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Vidéo Procès de l'attentat de Magnanville : l'ancien ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve livre son témoignage exclusif

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Interview de Bernard Cazeneuve
Interview Bernard Cazeneuve - Procès de l'attentat de Magnanville Interview de Bernard Cazeneuve (FRANCEINFO)
Article rédigé par Audrey Goutard - Guillaume Legoff
France Télévisions
Bernard Cazeneuve a donné une interview inédite à franceinfo, au premier jour du procès de l'attentat de Magnanville, lundi 25 septembre. Le 13 juin 2016, il est ministre de l'Intérieur quand on lui apprend que deux fonctionnaires de police, Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing, viennent d'être assassinés.

"Place Beauvau, c'est un choc terrible ! Ce sont des représentants des forces de l'ordre, censés protéger les Français contre le crime terroriste, qui ont été assassinés chez eux !", se souvient Bernard Cazeneuve dans une interview diffusée lundi 25 septembre sur franceinfo canal 27. Celui qui était ministre de l'Intérieur au moment de l'assassinat de Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing témoignera au procès de l'attentat de Magnanville qui s'ouvre ce lundi. Toute la soirée du 13 juin 2016, depuis le QG de crise installé au ministère de l'Intérieur, il a suivi minute par minute la progression des troupes d'élite du Raid pour sauver l'enfant de 3 ans pris en otage par le terroriste Larossi Abballa.

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"Nous sommes face un individu qui savait parfaitement qu'en allant assassiner chez eux des policiers, il commettait un acte de nature à occasionner un choc considérable sur la société française", poursuit Bernard Cazeneuve. Le Raid intervient dans la soirée. Larossi Abballa est tué après avoir fait allégeance au groupe Etat islamique dans une vidéo.

Le couple assassiné laisse deux orphelins, le petit rescapé de 3 ans et un enfant de 10 ans, fils d'une première union de Jean-Baptiste Salvaing. "Avec les enfants, les grands-parents, la relation a été immédiatement de plain-pied. Tout nous poussait vers la tristesse, vers la colère et en même temps, il y avait une volonté commune de dépasser cet évènement pour faire en sorte que la haine ne l'emporte pas. Ces relations-là sont indestructibles", poursuit Bernard Cazeneuve.

"C'est pourquoi lorsque j'entends des leaders politiques dire 'la police tue' ou autre 'permis de tuer', vous imaginez bien ce que cela suscite en moi, compte tenu de tout ce que j'ai vécu durant cette période ."

Bernard Cazeneuve, ancien membre du gouvernement

sur franceinfo

Bernard Cazeneuve a vécu la grande vague d'attentats de plein fouet en tant que membre du gouvernement et Premier ministre. De par ses fonctions, il a été l'interlocuteur des victimes et des forces de l'ordre, le témoin "d'une succession de tragédies". Et cela laisse des traces : "On peut penser que ces évènements, quand ils se répètent, vous endurcissent et vous conduisent à être insensible à la souffrance des autres. C'est tout le contraire qui se produit : vous êtes infiniment plus humain !"

"Je suis sorti de cette épreuve plus distancié et en même temps moins prêt à faire des concessions sur l'essentiel", conclut Bernard Cazeneuve. L'ancien ministre a lancé en juin La Convention, un mouvement qu'il définit comme celui des "orphelins de la gauche".

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