouz dans cette maison", a considéré la cour, composée de cinq magistrats professionnels et présidée par Christophe Petiteau, pour motiver sa décision. La cour a balayé l'hypothèse d'un transfert d'ADN, soutenue par la défense tout au long des débats. Lors de l'audience, les experts en génétique l'avaient jugée "peu probable", sans pouvoir toutefois l'exclure totalement.
"Il y a la place pour un complice dans cette scène de crime."
Christophe Petiteau, président de la cour d'assises spéciale de Parisdans ses motivations
La cour d'assises spéciale de Paris n'a pas non plus retenu l'alibi de l'accusé, qui affirmait être en train de prier le soir du 13 juin 2016. "S'agissant de son téléphone, le partage de son bornage aux Mureaux n'apparaît pas déterminant pour la manifestation de la vérité", a relevé le président Christophe Petiteau, qui a ajouté que "dans la salle de prière, personne ne l'a vu entre 18h30 et 21h45", au moment où Larossi Abballa a assassiné Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, avant de retenir en otage leur fils de 3 ans.
Les familles des victimes satisfaites
La cour a, en outre, pointé la "série de manœuvres" de Mohamed Lamine Aberouz "pour détruire les preuves qui auraient pu l'incriminer", en citant la suppression de son compte Telegram peu après l’attentat. En outre, au terme du procès, qui a duré deux semaines et demie, la cour "est arrivée à la conclusion que Mohamed Lamine Aberouz était totalement acquis à l'idéologie de l'Etat islamique".
"Ce soir, dans la lutte contre le terrorisme islamiste, avec cette peine de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, c'est, pour la famille de Jessica, mais aussi pour tous les citoyens français et pour leur police, un monde qui est un tout petit peu meilleur", a déclaré Thibault de Montbrial, avocat de la mère de Jessica Schneider, à l'issue du verdict. "J'ai fait confiance à la justice, elle a été rendue", a déclaré, satisfaite, sa cliente, devant les journalistes. De leur côté, les membres de la famille de Jean-Baptiste Salvaing ont souhaité s'exprimer dans un communiqué. Même si "de nombreuses questions demeurent", écrivent-ils, "désormais", ils aspirent "à retrouver du calme et de l'apaisement".
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