Que sait-on des 17 islamistes présumés visés par un coup de filet ?
Leur garde à vue a été prolongée samedi. Selon Bernard Squarcini, le directeur central du renseignement intérieur, "ils semblaient préparer un enlèvement".
Les enquêteurs ont jusqu'à quatre jours pour les interroger. La garde à vue des dix-sept islamistes radicaux présumés, interpellés vendredi lors d'un coup de filet, a été prolongée samedi 31 mars. En matière de terrorisme, elle peut durer 96 heures. Que reproche-t-on à ces individus ? Qui sont-ils ? FTVi fait le point.
• Qu'est-ce qui a conduit à leur interpellation ?
"On bosse depuis octobre sur eux", a déclaré Bernard Squarcini, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) au quotidien marseillais La Provence. "C'est un vrai dossier, pas un coup", confirme dans Le Parisien une source judiciaire. Selon le quotidien, les policiers ont procédé à l'interpellation de ces individus sur une commission rogatoire en date du 8 mars dernier, délivrée par trois juges parisiens saisis le même jour d'une information judiciaire pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme".
Cette commission rogatoire faisait suite à la dissolution par le ministère de l'Intérieur, le 1er mars, du groupe salafiste radical Forsane Alizza ("Les Cavaliers de la fierté"). Ses membres étaient soupçonnés de préparer la lutte armée.
• Qui sont les 17 individus interpellés ?
Ils sont susceptibles d'appartenir à Forsane Alizza et vivent à différents endroits du territoire, en Ile-de-France, en région nantaise, dans l'agglomération lyonnaise, en Provence-Alpes-Côte d'Azur et à Toulouse. Pour l'instant, seuls deux de ces islamistes présumés ont été identifiés. Le premier est Mohamed Achamlane, leader du groupe. Interpellé à son domicile de Bouguenais, au sud-ouest de Nantes, cet homme de 34 ans à la longue barbe est décrit comme un prédicateur au discours virulent.
Autre personne connue parmi les interpellés, Willy Brigitte, un Guadeloupéen de 43 ans converti à l'islam. Il a été condamné en 2007 à neuf ans de prison ferme pour avoir notamment projeté de commettre un ou plusieurs attentats en Australie en 2003. Placé en détention provisoire cette année-là, il a été libéré en 2009 après avoir effectué les deux tiers de sûreté de sa peine.
• De quoi sont-ils soupçonnés exactement ?
Selon Bernard Squarcini, "ils semblaient préparer un enlèvement". "Ils continuaient à suivre un entraînement physique, dans les parcs, les bois, et recherchaient des armes", précise-t-il, évoquant "des séances collectives d'aguerrissement, avec un discours très violent, un endoctrinement religieux".
"C'est un groupe constitué d'une véritable dangerosité", qui cherchait à "se structurer de façon solide" et "voulait nommer des émirs dans chaque région", ajoute-t-il, évoquant un important butin découvert lors des perquisitions : "Beaucoup d'ordinateurs, des puces, de l'armement, de l'argent, 10 000 euros en petites coupures, quatre kalachnikovs, huit fusils, sept ou huit armes de poing, un Taser, des bombes lacrymogènes…"
"Sur le financement, on attend encore qu'ils s'expliquent", souligne Squarcini, rappelant que les avoirs de 26 membres de Forsane Alizza avaient été gelés au moment de la dissolution du groupe.
• Quelle est leur ligne de défense pour l'instant ?
Seul Mohamed Achamlane s'est exprimé, par le biais de son avocat. Il "réfute toute intention terroriste" et "conteste fermement avoir un quelconque lien avec Mohamed Merah", le tueur au scooter de Montauban et Toulouse, a fait savoir Benoît Poquet au quotidien Presse Océan.
En outre, Mohamed Achamlane "réfute tout amalgame et dénonce la tentative de récupération médiatique et politique, oportunément orchestrée en pleine période électorale". Il rejoint, sur ce point, une partie de l'opposition, qui a dénoncé la médiatisation de l'opération. L'ancien ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement a évoqué une "instrumentalisation" tandis que le Front national a fustigé "un coup de filet électoraliste".
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